Report des locales : Non-alignés et opposition fustigent les manigances de l’Etat

par pierre Dieme

Alors que les élections locales étaient prévues pour le 28 mars, l’Etat du Sénégal a pris une décision, lors du Conseil des ministres du mercredi 24 mars, de reporter les élections en 2022. Une décision que n’agréent pas les acteurs politiques de l’opposition pour qui il y a des non-dits du pouvoir dans ce report.

Abdoul Aziz Paye, plénipotentiaire du pôle des Non-alignés est très ferme dans ses propos pour ce qui est du report : « Concernant ce point, ce n’est pas le cas parce l’Etat a pris sur lui de reporter les élections à la fin du mois de mars alors que nous sommes le 25 aujourd’hui. Matériellement, sentant que l’Etat ne peut pas organiser ces élections, les gens sont obligés de référer au report à une date ultérieure. Ce qui ne devrait pas se faire ainsi, parce que ça demande un consensus de tous les acteurs politiques pour que l’on puisse décider ensemble de la période où devraient être organisées ces élections ».

Par rapport à cette donne, poursuit-il, « notre position est très claire, parce que rien ne nous empêche d’organiser ces élections sur l’année 2021. La preuve, la Direction Générale des Elections (DGE) a même proposé un chronogramme sur 11 mois qui a été amendé ». C’est dire, selon lui, que la DGE était d’avis que cela pouvait se faire parce que les conditions étaient réunies. « Nous estimons que s’ils avaient commencé l’évaluation au moment opportun puisque tous les éléments étaient réunis pour le faire, on n’en serait pas là aujourd’hui. Ainsi, à partir du moment où l’Etat n’a pas pris sa propre responsabilité pour démarrer le processus de l’évaluation du fichier, il fallait simplement ramener cette période. Au lieu de le laisser sur quatre mois, il aurait suffi de le ramener su deux mois ».

En effet, Abdoul Aziz Paye fera savoir : « les experts doivent avoir des techniques assez conséquentes pour pouvoir faire cette évaluation en deux mois. Bien sûr, si ce sont les véritables experts qu’on a choisis. Et je pense que ce sont de véritables experts qui ont été choisis. Cependant, il faut revoir le délai de dépôt de candidature parce que s’il y a un consensus pour tous les acteurs politiques, ce n’est pas un problème. Dans ce cas, les gens vont l’appliquer et les élections seront tenues », a expliqué le plénipotentiaire du pôle des Non-aligné. A la question de savoir quel était la posture du pôle des Non-alignés sur ce énième report, Abdoul Aziz Paye a expliqué : « Non seulement, on n’est pas d’accord mais nous soutenons la thèse que c’est possible de le faire en 2021 quelles que soient les hypothèses que le gouvernement peut mettre en place. Parce que ce sont des hypothèses politico-politiciennes ». Et de faire savoir que la décision ne peut qu’affaiblir le dialogue politique parce que nous sommes en politique, « On est en politique et à partir du moment où il faudrait tenir compte de ces aspects, c’est-à-dire que l’Etat gouverne et agit sans empêcher aux acteurs politiques de jouer leur rôle pleinement, d’exiger que ces élections puissent se tenir à date échue. En plus de défendre leur position sur la possibilité que ces élections peuvent bel et bien se tenir au courant de l’année 2021. Et que de l’autre côté, les gens prennent leur responsabilité ».

MANŒUVRES POUR RETARDER L’AUDIT DU FICHIER ET L’EVALUATION DU PROCESSUS

Pour sa part, Abdou Salam Basse, chargé des élections de la convergence Bokk Guis Guis, plénipotentiaire du pôle de l’opposition aborde dans le, même sens. « Effectivement, la commission cellulaire du dialogue politique nous a convoqués le mercredi 24 mars 2021 pour nous annoncer le démarrage de l’évaluation du fichier électoral le 01 avril 2021. Tout compte fait, depuis le mois de février, nous avions débuté l’audit. Alors que les deux opérations devraient aller ensemble, l’Etat a tardé à payer. Ce qui a fait que l’audit a démarré sans l’autre, en somme l’évaluation. A cet effet, la DGE nous a informés du démarrage de l’audit le 1er avril. Et dans le même temps, on nous a fait savoir qu’on doit voir les modalités pour prendre une date pour l’organisation des élections étant donné que la date qu’a prise l’ancien ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, pour tenir les élections au plus tard le 28 mars 2021 ne tient plus. Pour cela, il nous faut choisir une nouvelle date. Maintenant en procédant par le système des délais légaux pour voir à quelle date nous pouvons organiser les élections. C’est ainsi que les acteurs politiques du pouvoir ont avancé qu’il faut un délai de onze mois, ce que nous de l’opposition, nous avons refusé. Et nous leur avons dit qu’on ne peut pas sortir de l’année 2021 ». Poursuivant son propos, le plénipotentiaire de l’opposition de relever : « Donc, il n’y a pas de consensus parce que le délai de onze mois qu’a proposé le pouvoir dépasse 2021, ce qui montre que ce délai va nous mener en février 2022. Or, l’année 2022 est réservée pour les élections législatives ».

LE POUVOIR A UN AGENDA CACHE

Par rapport à la posture du pouvoir, Abdou Salam Basse ajoute : « Pour moi, le pouvoir a un calendrier caché qu’il n’a pas voulu nous dire. Pourquoi, l’Etat s’entête à vouloir vraiment organiser ces élections en 2022, d’autant plus qu’il y a des élections législatives en cette même année et qui ne sont pas reportées ». Pour le chargé des élections de la convergence Bokk Guis Guis, plénipotentiaire du pôle de l’opposition, « il y a quelque chose que le pouvoir est en train de manigancer et il est temps qu’on sache ce que c’est ».

Joseph Barthelemy COLY (stagiaire)

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