Lâché par ses compagnons de la première heure : Quels choix politiques pour Idy?

par pierre Dieme

Un pincement au cœur chez les uns, un sentiment de satisfaction chez les autres quand l’information a été relayée par le porte-parole du gouvernement Seydou Guèye annonçant Idrissa Seck à la tête du conseil économique social et environnemental. La surprise fut totale! Mais le leader de Rewmi est resté dans ses bottes, justifiant cette décision en ces termes : « Face aux défis auxquels notre pays est confronté, nous avons décidé de répondre positivement à l’appel du chef de l’État. Nous devons également consolider la paix et la stabilité là où les conflits politiques ont déchiré la stabilité politique ». Cette ‘excuse’ n’a probablement pas convaincu un bon nombre de ceux qui étaient à ses côtés.

Il faut rappeler que déjà certains de ses anciens lieutenants avaient tout simplement préféré quitter pour des convenances personnelles ou encore, pour des raisons politiques. On remarquera Abdourahmane Diouf qui avait décidé de quitter en Avril 2019, le « poste de porte-parole, de coordonnateur de la cellule des Cadres, de co-responsable de la commission de collecte de Fonds et responsable du département de Rufisque », comme il l’avait clairement écrit dans sa lettre de démission. Un poids politique important qui a quitté au moment où les élections présidentielles venaient d’être en faveur du candidat Macky Sall. Le Dr Abdourahmane Diouf était un élément essentiel dans la redynamisation du parti mais surtout, il était le plus fréquent et visible au niveau des plateaux télé pour porter la voix du Rewmi.

Thierno Bocoum, tournant définitivement la page de son compagnonnage de plusieurs années avec Idrissa Seck, a lancé l’Alliance générationnelle pour les intérêts de la République (Agir). Un mouvement politique mise en place en décembre 2017 pour s’opposer à Macky Sall et à son régime. Cette nouvelle posture de Thierno Bocoum ne l’empêcha pas de s’allier à son ancien mentor pour faire tomber le régime de Macky Sall. « Nous sommes à l’heure du choix… Le 24 février 2019, jour de l’élection présidentielle, chacun de nous devra exprimer un choix en toute conscience et contribuer à la nécessité d’élire un nouveau Président de la république », avait ainsi exprimé le leader du mouvement AGIR pour faire savoir qu’il soutiendra Idy.

Le député Déthié Fall et par ailleurs ex N° 2 du parti a encore marqué sa position parlementaire. Mais cette fois-ci, el le ne sera pas sans conséquence. Suite à une réunion du secrétariat national élargi aux conseils départementaux du parti Rewmi, Déthié a été finalement démis de son poste de N°2 du parti. Le prétexte aura été cette apostrophe en direction du ministre de l’agriculture : « Vous avez une partie de la solution entre vos mains, M. le ministre, mais cela nécessite que la vision du chef de l’État quitte Diamniadio pour rejoindre la Vallée du fleuve Sénégal, pour rejoindre les terres de l’Anambé, et les 150 000 hectares qui peuvent également être utilisés », a lancé celui qui a déjà fait 16 ans auprès de son mentor. Ainsi, après Thierno Bocoum et Abdourahmane Diouf, Déthié Fall se démarque et crée son parti (Parti républicain pour le progrès/ Disso ak Askan Wi). Encore un nouveau lieutenant qui quitte le navire qui est visiblement affaibli par ces démissions tous azimuts.

Un autre parmi les anciens lieutenants de ‘Ndamal Kadior’, va encore prendre le large, en l’occurrence, Badara Gadiaga. En effet, c’est après une mûre réflexion que l’ex membre du Secrétariat National et de la Cellule de communication du Parti Rewmi, a annoncé dans un communiqué rendu public, sa démission : « Après 16 ans de compagnonnage empreint de joie, de peine, de succès, d’échecs, de hauts et de bas, je vous informe par ce présent communiqué de ma décision de démissionner du parti Rewmi et donc de me décharger de toutes les responsabilités y afférentes. Cette décision quoique difficile et probablement inattendue pour certains, est le fruit d’une mûre et sérieuse réflexion »,  explique le conseiller municipal à la mairie de Grand-Dakar.

Par ailleurs, d’autres responsables politiques à l’image du docteur Aziz Mbodj ont également présenté leurs démissions au secrétaire général du parti Rewmi pour des raisons personnelles.  Il était le coordinateur communal de Rewmi à Ndiédieng (département de Kaolack) et en même temps responsable juridique de la Task Force Élection dudit parti. De même que l’ex Délégué à la Transformation sociale (Bureau CECAR) et ex membre de la Délégation en charge de l’Enseignement Supérieur et de la Vie Universitaire (Bureau CECAR) qui s’est dernièrement déchargé de toutes responsabilités politiques au sein de Rewmi.
Avec cette nouvelle configuration politique qui a été surtout déclenchée par les récentes émeutes, ces démissionnaires ont certainement des perspectives nouvelles. Cela ne veut guère expliquer que le Rewmi, 2ème à la dernière présidentielle, ne va pas dynamiser ses troupes. Il faut préciser que Yankhoba Diattara, chargé de la vie politique à Rewmi, lui est resté fidèle. D’ailleurs, au dernier remaniement il a été nommé au poste de ministre des télécommunications et de l’économie numérique, de même que le ministre de l’élevage, Aly Saleh Diop.

Ce qui est clair, c’est que le président du Conseil économique, social et environnemental n’a pas encore donné d’orientation relative au futur de son parti, préférant se concentrer comme il l’avait souligné, sur les défis auxquels le Sénégal fait face dans un contexte à la fois sanitaire et sécuritaire complexe.

Dakaractu

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