Permission pour Habré : les Nations-Unies saisissent le Sénégal pour exprimer leur désaccord

par pierre Dieme

Les Nations Unies sont contre une éventuelle permission de six pour l’ex-président tchadien, Hissein Habré. Des rapporteurs sur la promotion de la vérité, de la justice, de la réparation et des garanties de non-répétition, sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, sur le droit à la santé et sur la torture, de l’organisation internationale, ont saisi le Sénégal, dans ce sens.

« Nos plus graves préoccupations quant à la libération temporaire de l’ancien président du Tchad, dans le contexte de la pandémie Covid-19, sans justification apparente de santé publique, en violation des normes internationales concernant la responsabilité des violations flagrantes des droits de l’homme. Nous soulignons que le maintien en détention de M. Habré est essentiel pour lui permettre de répondre à des graves crimes qu’il a commis et pour garantir l’accès des victimes à la justice et à la réparation, tout en assurant l’intégrité physique du détenu », motivent-ils, dans leur lettre.

Ce, au moment où le juge d’application des peines, saisi par les avocats de l’ex-homme fort de Ndjamena, examine leur requête portant sur une autorisation de sortie de prison de six mois.

Mes Ibrahima Diawara et François Serres ont motivé leur demande par l’état de santé de leur client, qui serait « préoccupant ». Entre autres arguments, ils ont souligné que l’ancien chef de l’État tchadien, « en raison de son âge et du temps froid qu’il fait dans son lieu de détention et de l’humidité, enchaîne grippe, rhume et angine. Cette situation met en exergue des risques patents qui s’il se voyait contaminé (par la Covid-19), comporteraient des risques considérables sur sa vie. »

Pour rappel, en juin 2020, l’ancien président tchadien condamné en appel à la prison à perpétuité en 2017, était retourné en prison, à Dakar, après l’expiration de son autorisation de sortie de soixante jours, délivré en raison de la pandémie de Covid-19.

« Les gens devraient plutôt se poser la question de savoir : est-ce que les victimes sont indemnisées depuis le procès ? On ne parle pas des victimes mais lorsque Habré a un rhume ou un malaise, on crie sur tous les toits », a fini de lancer aux médias du Tchad, le président de l’Association des victimes des crimes et répressions d’Hissein Habré, Clément Abaïfouta.

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