Ngadiaga, localité située dans la commune de Notto Gouye Diama, dans le département de Tivaouane est convoitée pour son gaz naturel. Depuis l’exploitation de cette ressource rare, les populations vivent dans des conditions difficiles. C’est l’objet du « Forum populaire » organisé par le Forum civil, section Transparency International, pour aider les populations de Ngadiaga à sortir de l’ornière.
Gallo Mbaye, représentant du chef de village exige de Forteza le recrutement des jeunes du village. « Nous savons tous ce qui se passe sur nos terres, nous voudrions que l’on nous aide. On a réclamé partout pour qu’on laisse nos terres. Ils ont pris les terres pour y mettre des puits de gaz. Cela fait maintenant 20 ans qu’ils exploitent au niveau de nos terres. Aujourd’hui, ils veulent occuper le village que l’on habite parce que le grand puits à gaz s’y trouve. Ça devient grave. On est cerné par les puits de gaz. Presque tous les habitants du village sont malades. Tout le monde tousse. Tout ça à cause du gaz », a-t-il pesté.
« Les usines sont présentes mais nos jeunes n’y sont pas employés »
Avant d’interpeller le chef de l’Etat: « Le Président Macky Sall connaît parfaitement Ngadiaga. Il a travaillé ici en tant qu’ingénieur avant qu’il ne collabore avec l’ancien Président Abdoulaye Wade. Comme il connaît Ngadiaga, nous voulons qu’il nous vienne en aide. On est là, ils ont pris nos terres, on n’a pas où travailler. Les usines sont présentes, mais les jeunes n’y trouvent pas d’emplois. Les habitants de ce village ne travaillent même pas dans ces usines. Ils ont accaparé nos terres pour qu’ils prennent au moins les jeunes dans les usines. C’est tout ce que nous demandons ».
« Je gagnais 700 mille avec les terres, ils m’ont appelé un beau jour pour me les prendre en invoquant la loi sur le Domaine national »
Pour Mbaye Gadiaga, leurs terres sont récupérées de manière impunie, il réclame l’indemnisation. « On vit dans des conditions difficiles depuis longtemps. L’usine impacte les habitants de ce village. Je suis le plus impacté dans ce village. J’ai hérité une terre de mon père, que je partage avec mes deux frères. C’était un terrain nu, sans plantations. J’ai investi sur ce terrain en y plantant des mangues. Ces plantations me rapportaient beaucoup, j’y ai fait d’énormes sacrifices, je gagnais jusqu’à 700 mille. Un bon jour, ils m’ont appelé pour m’informer de leur commun vouloir de prendre mon terrain en invoquant la loi sur le domaine national. Il faut que l’Etat revoit cette loi. Celle-ci est source de plusieurs conflits », dit-il.
Et d’ajouter: « Qu’ils nous remettent nos terres ou nous indemnisent. Nous les habitants de Ngadiaga, nous n’avons reçu aucune indemnisation. Forteza ne respecte pas les règles signées avec Petrosen. L’environnement est pollué, toutes nos terres sont polluées à cause de l’exploitation du gaz. Nous vivons au Sénégal, qu’ils respectent les accords signés avec l’Etat du Sénégal ».
« Il y a 15 puits de gaz exploités ici, mais quand vous voyez Ngadiaga, vous avez mal »
Dans la même foulée, le représentant des jeunes habitants de Ngadiaga, Abdou Karim Mbengue réclament l’intégration des jeunes au niveau des usines.
« Les habitants de Ngadiaga sont en danger permanent. Il y a 15 puits de gaz, tous les quatorze fonctionnent, c’est un seul puits qui ne fonctionne pas. Ils transportent nos milliards tous les jours grâce à l’exploitation du gaz mais quand vous voyez Ngadiaga vous avez mal. Il n’y a aucun jeune qui travaille dans les usines. Les jeunes de Ngadiaga ont des qualifications, on y trouve des chauffeurs, mécaniciens, électriciens. Nous demandons plus d’équité sociale, à savoir le minimum. Poste de santé, des forages hydrauliques, le réseau électrique. C’est ce que nous demandons », a indiqué le représentant des jeunes de Ngadiaga.
Birahim Seck, coordonnateur du Forum civil, exige Forteza à respecter les Responsabilités Sociétales d’entreprises.
» Ils n’ont pas le droit de laisser tomber leurs fils, de laisser piétiner les fils et filles de Ngadiaga par une entreprise qui s’appelle Forteza. Forteza est dans une obligation de respecter tous les engagements qu’il avait à prendre. Forteza doit être appelé à la raison pour respecter ces Responsabilités Sociétales d’Entreprises (RSE). Il est inconcevable que dans un terroir comme Ngadiaga 15 puits y gisent, 15 puits y sont exploités et que les populations n’arrivent pas à avoir les besoins essentiels : l’eau, l’électricité, les infrastructures sanitaires, éducatives. Il est inconcevable que cela perdure », a déploré Monsieur Seck.
Qui poursuit: « L’Etat doit impérativement appeler Forteza et les populations pour que cette entreprise respecte ses Responsabilités Sociétales d’Entreprises. Il est impératif que l’État fasse appel à Forteza pour que les fonds qu’il doit aux collectivités territoriales soient libérés de la façon la plus rapide possible parce que les populations de Ngadiaga en ont vivement besoin »
15 puits de gaz exploités et des milliards tirés à Ngadiaga sous le nez de pauvres populations: Forteza acculé
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