Les raisons de la colère : justice très peu indépendante, gestion peu sobre et peu vertueuse, entraînant un manque de transparence, opacité relative aux ressources naturelles, chômage. Horizon bouché pour une jeunesse de plus en plus exigeante. L’affaire Ousmane Sonko-Adji Sarr a été la dernière goutte qui a fait déborder un vase de frustrations jusqu’ici plus ou moins contenues.
C’est heureux si le président de la République l’a bien compris, comme l’illustre son dernier “discours à la nation”. Toutefois, on attend des actes qui vont au-delà des nobles intentions. Ce serait prétentieux de penser vouloir trouver une solution à tous les problèmes auxquels font face les populations, tous “les goulots qui étranglent” le Sénégal, mais une réelle volonté politique qui transcende les petites coteries est attendue. Le pouvoir actuel est obligé de changer de cap après la grave crise inédite inhérente à l’arrestation d’un opposant accusé de viol.
Des mesurettes sans aucune prise sur le vécu quotidien du peuple peuvent engendrer d’autres problèmes et attiser des colères qui sont de différents ordres. Le mal est trop profond pour être pris à la légère. C’est en ce sens que l’attitude de certains collaborateurs et membres du camp présidentiel peuvent anéantir les efforts de “sortie de crise”. En voulant vaille que vaille se concentrer dans une guerre contre Ousmane Sonko, ils risquent de perdre du temps et de donner plus de crédit à un adversaire qui gère bien “son temps”, ses moments de gloire pour attirer plus de sympathisants.
Le salut de Macky Sall réside dans ses “premières amours”, ses ambitions fondatrices de 2012 qui prônaient bellement la patrie avant le parti, un slogan sous-tendu par un objectif de “rupture” d’avec les néfastes pratiques qui ont été fatales à son prédécesseur Abdoulaye Wade. Tout le reste n’est que combats d’arrière-garde. Et ces combats, même gagnés, ne servent qu’à des seconds couteaux friands de petitesses.
Mim Reew