Ancien vice-président de l’Assemblée nationale, Mamour Cissé, a abordé l’affaire « Sweet Beauté » opposant Adji Sarr à Ousmane Sonko. Sur les ondes de la 97.5 Rewmi FM, le leader du Psd/Jant-bi, parti de la mouvance présidentielle, a rejeté la thèse du complot. Mamour Cissé invite Sonko à laver son honneur, s’il n’a rien à se reprocher. Entretien exclusif.
L’affaire Ousmane Sonko /Adji Sarr tient en haleine le peuple sénégalais. Quelle est votre analyse sur les émeutes?
Mais c’est dommage. Et quand vous faisiez ma présentation vous avez parlé de cette casquette d’opérateur économique qui, ne peut pas se réjouir de ce qui s’est passé. La preuve? Aujourd’hui la note du Sénégal est dégradée. Parce que le Sénégal constitue maintenant un risque pays majeur. Et dès l’instant qu’il est considéré ainsi, ce qui nous permettait aujourd’hui de nous endetter à des taux attractifs devient une chimère. Maintenant, on est obligé que les gens prennent leurs dispositions, et les assurances vont coûter très chers. Les taux sur lesquels nous allons emprunter vont augmenter. C’est la conséquence de cette irresponsabilité qui a consisté à brûler et à s’en prendre à des intérêts privés. Je ne comprends pas que les gens qui ont été à la base de tout cela n’aient pas conscience que nous vivons dans un village planétaire. Dès l’instant qu’on parle de village planétaire c’est une interdépendance d’aide économie. Le Sénégal ex-nihilo ne peut rien faire de durable parce que nous n’avons pas grand-chose. Ce qui tient un pays et qui sous-tend une activité économique, c’est essentiellement le secteur industriel. Relativement le secteur tertiaire et l’agriculture. Mais, il se trouve que si tous les pays qui se sont développés l’ont fait sur la base de l’industrie mais il y’a un problème aujourd’hui à brûler. Parce que nous n’avons pas suffisamment d’industries pour absorber cette capacité et cette demande d’emploi au niveau des jeunes. Ça, c’est un problème. Je peux comprendre les motivations qui restent légitimes. Quelle que part le marasme, ce Covid là, cet enfermement, a eu le mérite de démoraliser et de constituer un cocktail explosif. C’est peut-être l’une des raisons qui explique. Parce que tout n’était pas par rapport à “Sweet beauté”.
Cette affaire semble devenir très politique ?
Cette affaire-là pour revenir là-dessus mais c’est une affaire très privée. Mais pourquoi devrait-on la politisée[CM1] ? Le sieur qui a été mis en cause, pour différentes raisons parce qu’il ne veut pas déférer à la convocation, est en train de faire du dilatoire par rapport à cela. On vous entache de quelque chose si vous ne l’avez pas fait vous n’avez pas peur d’aller vous lavez votre honneur. Quelles peuvent être les connotations partisanes ou politiciennes mais vous prenez à témoin le peuple sénégalais. Parce que quand même quelque chose est sûre, c’est qu’il y’a des gens qui croient en ce Monsieur Sonko pour différentes raisons parce qu’eux seuls savent. Il a une sympathie vis-à-vis d’une frange de la population sénégalaise. L’affaire est devenue tellement phare que tout le monde a les yeux rivés sur le Sénégal. La communauté internationale, les sénégalais, il n’y a pas une juridiction au Sénégal qui prendrait le risque d’être impopulaire ou de prendre des mesures qui ne vont pas dans l’intérêt des deux parties. Donc, pourquoi M. Sonko a peur? Ça, c’est un problème (…). Aujourd’hui, il s’agit de sa parole par rapport à celle de la dame. Mais sur les réseaux sociaux, on insulte la pensée unique, on insulte tout le monde. Si vous n’êtes pas avec Sonko vous êtes tyrannique, vous êtes mauvais,… La dame est en train d’être stigmatisée. Mais nom de Dieu pourquoi le bonhomme est allé là-bas ? Mais il avait le choix de ne pas y aller. Dès l’instant qu’il y allait, il y’a une présomption de bon sens qu’il faut accorder aux propos de la dame comme du reste ce qu’il a dit. Maintenant laissons la justice faire son travail parce que nous sommes dans un pays de droit. Et de ce point de vue, il faut que force reste à la loi.
