L’économie maritime se porte mal. Du moins, si l’on se fie aux propos du Secrétaire général du Syndicat des pêcheurs autonomes du Sénégal, Moustapha Dieng, qui soutient que ce que le gouvernement Sénégalais gagne en 5 ans d’accords de pêche avec l’Union européenne, c’est l’équivalent d’une année de pêche pour nos pêcheurs artisanaux si l’Etat structure le secteur par des appuis financiers.
Le Syndicat des pêcheurs autonomes du Sénégal est très remonté contre le gouvernement et demande purement et simplement la reconsidération des accords dernièrement renouvelés avec l’Union européenne (Ue).
Selon Moustapha Dieng, Secrétaire général dudit syndicat, ces accords sont dérisoires au regard du potentiel halieutique que ces bateaux tirent de ces accords. « Ce que le gouvernement sénégalais reçoit de l’Union européenne tiré de ses accords de pêche n’est que des miettes en réalité », a-t-il dit tout en soutenant que « c’est moins de 10 milliards de francs CFA en 5 ans de pêche ». Ce qui semble naturellement, à ses yeux, une aberration. Il poursuit en bottant en touche l’idée selon laquelle les pêcheurs Sénégalais ne pêchent pas le thon: « Tous ceux qui disent que les pêcheurs Sénégalais ne pêchent pas le thon et le merlu ont tout faux ».
Pour s’en convaincre, il cite en exemple les débarcadères de Yarakh, de Yoff, de Cayar, et de Saint Louis. « Ceux qui disent le contraire peuvent aller visiter les débarcadères précités où l’on pêche du thon blanc et du merlu », défie-t-il tout en précisant que ces ressources sont très prisées par nos ménages.
Pour lui : « Nos pêcheurs peuvent rapporter plus de 10 milliards annuellement à l’Etat du Sénégal si le gouvernement y met les moyens, notamment une banque dédiée exclusivement au secteur de pêche », soutient-il. Donc, poursuit-il : « Le Sénégal n’a aucun prétexte à valoir pour justifier l’option de vendre nos ressources à l’Ue ».
Convaincu qu’une bonne gouvernance de nos ressources peut régler beaucoup de nos problèmes, il soutiendra que : « Nos pêcheurs sont en mesure de ravitailler correctement le marché européen en qualité et en quantité et ce, en gagnant largement de l’exploitation de nos produits halieutiques, d’abord en créant plus d’emplois, plus de valeur ajoutée par l’installation d’usines de transformation, de stockage et conservation gérées par des Sénégalais, en gérant mieux nos ressources halieutiques et en créant plus de richesse à notre économie. Autant de facteurs, ajoute-t-il encore, que « nos décideurs doivent prendre en compte s’ils tiennent réellement à l’émergence proclamée urbi et orbi »
A ces avantages accordés à l’Ue, s’ajoute le droit à la pêche accessoire qui « donne pouvoir à ces navires de pêcher au-delà du thon et du merlu comme le thiof, la dorade, les crustacés », a-t-il décrié avec véhémence. Il conclura : « Notre souhait le plus ardent, c’est de voir le gouvernement du Sénégal dénoncer ces accords de pêche avec l’Ue et appuyer la pêche artisanale en la dotant de moyens suffisants lui permettant d’assurer le quota alloué à l’Ue ».
JEAN PIERRE MALOU