UE : La compromission historique Par Adama Gaye*

par pierre Dieme

Le fautif a un visage: Charles Michel, Président du Conseil de l’Europe, qui a fait d’un tueur l’hôte de marque de l’Union Européenne (UE).
Y inviter Macky Sall est une bévue. Une faute de mauvais goût. C’est une indécente contradiction qui projette sur les murs de l’une des grandes institutions du Vieux continent, pour les souiller, le sang des jeunes sénégalais que le Boucher de Dakar a fait couler, il y a à peine un mois, quand, avec ses forces d’insécurité, d’injustice et de désordre, il a tué froidement, en faisant tirer sur des foules juvéniles qui s’opposaient à son régime aux abois.
Ehm, ehm, ehm, Charles, as-tu déjà oublié l’onomatopée de la honte devenue virale, voici peu, lorsque, devant le Président Turc, Recep Tayep Erdogan, tu suscitais ce cri du cœur de la Présidente de la Commission de l’Union Européenne, Ursula Von Der Leyden ?
Le masochiste auto-proclamé sultan Turc, héritier de Suleyman-le-magnifique, s’était arrangé pour te mettre protocolairement sur une chaise à ton avantage pour mieux diminuer le statut de ta consoeur, pourtant de même grade que le tien, dans une volonté d’écraser une…femme.
Ehm, Ehm, Ehm, ne cesse-t-on, depuis, d’éructer dans les couloirs des institutions et de la presse Européenne.
Ehm étant devenu l’interjection pour exprimer en Europe un étonnement voire une ptotestation, permets que je dise un bruyant EHM à ta bourde de faire de Macky Sall l’hôte du Conseil de l’Europe.
Ne sais-tu pas tout le mal, les crimes, qu’il a fait dernièrement ? Tu seras la risée planétaire si tu oses l’ignorer. Les télévisions du monde entier ont montré ad nauseam les conséquences meurtrières et sanglantes des frasques qu’il a commanditées.
Non, ne dis-pas aux Sénégalais que tu n’as pas vu l’image de ce jeune garçon, tenant un drapeau de son pays, dans une posture citoyenne, innocente, désarmée, se faire tirer une balle dans le crâne, assassiner, par la milice privée du charmant hôte de l’UE ?
Son exécution de sang-froid, en plein-jour, par les cerbères de cette milice privée répondant au doux nom de «marrons du feu » s’ajoute aux multiples crimes crapuleux que ces forces paramilitaires ont commis de concert avec les milices d’Etat que sont devenues celles de défense et de sécurité du Sénégal.
Elles aussi sont instrumentalisées par le destructeur de valeurs démocratiques, l’assassin Macky Sall….
Quinze jeunes sénégalais, à la fleur de l’âge, sont morts dans des conditions atroces, au terme de trois jours de révoltes populaires contre la mal-gouvernance, les abus de droits, les pillages, les détournements des deniers publics du pays, mais aussi des fonds de l’Union Européenne, bref victimes de leur refus de voir le Sénégal n’avoir plus comme destin que cet horizon d’Etat-voyou qu’il est devenu sous le genou de ton invité…
Monsieur Michel, je te dis Ehm. Ehm parce que tu t’inscris à rebours de ce que doit être l’UE. Quiconque étudie sa marche récente sait qu’elle rêve de bâtir sa compétence distinctive en se posant en productrice de normes, dans le souci de se différencier des autres grands compétiteurs géopolitiques du 21ème siècle qu’elle affronte, en particulier les USA, la Chine et la Russie.
Ce n’est pas un hasard si la Présidente de sa Commission, l’Allemande Ursula Van Der Leyden dit qu’elle sera une commission géopolitique, autrement dit qu’elle la sort du corset économique, qui réduisait l’Europe à une terre de paix, de prospérité et de progrès. Un vaste marché.
Née aux alentours de 1951 avec l’instauration de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), optimisation des ressources énergétiques de ses six membres fondateurs dans le souci d’éliminer les causes et carburants des guerres qu’elle a connues, elle s’est rapidement muée lors de son Traité fondateur de Mars 1957, le Traité de Rome, en grand rêve économique.
Ses pères fondateurs, d’abord les penseurs Robert Schumann, Alcide Galtieri et Jean Monnet, les plus en pointe, puis les politiques, en particulier l’Allemand Adenauer, avaient une vision.
Malgré les contraintes de la guerre froide, l’Europe devenait progressivement non seulement le plus grand marché économique mais, sous le parapluie militaire américain à travers l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan) créée en 1949, avait su se poser en modèle d’intégration économique et d’harmonie entre des Etats Westphaliens avançant sur la voie de la coopération en se détournant de la compétition qui les mettaient naguère face à face.
Aujourd’hui l’Europe veut être la force d’attraction et cela se traduit par la réussite de son élargissement jusqu’à inclure 27 Etats membres –avec la sortie, le Brexit, du 28ème, la Grande Bretagne du fait de la montée des nouveaux populismes depuis la crise financière de 2008-2009.
Si l’élargissement de l’Europe repose sur le respect de normes clairement édictées d’adhésion aux droits de l’homme, de libertés et de pratiques démocratiques, comment peut-elle alors se permettre d’inviter un criminel aux mains aussi tâchées de sang, un corrompu dont les traces se retrouvent dans tous les deals sulfureux et mafieux, un négationniste de ses engagements électorales ? C’est ce que Charles Michel, ehm, goddam ehm, a fait.
L’Europe rêve grand. Elle veut une autonomie stratégique, dit Mme Merkel, une autonomie souveraine, réplique Emmanuel Macron. Délaissée par l’Amérique de Trump, incertaine du sort que lui réserve la nouvelle administration américaine de Joe Biden, tournée vers l’Asie, contrainte de consacrer 2 pour cent de son budget pour construire sa propre défense, menacée à son flanc Sud par les migrations et les instabilités dans la Méditerranée, les pulsions Moyen-Orientales et les rêves Ottomanesques d’Erdogan, et contenue à son flanc Est par une Russie vengeresse qui sème le trouble de l’Ukraine à la Biélorussie, elle a fort à faire.
Si elle veut garder la crédibilité sur son cœur de métier, à savoir la production de normes qualitatives, autant elle snobe ses moutons noirs tels le Hongrois Victor Orban et ses semblables extrémistes Polonais, d’une droite anti-démocratique qui fait un pied-de-nez à l’Europe, autant davantage devrait-elle ériger des barrières à son entrée à des visiteurs souverains, du genre de Macky Sall, qui ne remplissent pas ses critères.
Charles Michel, ehm, quelle dégradante compromission que cette invitation qui s’inscrit en faux contre les acquis communautaires de l’Union et ses règles d’admission.
Pouah, en plus, car tu dois réaliser que tu as du sang qui coule entre tes doigts après avoir fait copain-copain avec le boucher de Dakar.
As-tu du gel anti-sang ? Il t’en faudra après avoir serré la main de Macky Sall.
L’Union Européenne s’est compromise. Les traces de sang sur ses murs laissées par son hôte se passent de commentaires. La honte.
Ehm, peut-elle prétendre être le norms-setter, la gardienne des valeurs supérieures, la source d’inspiration, qui justifie sa place, en tant que creuset du pouvoir de séduction, le soft-power, dans un monde où son hard-power ne pèse pas lourd.
En recevant Macky Sall, un corrompu et criminel, l’Europe s’est suicidée.
Adama Gaye*, ancien prisonnier illégalement détenu par le régime de Macky Sall est un exilé politique Sénégalais. Je dis NON à cette invitation de Macky Sall par l’Union Européenne.

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