Vous avez parlé de l’effet négatif sur les investissements, les affaires en général. On entend beaucoup parler de complot, de forces occultes. Est-ce que vous de par votre expérience on peut craindre qu’il ait des forces occultes qui travailleraient contre le Sénégal?
Le Sénégal est devenu attractif. D’abord pour sa stabilité politique que beaucoup de gens nous envient. D’autre part, c’était le dernier rempart pour les djihadistes et l’extrême terrorisme d’avoir accès à la mer donc l’atlantique. De ce point de vue, doublement le Sénégal est stratégique. Vous n’ignorez pas qu’il y’a des réalités sociologiques qui peuvent amener des circonstances à changer. Souvenez-vous quand il y’a eu le problème de la Mauritanie sous Diouf, il y’a eu des gens de l’espionnage de certains de la sous-région en l’occurrence ceux avec qui nous avions des problèmes qui finançaient le Mfdc par l’intermédiaire de leurs alliés qui étaient en Guinée Bissau. Ils armaient le Mfdc parce qu’ils avaient des problèmes avec le Sénégal. Aujourd’hui avec le pétrole et le gaz, le Sénégal géo stratégiquement devient quelque chose d’alléchant. Mais énormément de monde nous l’envient. Donc, tous les moyens sont bons d’abord par rapport à ce terrorisme-là dont nous faisons face et de façon vraiment très constante. Regardez le G5 à tous les problèmes pour contenir ça (…). Des personnes ont été tuées au Mali et au Niger. Ça prouve ce que ça prouve. Le Sénégal était le dernier rempart donc il devient attractif. Si on n’y prête pas garde avec cette irresponsabilité qui ne veut pas respecter le calendrier républicain ça risque de nous amener dans des logiques tranchées et ce n’est pas bon.
Concrètement croyez-vous que lors des dernières manifestations, il y’a des gens qui ont mis de l’huile sur le feu?
Absolument. Le ministre de l’intérieur les gens l’ont fusillé. Est-ce qu’on ne lui a pas reproché pour différentes raisons mais dans le fond de sa pensée, je le partage avec lui. Tout le monde a conscience surtout ceux qui ont géré les renseignements savent que c’était tellement bien organisé. Ce n’était pas le fait du hasard, ce n’était pas aussi spontané ce soulèvement-là. Comment ça s’est passé ? C’était séquencé et tout le monde sait qu’il y’a eu des gens et pas des moindres qui ont participé au 23 juin à qui des gens avaient donné de l’argent et qui ont été jusqu’à présent à la base de tout ce qui s’est passé. Ils l’ont séquencé, ils l’ont orchestré. C’était comme une musique. Donc, les gens savent et ça, c’est par rapport aux sénégalais qui sont bons teints. Mais ensuite, ils ont été infiltrés. Vous n’êtes pas sans ignorer que récemment que l’armée sénégalaise a eu à faire face à cette soi-disant rébellion dans le sud du pays. Les quelques rares zones qui restaient au Mfdc ont été reprises par l’armée du fait du cannabis. Et la Casamance risque d’être comme Podor ou Matam. C’est-à-dire on risque de ne plus avoir de verdure à cause de leur chanvre indien. Donc, l’Etat et l’armée ont fait face et on lui reproche tout cela. Ces enjeux sont là et c’est dommage. Nous sommes dans un pays où sur 10 sénégalais les 8 n’ont pas ce niveau de conscience. Ils sont analphabètes. C’est un problème et on dit que le développement ce n’est rien d’autre que la combinaison des changements mentaux et sociaux d’une population. Mais pour autant que vous alliez à l’école. C’est la raison pour laquelle l’instruction est fondamentale par rapport à toute religion et par rapport aussi à notre indépendance. Mais aujourd’hui, l’essentiel en dehors de ces meneurs là que tout le monde connaît. Parce que ce sont les mêmes qui ont déclenché le feu partout le 23 juin. C’est les mêmes activistes, bandits de grand chemin. Ensuite, il s’y ajoute qu’il y’a eu une infiltration des gens qui ont intérêt effectivement à ce que dans ce chaos là qu’ils puissent tout faire pour que cette stabilité que nous avons de plus chère au Sénégal et le vivre ensemble que tout le monde nous envie avec nos Tarikhas là puissent cesser. Il y’a des gens qui ne dormiront jamais et ne cesseront de se battre tant qu’on n’aura pas contenu nos confréries qui sont aujourd’hui un ciment pour nous tous. N’eut été l’intervention de nos chefs religieux, il y’aurait eu un carnage. Parce que les gens poussaient le gouvernement vers une logique tranchée (…). C’est un carnage qui était prévu pour 1.000 à 2.000 morts mais nos forces de l’ordre ont pu contenir cela.
