Malicounda : le maire Maguette Sène sur la sellette

par pierre Dieme

Ce n’est plus le grand amour entre le maire de la commune de Malicounda, Maguette Sène, et les populations de la zone Nord de la commune. Ces dernières veulent se séparer de la zone Sud dont est originaire l’édile et exigent un redécoupage administratif de la commune. Elles ont organisé une marche qui a finalement avorté, en attendant les négociations promises avec le magistrat de la commune.
Des centaines de personnes s’étaient donné rendez-vous, ce lundi, devant l’Hôtel de ville de la commune de Malicounda, pour marcher pour une même cause : la communalisation de la zone Nord de Malicounda. Malicounda est, en effet, une commune dont le découpage administratif est plus ou moins compliqué, du fait que les deux parties de la commune sont séparées par la commune de Mbour qui divise Malicounda en deux zones.
Dans la zone Nord, se trouvent le village éponyme composé de plusieurs hameaux, selon les ethnies qui y vivent, et le siège de l’hôtel de ville, alors que dans la partie Sud, nous retrouvons des villages touristiques comme Nianing, Warang, Pointe Sarène et Mbaling, village d’origine du maire. Cette séparation n’est pas du goût des populations de la zone Nord qui trouvent inconcevable cette situation. De ce fait, elles ont organisé une marche pour s’insurger contre ce découpage qu’elles demandent de corriger.
‘’Le combat principal, c’est qu’au moment où ils feront le découpage, que la zone Sud soit communalisée. Et ce débat continuera tant que le président de la République n’y apportera pas de solution’’, souligne Mohamed Ndiaye, représentant des Guélwars de Malicounda. Dans le même cadre, El Hadj Thioune, le vice-président et responsable des jeunes Guélwars, estime nécessaire ‘’la communalisation de la zone Nord et de la zone Sud, parce qu’on ne peut pas consacrer un homme qui quitte Nianing, en passant par Mbour, pour venir jusqu’à Malicounda. C’est une chose extrêmement grave. C’est pourquoi nous revendiquons la clarification de ces deux zones’’.
Ils ont profité de cette occasion pour déposer une plateforme revendicative de 10 points sur la table du maire qui, selon nos sources, aurait accepté de négocier avec eux, à la demande de certains responsables de la commune. Parmi ces revendications, figure en pole position la problématique des lotissements et les 40 % des terres qui reviennent de facto à la municipalité dans chaque lotissement. ‘’Nous voulons savoir si ces 40 % sont un décret ou une loi. Ils ont répondu, à ce sujet, qu’ils vont réfléchir pour que les 20 % reviennent à la population, car 40 %, c’est trop. Pour un lotissement de 100 parcelles par exemple, ils vont prendre les 40 parcelles’’, dénonce Mohamed Ndiaye.
El Hadj Thioune de préciser : ‘’Si tu as 100 terrains, la mairie prend les 40 et te laisse avec 60. Ça, c’est beaucoup. Et après, tu paies 27 000 F pour chaque terrain ; ça te coûte presque 1 727 000 F. C’est beaucoup. Nous voulons aussi des clarifications’’, exige-t-il.
En outre, les jeunes déplorent l’attitude du maire Maguette Sène, par ailleurs Directeur général du Centre des Œuvres universitaires de Dakar (Coud) qui, selon elles, a une attitude ségrégationniste sur les recrutements qu’il fait au profit de la jeunesse de la commune. ‘’Le point le plus sensible, c’est le recrutement de la jeunesse, car le maire, dans ses recrutements, favorise la zone Sud où il habite. On a vu qu’il a pris 360 jeunes à qui il a donné des bureaux climatisés et tout, des voitures. Mais ici (dans la zone Nord), il ne recrute que des gardiens. Ça, nous le déplorons’’, fustige le vice-président des jeunes Guélwars de Malicounda.
Pour sa part, Abdou Faye, habitant et notable de Keur Meïssa, a promis de mener une médiation pour que l’entente revienne entre l’édile et les populations. ‘’Nous allons rencontrer le responsable chef pour trouver un terrain d’entente’’, a promis l’ancien responsable du mouvement navétane. Pour les jeunes qui ont accepté cette demande de négociation, un délai de rigueur de cinq jours est accordé pour avoir une réponse claire sur les 10 points déposés sur la table du magistrat de la commune.
‘’Notre oncle Abdou Faye nous a appelés et nous a dit que les autorités l’ont saisi pour qu’il y ait des négociations. Donc, nous accordons un délai de cinq jours. S’il ne réagit pas, on va descendre sur le terrain comme nous le faisons. Nous resterons au front. Et chaque jour, nous nous battrons et le combat continuera, tant qu’il ne respectera pas sa parole’’, ont promis les jeunes Guélwars.
IDRISSA AMINATA NIANG
(ENQUÊTE)

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