Il a donc fallu attendre plus de huit ans pour enfin entendre Macky SALL parler respectueusement aux Sénégalais. Il a fallu que 13 jeunes tombent sous les balles, que des milliards partent en fumée, que les hôpitaux se remplissent de blessés, que les forces de l’ordre suréquipées se lassent, que le tissu social se déchiquète, pour qu’il daigne délaisser son costume de chef de gang. Mais, ce n’est que provisoire. Le leader de l’APR, qui a gouverné comme s’il ne devait jamais quitter le pouvoir, reviendra, par instinct de survie, à la charge. Ce n’est qu’une question de temps.
« (…) M’adressant à vous, les jeunes, je voudrais vous dire que je comprends vos inquiétudes et vos préoccupations. J’ai vu nombre d’entre vous sortir dans la rue pour exprimer la colère de votre mal-vivre ; parce qu’ils n’ont pas d’emploi (…) ». À entendre le leader de l’APR tenir de tels propos, on se croirait en 2014. Un chef de l’Etat qui se reprend après s’être fourvoyé parce que n’ayant pas encore été totalement dans ses habits de président de la République. Un nouvel élu qui s’adresse à une jeunesse désemparée qui manifeste son impatience à quitter la misère. Seulement, Macky SALL qui ne rêve pas n’a point besoin d’être pincé. Si lui le vendeur d’illusions en détails en arrive à reconnaitre le caractère politicien et frivole des nombreux programmes dédiés à l’emploi et à l’accompagnement des jeunes qu’il a lancés depuis qu’il est à la tête de l’Etat, c’est qu’il a d’autres visées.
Ce n’est donc pas à l’appel d’Ousmane SONKO que les jeunes manifestants ont répondu mais à celui de leur ventre. C’est ce que le leader de l’APR a déclaré. En se réfugiant derrière son échec, il tente de nier la force de son adversaire. Seulement, si les jeunes sont descendus dans les rues « pour exprimer la colère de leur mal-vivre », il ne peut être reproché au leader de PASTEF le chef d’accusation qui lui a valu une garde-à-vue à la Section de recherche de la Gendarmerie à savoir « trouble à l’ordre public ». Tout cela, le patron de l’APR le sait. Seulement, le processus de neutralisation qu’il a enclenché, ce ne sont les entorses au droit qui vont l’arrêter. Ce ne sont pas non plus les chefs religieux encore moins les tergiversations des opposants qui vont le stopper. Macky SALL a commis trop de dégâts et se trouve dans l’obligation de se projeter au-delà de 2024. C’est une question de survie pour lui et pour beaucoup de ses parents qu’il a couvert de l’or du Sénégal.
Surpris par la colère et surtout par le courage des Sénégalais qu’il a toujours pris pour le « tapète » dont Idrissa SECK disait qu’il est, Macky SALL a besoin de temps après avoir réussi un premier et important pas dans son processus de liquidation. Ousmane SONKO est placé sous contrôle judiciaire. Logiquement, « il devrait se présenter une fois par mois devant le juge pour émarger, il ne peut sortir du territoire national sans l’autorisation du juge et il ne peut parler publiquement du dossier ».
Quand, il sera le moment de l’appeler devant le juge, face à Adji SARR et les sarcasmes qu’elle concocte, afin de procéder à l’effacement de son nom des listes électorales par une sentence du tribunal, Macky SALL aura eu le temps de se préparer. Alors, personne ne pourrait plus l’arrêter à part le Peuple qui a d’ores déjà donné sa réponse par son sang.
Le Peuple est l’employeur du Président qui ne jouit que d’un CDD. Celui-ci peut être rompu s’il commet une faute grave. En l’espèce, le leader de l’APR qui a fait tirer sur le Peuple est passible de haute trahison. Et la jeunesse que Macky SALL cherche à appâter avec encore des milliards fictifs a déjà indiqué la voie. Le reste, c’est de la politique politicienne.