Aujourd’hui il y’a eu un climat d’apaisement mais malheureusement il y’a eu cette sortie d’Adji Sarr. Est-ce que cette sortie ne risque-t-elle pas de mettre le feu aux poudres ?
Il faut savoir ce que l’on veut. Quand Sonko parle tout ce qu’il dit est chimérique. Quand il y’a une contradiction ou quand quelqu’un d’autre a une note discordante il y’a problème. Tout le monde voit aujourd’hui la sortie d’Adji Sarr. Mais et de l’autre côté ? Quelqu’un qui est sous contrôle judiciaire et qui ne cesse de poser des actes politiques quotidiennement. Il va partout et il parle partout. Vous l’avez entendu dire qu’il y’aura une deuxième vague qui sera beaucoup plus dévastatrice. Comparaison n’est pas raison mais vous vous rendez compte ? Il faut qu’Adji Sarr se défende. Qui est-ce qu’elle n’a pas entendu cette bonne dame ? Elle est partie, elle a fui, c’est une prostituée, elle a quatre gosses etc. Qui est-ce qu’on n’a pas dit à cette bonne dame là ? Elle veut aujourd’hui son honneur et c’était le minimum qu’elle parle. On lui dit oui malheureusement c’est elle la pyromane parce qu’elle ne devait pas parler. Nom de Dieu de qui se moque-t-on ? Quand le bonhomme parle tout ce qu’il dit est bon. Et quand celle qui est dans cette partie aussi parle, on dit qu’il y’a des problèmes. Je trouve qu’elle a raison. Saurait été ma fille j’aurai réagi de la même façon. Ils ont aussi stigmatisé son avocat à qui on n’a pas compris sa sortie. Il est obligé défendre son client dans les règles de l’art. Alors quel est le problème ? Aujourd’hui, on a une tyrannie de la pensée unique au Sénégal. Quand vous n’êtes pas avec ce messier on vous stigmatise, on vous brûle sur les réseaux sociaux et partout. Ce n’est pas sérieux.
On dit que le secret de l’instruction a été bafoué par toutes les parties. Etes-vous de cet avis ?
Mais non. Certains experts on dit que rien n’a été bafoué. Mais qu’elle raconte ce qu’elle a vécu qui est dans son procès-verbal n’est pas divulguer le secret de l’instruction. Il n’y a pas encore eu de confrontation. Mais on n’a pas entendu M. Sonko allait là-bas pour dire qu’il a un problème de dos. Ce qui m’étonne parce que finalement on le voit partout. Donc, sa maladie me pose problème. Est-ce que ce n’est pas une maladie imaginaire. On a même montré un film où il était en train de faire du taekwondo. C’est le droit le plus absolu de certains sénégalais d’être des fans de Sonko. Moi, je ne suis pas fan de Sonko et il faut qu’on respecte ma liberté, mon choix. Parce que c’est un nouveau système qui fait de la compromission avec des gens qui n’ont jamais été ambitieux dans leur vie. Je parle des socialistes qui n’ont jamais fait preuve d’imagination dans ce pays-là. Pour revenir au sujet, je ne crois pas à la thèse du complot.
Cheikh Moussa SARR