Abdou Fall  » Il faut une refondation de notre systéme de gouvernance « 

par pierre Dieme

Les dernières manifestations violentes, filles de l’exaspération d’une jeunesse désœuvrée, continuent de faire réfléchir. Contrairement à certaines autorités qui se sont limitées à une lecture simpliste de la situation, le Pca de l’Apix, Abdou Fall, estime qu’il s’agit là d’un problème éminemment sérieux, qui requiert la refondation même du système de gouvernance mondiale aliéné par une recherche effrénée du profit au détriment des logiques d’équité et de solidarité qui devraient sous-tendre l’action de l’Etat.

Invité de l’émission «Objection» de ce dimanche sur Sud Fm, le libéral fait ainsi le procès du libéralisme. «Je pense que c’est une situation très sérieuse. C’est le monde qui traverse une zone de turbulences. Vous verrez qu’aucun pays n’est épargné. Il y a une réflexion que les citoyens, les dirigeants, en toute humilité, doivent développer pour observer ce qui se passe dans le monde et se répercute chez nous – que nous vivons aussi à notre manière – pour voir comment s’en sortir. Ce sont des problèmes sérieux, difficiles et complexes», diagnostique-t-il.

A l’en croire, en réponse à cette situation, «il faut qu’on repense la gouvernance globale du monde. Les citoyens se sentent de plus en plus exclus de la gouvernance du monde».

Et d’après l’ancien ministre de la Santé sous Wade, ce qui a amené ce sentiment, c’est «le tournant des révolutions néolibérales en Europe dans les années 80», qui ont engendré de nouveaux phénomènes. «Les puissances d’argent ont écrasé les Etats. Au point que les logiques de profit prennent le dessus sur les logiques de solidarité», analyse-t-il.

Par conséquent, suggère-t-il, «il faut qu’on ré-humanise l’économie et la politique. Le contraste, c’est qu’autant le monde accumule des richesses à des niveaux jamais connus, autant la disparité et les inégalités ont pris des proportions que le monde n’a jamais connues».

49 % de la population a moins de 20 ans et 70 % a moins de 30 ans

Abdou Fall estime que si, aujourd’hui, le Sénégal traverse une crise de formation et d’emploi des jeunes, c’est parce qu’il y a une démographie non-maitrisée, mais aussi parce que dès leurs premiers pas à l’école, les enfants de la République sont en conflit avec une langue qu’ils ne maîtrisent pas.

«A côté de ces problèmes globaux, s’ajoute maintenant, au niveau local, une transition démographique qu’on n’a pas trop maîtrisée dans nos pays. C’est ce qui fait qu’au Sénégal, 49 % de la population a moins de 20 ans. Sur deux Sénégalais, l’un a moins de 20 ans. Plus de 70 % de la population a moins de 30 ans. On se retrouve avec une population jeune très importante», fait-il constater.

«C’est une opportunité, si on développe notre capacité de les prendre en charge, de les qualifier pour qu’ils deviennent des forces productives. Ils deviennent un problème, si on rate notre politique d’éducation de base et de formation», ajoute-t-il.

Selon le Pca de l’Apix, «il y a une nécessité de refonder notre système éducatif et introduire les langues nationales au primaire, comme le préconisait la réforme de 1981. Ça, c’est la solution durable».

Mais ponctuellement, soutient-il, «il faut des politiques ardues. Il faut une stratégie nationale qui implique toutes les composantes de la nation. Il faut qu’on sorte du piège de nos vanités, pour considérer le problème de la formation et l’emploi des jeunes comme une problématique nationale».

You may also like

Web TV

Articles récentes

@2024 – tous droit réserver.