C’est avec des brassards rouges et un échange de coups de poings entre antagonistes, au milieu d’une population irritée, que le ministre des Pêches et de l’Economie maritime, Alioune Ndoye, a été accueilli au village traditionnel des pêcheurs de Cayar, dans le cadre d’une tournée dans les régions Centre du pays (Thiès, Fatick, Kaolack et Diourbel), du jeudi 08 au dimanche 11 avril 2021.
Après une rude bagarre qui a éclaté son accueil devant l’usine de fabrication d’huile et de farine de poisson de Cayar, première étape de sa tournée, le ministre des Pêches et de l’Economie maritime, Alioune Ndoye, a refusé catégoriquement que la presse l’accompagne sur le terrain à Mboro, Fass Boye et dans Cayar, où il devait rencontrer les acteurs du secteur de la pêche. Un refus que ses proches collaborateurs ont justifié par un « problème de logistique ».
A Thiès, M. Ndoye a visité le site devant abriter le marché central au poisson après s’être rendu aux travaux du chantier de construction des Fours FTT sur l’aire de transformation de Cayar, à l’unité de transformation agréée de Fass Boye. Les populations, qui ont reçu avec des brassards rouges le ministre des Pêches et de l’Economie maritime, contestent l’implantation à Cayar de l’usine de fabrication de farine de poisson.
Devant Alioune Ndoye, certains parmi les contestataires en sont même venus aux mains avec la sécurité de ladite entreprise. A les en croire, « autoriser l’implantation de cette fabrique espagnole de e farine et d’huile de poisson du nom de Barna/Sénégal à Cayar équivaudrait à un ‘’suicide collectif’’ organisé par les autorités compétentes ». Dans ce village traditionnel des pêcheurs, les gens dénoncent la dégradation de l’environnement due aux effets néfastes de cette entreprise d’un promoteur étranger qui a engagé, par le biais d’un partenaire sénégalais, la mise en œuvre du projet avec un investissement de 7 milliards de FCFA. Cet homme d’affaires espagnol, conscient des « conséquences désastreuses sur l’environnement et la santé des populations », avait promis de construire un hôpital avant de démarrer ses activités.
Selon les populations « l’implantation à Cayar d’une telle usine constitue une réelle menace pour notre santé, pour l’environnement et les activités économiques des femmes transformatrices ». En plus de « l’impact très négatif sur l’environnement, avec à la clé la réduction drastique de l’espérance de vie », les contestataires soulignent que « c’est un paradoxe de voir l’installation de cette usine, un facteur de raréfaction des ressources, au moment où l’Etat prend différentes initiatives pour améliorer les quais de pêche, les sites de transformation. De ce point de vue, cette démarche salutaire de l’Etat risque d’être vaine ».
A les en croire toujours, « le site d’implantation est une zone lotie avec 1.134 parcelles à usage d’habitation, d’où une réelle menace sur la santé de milliers de gens. Sur le plan purement économique, avec cette usine, il est clair que les activités de toutes les femmes transformatrices de Cayar, qui font vivre beaucoup de familles d’ici et d’ailleurs, vont à jamais disparaître, ce qui va occasionner une déchirure sociale. L’implantation de cette usine de fabrication de farine de poisson impacte la gestion des ressources halieutiques, au détriment des générations futures. Le premier danger de l’usine est la nuisance olfactive. Il s’y ajoute qu’elle peut mettre en danger la sécurité alimentaire et la pérennité des métiers des femmes transformatrices », rapporte le correspondant du journal Le Témoin à Thiès.
Pressafrik