Inquiétudes sur la stabilité régionale alors que le leader tchadien de longue date Deby est mis au repos

par pierre Dieme

Le Tchad enterrera vendredi le dirigeant vétéran Idriss Deby Itno alors que les inquiétudes s’intensifient sur la perte d’un pivot dans la lutte contre le djihadisme au Sahel et l’incertitude sur l’avenir démocratique du pays. Le président français Emmanuel Macron, ancienne puissance coloniale, assistera à la cérémonie avec une dizaine d’autres chefs d’Etat et de politique étrangère de l’UE Josep Borrell.

Les funérailles, avec les honneurs militaires, auront lieu dans la matinée sur la place principale de N’Djamena, La Place de la Nation.

La cérémonie sera suivie de prières à la Grande Mosquée de la capitale, après quoi Deby doit être déposé aux côtés de son père dans le village d’Amdjarass à côté de sa ville natale de Berdoba, à l’extrême est du pays désertique près de la frontière avec le Soudan.

Le Tchad,avec une force de combat respectée, est au cœur de la lutte occidentale contre les djihadistes au Sahel, où opèrent une myriade de groupes extrémistes islamistes.

La force antidjihadiste française Barkhane, forte de 5 100 hommes, a son siège à N’Djamena, capitale du pays, avec 16 millions d’habitants.

Le Tchad a été plongé dans la tourmente par la mort de Deby, qui a été annoncée mardi, juste après qu’il a été déclaré vainqueur d’une élection le 11 avril – lui donnant un sixième mandat après 30 ans à la barre.

La réélection de Deby n’a jamais été mise en doute, avec une opposition divisée, des appels au boycott et une campagne au cours de laquelle les manifestations ont été interdites ou dispersées.

L’armée a déclaré que Deby était mort lundi des suites de blessures subies alors qu’il menait des troupes dans la bataille contre les rebelles qui avaient lancé une incursion depuis la Libye voisine.

Le Front pour le changement et la concorde au Tchad (FACT) s’est engagé à poursuivre son offensive après une pause pour les funérailles de Deby, le porte-parole Kingabe Ogouzeimi de Tapol ayant déclaré à l’AFP que les rebelles étaient « en route pour N’Djamena ».

Lundi — le jour de la mort signalée de Deby — l’armée avait revendiqué une « grande victoire », affirmant avoir tué plus de 300 rebelles fact et capturé 150 autres, avec la perte de cinq soldats.

« Coup d’État institutionnel »

Pendant ce temps, les alliés du défunt dirigeant ont agi rapidement pour s’assurer que le pouvoir restait entre leurs mains, installant son fils Mahamat, 37 ans, dont le surnom est « Kaka », en tant que président et chef d’un conseil militaire de transition tout en dissolvant le Parlement et le gouvernement.

Après ce que l’opposition a appelé un « coup d’État institutionnel », la période de transition est censée durer 18 mois et conduire à des élections démocratiques, bien qu’elle puisse être prolongée une fois.

Deby est arrivé au pouvoir en 1990 et avait déjoué à deux reprises les tentatives de coups d’État avec le soutien de la France.

M. Macron, qui a rencontré le jeune Deby à son arrivée jeudi soir, est le seul chef d’Etat occidental à avoir annoncé son intention d’assister aux obsèques.

Parmi les autres chefs d’Etat figurent ceux de leurs voisins immédiats, le Mali, le Niger et le Burkina Faso, ainsi que Felix Tshisekedi de la République démocratique du Congo.

La présence de Macron suggère que la France donnera une forme d’appui à son fils successeur à un moment de turbulences, tout en fixant les paramètres d’une transition démocratique, selon les analystes.

Les funérailles présentent un défi majeur pour la sécurité, la junte étant sous la pression de l’opposition et des rebelles du FACT, ainsi que les luttes intestines.

Roland Marchal, du Centre international de recherche de l’école de Sciences-Po à Paris, a prévenu qu’une force d’élite toute-puissante, la DDGSSIE, dirigée par le jeune Mahamat Deby,  » risque de se diviser. »

France 24

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