Recevant hier certains de ses partisans et sympathisants libérés suite à la médiation du Khalife général des Mourides, le leader des Patriotes a profité de l’occasion pour se prononcer sur l’actualité politique. Ousmane Sonko s’est particulièrement focalisé sur les élections locales en soutenant qu’un report en 2022 est inconcevable. Il indique que le chef de l’Etat devra assumer toutes les conséquences qui découleront de son forcing.
Même si la date des élections locales n’est pas encore connue, la tournure des évènements montre qu’elles se dérouleront au mois de février ou mars 2022. Depuis, des acteurs politiques et de la société civile sortent de leur réserve pour exiger qu’elles se tiennent en 2021 au pire des cas à la fin de l’année en cours. Rencontrant hier ses sympathisants sortis de prison, Ousmane Sonko s’est dit déçu du comportement du Président Macky Sall. Il estime que ce dernier pense que les élections lui appartiennent et qu’il peut les organiser à sa convenance comme s’il était le seul acteur politique du pays. Selon le président de Pastef, les Locales doivent être tenues cette année. Il se désole du fait qu’au moment où le khalife général des Mourides menait sa médiation, Macky Sall est allé en catimini prendre un décret pour repousser les élections.
A l’en croire, le locataire du Palais joue à la provocation en voulant faire un forcing pour reporter le scrutin. «Sortir de l’année 2021 pour tenir les élections locales en 2022 signifierait que les Législatives pourraient être reportées. Et on risque de continuer ainsi jusqu’à la présidentielle. Nous ne sommes pas dupes», a relevé le député patriote qui appelle ainsi les forces vives à sortir de leur réserve et à dissuader Macky Sall de cette entreprise. Et de rappeler au chef de l’Etat que les dernières manifestations étaient un avertissement et qu’il n’échappera pas la prochaine fois. «Je lui avais dit que c’était notre avant dernier combat. Et cela a failli être d’ailleurs le dernier, si nous n’étions pas dotés d’une certaine sagesse. Il doit décrypter le message», déclare Sonko avant de marteler que même s’ils peuvent perdre des plumes dans ce combat, Macky Sall risque, lui, de perdre le pouvoir. Par conséquent, quand les choses éclateront la prochaine fois, prévient-il, que personne ne pointe du doigt Pastef. «Macky Sall sera le responsable de toute instabilité dans le pays comme il l’a été depuis sa prise de pouvoir en 2012 pour divers sujets», clame-t-il.
«LE REGIME A DECAISSE BEAUCOUP D’ARGENT POUR REMPORTER LA BATAILLE DE L’OPINION»
En outre, le leader des Patriotes s’est désolé des nombreuses attaques venant du camp présidentiel qui, à l’en croire, profite de l’accalmie pour effectuer ses sales besognes. «Suite à la médiation du Khalife des Mourides, nous avons lâché du lest. Mais on a constaté que des membres du régime sortent du bois pour nous insulter et nous attaquer sans cesse», se désole Ousmane Sonko. Poursuivant, il a indiqué que tous ceux qui s’extasient aujourd’hui s’étaient éclipsés quand les émeutes avaient éclaté. «Ils ont attendu que les choses se calment pour se comporter de la sorte. Mais quand les choses se déclencheront à nouveau, ils sauront réellement qui nous sommes», prévient-il. Selon lui, le pouvoir essaye de remporter la bataille de l’opinion en arrosant beaucoup d’argent sur les Sénégalais et les médias. «Ils sortent des milliards pour acheter des Sénégalais. Malgré ces milliards, s’ils demandent aux gens de descendre pour combattre, personne ne les suivra», souligne-t-il.
Fustigeant par ailleurs le discours ethniciste noté ces derniers jour et que certains proches du régime et autres hommes de Médias sont en train de proférer, il appelle à ne pas accorder beaucoup d’importance à ces propos haineux qui sont loin de la réalité. «La preuve ? Tous ceux qui ont été arrêtés sont en majorité des autres ethnies que la mienne. Le Sénégal est un et indivisible. C’est parce qu’ils savent qu’ils ont échoué et perdu le combat qu’ils veulent nous laisser une instabilité. Ils ont hérité d’un Sénégal stable. C’est désolant qu’ils veuillent partir en nous laissant un Sénégal en lambeaux», martèle-t-il.
Cela dit, Ousmane Sonko informe qu’il reste encore 12 détenus derrière les barreaux à Diourbel. «Le juge, furieux du saccage du tribunal de la localité, veut les maintenir en prison parce qu’il est revanchard», précise le leader de Pastef qui ajoute qu’il en reste aussi 4 détenus à Dakar et 3 à Ziguinchor. «Tant qu’on n’aura pas libéré tous ces gens, on ne fermera pas ce chapitre. Nous saluons la médiation du guide religieux de Touba», dit-il avant d’annoncer qu’il se rendra en Casamance dans les prochains jours.