Depuis quelques années, quelques apprentis sorciers, sans doute mal inspirés, ne cessent d’agiter la fibre ethnique, religieuse ou régionaliste.
Tout récemment, l’affrontement entre étudiants diolas et sérères a été la goutte d’eau de trop.
Car, le fait que le temple du savoir, l’université publique de Dakar ait été ainsi affecté en dit long sur le degré d’avancement de l’endoctrinement de beaucoup sur des réalités qui ont fait le malheur dans de nombreux pays africains comme la Côte d’ivoire, la Guinée Conakry, le Mali, le Rwanda, etc.
D’ailleurs, de plus en plus, dans notre pays, l’élite intellectuelle au pouvoir ou qui aspire à y être, ne cesse d’agiter cette fibre ethnocentrique à des fins politiques électoralistes et donc partisanes.
Ce que nombre de sénégalais ont remarqué et déploré, c’est que les uns et les autres n’ont plus peur de franchir le rubicond. Il n’y a plus de pudeur à stigmatiser son prochain et à le rendre responsable d’un certain nombre de situations.
Il en est de même de la fibre confrérique donc religieuse. On ne se gêne plus à parler de son appartenance confrérique.
D’ailleurs, c’est devenu un motif de fierté et on la brandit à tout-va dans le but de bénéficier d’une forme de solidarité confrérique donc, inconditionnelle.
C’est dire que nous creusons toujours un peu plus profondément les contradictions dans un monde où le communautariste est devenu est une tare avec les comportements extrémistes qu’il a engendrés.
Certes, l’encrage dans sa communauté, le repli identitaire est un phénomène tout à fait naturel, donc compréhensible, mais cela ne doit pas engendrer une forme d’intolérance et de rejet de l’autre.
Malheureusement, c’est cela que nous cultivons tous les jours embarqués dans la réalité de nos batailles de communication politique.
Aux leaders politiques, s’associent une race de communicants connus ou encagoulés, dont l’action est souvent d’autant plus pernicieuse qu’ils avancent masqués.
Ces faiseurs ou destructeurs d’images, ne reculent devant aucune manipulation pour faire passer leurs idées.
Malheureusement, à force de jouer avec le feu, on se brûle.
Certes, nous n’avons jamais d’affrontements intercommunautaires, sauf dans le contexte de conflits parfois récurrents entre bergers et agriculteurs, mais, c’est un petit élément qui, souvent, met le feu au poudre. Il en est ainsi dans de nombreux pays.
Mais, la réalité est souvent plus profonde. Là aussi la tension éclate, c’est que des hommes et des femmes se sont engagés, plusieurs années, à entretenir la division, la stratification sociale, le rejet, l’exclusion, l’humiliation, le bannissement, etc.
Les velléités génocidaires prennent beaucoup de temps à prendre forme et naissent de la stigmatisation de l’autre dont on accuse de tous ses malheurs.
C’est pourquoi, il est important de déployer toute l’énergie nécessaire à contrer ces forces maléfiques dont l’objectif est justement est d’anéantir le travail des pères fondateurs de la nation sénégalaise qui sont loin d’être les seuls hommes politiques.
Il faudra commencer par l’école, l’université par l’instruction civique et la conception des travaux d’histoire et de recherche civilisationnelle qui fasse comprendre à tous que cette nation a été bâtie grâce à la contribution de tous, sans exclusive.
Ensuite, il urge de s’appuyer sur tous les leviers importants dont notre société dispose à tous les niveaux pour recoller les morceaux et recréer les conditions d’une optimale resocialisation.
Le cousinage à parenté, les parrainages, les festivals régionaux, les visites réciproques entre entités socio-culturelles ou religieuses, les combats de lutte, etc. sont d’excellents outils d’intégration ethnique et régionale.
Et parallèlement, l’Etat doit appliquer toute la rigueur de la législation aux plus téméraires, ceux qui semblent être animés d’une réelle intention de semer le chaos.
Car, on ne construit pas une nation avec du béton, c’est-à-dire des ingénieurs, des techniciens seulement.
Même si leur apport est inestimable, il n’en demeure pas moins que la nation a aussi besoin de ciment culturel, harmonisation sociale qui ne peut découler que d’une bonne imprégnation des interactions et de la dépendance des cultures des unes envers les autres.
Nous ne pouvons en effet pas sacrifier ce pays sous l’autel de nos ambitions personnelles.
En clair, les apprentis sorciers doivent tous y être mis au purgatoire.
Assane Samb