Le discours à la nation du président de la République, à la suite des manifestations violentes particulièrement meurtrières, a été digne de son rang. Nous étions nombreux à le saluer même si nous jugions qu’il était tardif. Mieux vaut tard que jamais. Le verbe apaisant, le ton empreint de sérénité, la gravité de la voix avaient fini par nous convaincre. Macky Sall semblait prendre la pleine mesure de la situation. “Je vous ai compris”, avait-il lancé à l’endroit des manifestants courroucés par des conditions de vie éprouvantes et un chômage galopant. Même si bien sûr certains avaient leurs agendas cachés et s’adonnaient à du grand banditisme. Des actes déplorables à condamner sans réserve. Sall avait ainsi pris le contrepied de son ministre de l’Intérieur qui évoquait avec rage des “actes terroristes”, de celui des Affaires étrangères qui soulignait la “présence de forces occultes venues de l’extérieur”, et du garde des Sceaux qui a osé mettre une partie de ces manifestations sous le dos des “lutteurs oisifs” impactés par la fermeture des arènes liée à cette pandémie du coronavirus. Bref, toute cette communication décousue a été vite oubliée après la déclaration du chef. Celui-ci a d’ailleurs annoncé des financements pour la jeunesse en plus des efforts réels qui ont été consentis jusqu’ici. Malheureusement, les dernières “sorties” des membres de la mouvance présidentielle sont à contre-courant de la ligne de conduite de Macky Sall. En affirmant sans hésiter que “de nombreux jeunes sont morts à Dakar, et que plusieurs parmi eux n’ont pas été tués par la police ni par la gendarmerie mais par les partisans de Sonko”, le ministre de la Justice bifurque. Son rang devrait le pousser à prendre de la hauteur et éviter surtout de désigner des coupables, lui à qui l‘on a confié un département de grande importance fort contestée. Tenir de tels propos, dans ce contexte de crise, c’est mettre de l’huile sur le feu. C’est remettre le couteau sur une plaie qui n’est pas encore cicatrisée. Que dire des informations d’un confrère qui assure que les rebelles ont quitté la Casamance et sont venus à Dakar pour participer aux casses et retourner tranquillement dans cette partie du pays en proie à une longue crise. Si ces informations sont “béton”, comme on le dit dans notre jargon, il y a mille raisons d’avoir peur pour notre sécurité. Enfin ! Nous n’avons vraiment aucune raison de douter du professionnalisme et de l’efficacité de nos forces de l’ordre si clairvoyantes pour “se faire avoir” si facilement
Mim Reew
L’As