Le jeûne est aujourd’hui observé par toute la Oummah islamique à travers le monde entier. Les atermoiements sur la lune étant dépassés, tout le monde observe cette obligation religieuse. Tout le monde ou presque…
Mais, si beaucoup s’y engagent avec ferveur pour bénéficier de nombreux bienfaits en termes de rétribution divine, selon le Saint Coran, d’autres le font presque par suivisme, pour ne pas déplaire, pour ne pas se mettre à dos toute sa communauté.
Ces jeûneurs ‘’forcés’’ s’observent dans de nombreux milieux. Certains parmi eux n’hésitent pas à prétexter une maladie quelconque comme l’ulcère pour ne pas jeûner.
D’autres, surtout au bout de quelques jours de privation, mangent en cachette dans des restaurants encore ouverts étant entendu qu’à Dakar beaucoup sont fermés ou profitent de l’occasion pour entamer des travaux.
Bien sûr, ces branleurs ne courent pas les rues. Ils préfèrent cacher leur jeu sous le visage d’un vrai dévot engagé dans une nouvelle ferveur religieuse. Des tartuffes qui trompent leur monde.
Toutefois, ce qui est dommage, c’est que le jeûne est souvent prétexte à ne rien faire ou presque.
Beaucoup, hommes ou femmes, ont trouvé l’astuce de fonctionner la nuit et de dormir le jour. Comme ça, ils sont sûrs de conserver leurs habitudes surtout alimentaires et de sacrifier en même temps à la tradition du jeûne. Faire d’une pierre deux coups.
Car, se réveiller à 18 heures ou même plus tard, ce n’est guère recommandé.
A côté de ces téméraires, existent une race d’autres types de fainéants qui certes observent le jeûne et travaillent, mais se débrouillent pour rentrer tôt, font peu d’effort, trichent sur le travail à faire, dorment au boulot, etc.
Et ces derniers sont nombreux. Parce qu’ils jeûnent, ils se croient tout permis. Ils pensent acquérir une sorte de permis de paresse, sont moins concentrés, arrivent en retard et sont donc peu productifs.
Pis, leurs modes de vie changent. Ils deviennent exigeants, grincheux, hâbleurs et passent leur temps à jacter.
Il y a aussi ceux qui n’hésitent pas à cracher à tout bout de champ, à porter un chapelet en public, à changer de tenue vestimentaire et surtout d’habitudes alimentaires.
On mange trop gras, trop sucré et en abondance souvent pour rattraper le temps ‘’perdu’’ dans la journée.
Bien sûr, il ne s’agit ici plus de laxisme que de déviationnisme. Les enseignements religieux sont clairs à ce propos : le jeûne ne doit pas pousser à changer les habitudes au travail, à la maison et surtout à se métamorphoser, en mal. Et cela, beaucoup s’y conforment.
Mais, d’autres n’en ont cure. Pour eux, la religion est moins une affaire de foi que de coutume, de tradition.
Il est important alors que les entreprises publiques ou privées n’inscrivent dans de nouvelles formes de management de leurs ressources humaines surtout en ses temps de jeûne.
Parallèlement, il faudra contrôler et sévir s’il le faut. Car, le jeûne n’est pas la panacée pour verser dans une forme d’immunité par rapport à certaines attitudes dont leur généralisation pourrait mettre l’économie à terre.
‘’Le mois de Ramadan est le mois au cours duquel le Coran a été descendu comme guide pour les gens, et preuves claires de la bonne direction et du discernement. Donc quiconque d’entre vous est présent en ce mois, qu’il jeûne! Et quiconque est malade ou en voyage, alors qu’il jeûne un nombre égal d’autres jours’’ nous enseigne la Sourate La Vache.
Cette recommandation divine voit le jour la même année que la bataille de Badr, celle où les musulmans, en petit nombre, vainquirent l’armée des mécréants.
Cet exemple de bravoure mais surtout de miséricorde divine pour ceux qui sont engagés dans les dures batailles de la vie doivent être médités par tous les jeûneurs.
Ce mois ne doit pas être celui du manque à gagner pour l’économie nationale. Il doit être celui du renforcement des engagements des fidèles sur le droit chemin, celui du travail bien fait et du sacrifice de soi au bénéfice de sa Nation.
En cela la foi rejoint le temporel pour lui servir de rampe de lancement dans un pays où on parle beaucoup, aujourd’hui, de relance des politiques d’emploi au bénéfice des jeunes.
Assane Samb