Ils sont militants de la société civile, activistes ou membres de partis politiques : d’Aliou Sané à Guy-Marius Sagna, en passant par Cheikh Tidiane Dieye et, bien sûr, Ousmane Sonko, tour d’horizon des principales figures de la contestation
Alors que la rue s’est embrasée suite à l’arrestation d’Ousmane Sonko le 3 mars – remis en liberté le 8 mars sous contrôle judiciaire -, plusieurs partis d’opposition et organisations de la société civile se sont regroupés sous l’étendard du Mouvement de défense de la démocratie (M2D). L’organisation réclame le départ de Macky Sall et la poursuite de la mobilisation, avec un mot d’ordre : « fédérer toutes les résistances pour faire face aux pratiques autocratiques ».
Ousmane Sonko, Pastef
Son arrestation, suite à une plainte pour « viols et menaces de mort » déposée par l’employée d’un salon de massage dakarois, a déclenché les événements qui secouent actuellement le pays. Le leader du parti Pastef – Les Patriotes s’est fait une place sur le devant de la scène politique sénégalaise en incarnant la critique radicale du pouvoir et de l’impérialisme économique étranger. Cet ex-inspecteur des impôts, radié en août 2016 pour « manquement au devoir de réserve » après la publication d’un livre dénonçant des « anomalies » fiscales ou budgétaires supposées dans le fonctionnement de l’État, n’a depuis cessé de monter en puissance.
Depuis les législatives de 2017 où il avait glané un siège à l’Assemblée, Ousmane Sonko a gagné ses galons d’opposant : il avait récolté près de 16% des suffrages à l’élection présidentielle 2019. Seul opposant de poids encore en lice face à Macky Sall, il pourrait être rendu inéligible, comme le furent Karim Wade et Khalifa Sall avant lui, s’il est condamné pour les faits qui lui sont reprochés.
Yassine Fall, Déf Lila War
Cette économiste, qui a passé quinze ans au sein des Nations unies, est l’une des figures féminines les plus engagées de la scène politique sénégalaise. Elle est à la tête du mouvement Déf Lila War et avait tenté de soumettre sa candidature à l’élection présidentielle de 2019 avant d’être recalée lors de l’étape des parrainages. Yassine Fall dénonce des politiques économiques et sociales « anti-populaires et anti-nationales ». Comme Ousmane Sonko, elle plaide pour davantage de patriotisme économique et social.
Aliou Sané, Y’en a marre
Ce membre de la société civile est le coordonnateur du mouvement Y’en a marre depuis qu’il a succédé à Fadel Barro en 2019. Entré au sein du mouvement citoyen dès sa création, il fut successivement responsable de la communication, coordonnateur de projets puis secrétaire exécutif, avant d’en devenir le principal porte-voix. Depuis, on retrouve régulièrement ce journaliste de formation dans les cortèges de la Place de la Nation pour dénoncer, pêle-mêle, la mauvaise gouvernance, la corruption dans les attributions de marchés d’hydrocarbures ou encore le coût de la vie.
Guy Marius Sagna
Il est de toutes les manifestations et de tous les cortèges… quand il n’est pas en détention. De manifestation en manifestation, l’activiste s’est forgé une image de fauteur de troubles qui l’a mené de nombreuses fois en prison. Détenu une fois encore depuis le 22 février pour trouble à l’ordre public, Guy Marius Sagna dort actuellement en cellule.
Un temps coordonnateur du Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine (Frapp), le Casamançais en reste la figure principale.
Thiat et Kilifeu
Les deux rappeurs, réunis au sein du groupe Keur Gui, sont des membres fondateurs du mouvement citoyen Y’en a marre qui s’était opposé vigoureusement à un troisième mandat d’Abdoulaye Wade. Aujourd’hui, ils enchaînent les titres au vitriol visant Macky Sall.
Des textes dénonçant la corruption et la mauvaise gouvernance, et qui font souvent office d’hymne lors des manifestations au Sénégal. Au début de la contestation qui a suivi l’arrestation d’Ousmane Sonko, Thiat avait été arrêté pour sa participation aux manifestations. Il a depuis été libéré.
Cheikh Tidiane Dieye
Actuel coordonnateur du M2D, l’économiste est à la tête de la plateforme politique Avenir Sénégaal bi nu bëgg. Lors de la présidentielle de 2019, la plateforme avait rejoint la coalition Jotna, soutenant la candidature d’Ousmane Sonko.
On l’a souvent retrouvé aux côtés de l’opposition et de la société civile pour dénoncer les scandales de corruption dans les marchés du pétrole, du gaz, ou liés au prix de l’électricité au Sénégal. Sa coordinatrice-adjointe, Ndeye Fatou Ndiaye Blondin Diop, fut ministre dans un gouvernement d’Abdoulaye Wade. Elle est elle aussi une figure du Mouvement de défense de la démocratie.
Babacar Diop FDS
Jeune Afrique