Peut-on prétendre régler la lancinante question de l’emploi des jeunes en maintenant des institutions budgétivores comme le CESE, le HCCT et autres « machins » futiles qui ne servent qu’à caser une clientèle politique ?
Il reste trois ans au président de la République pour sortir par la grande porte et inscrire son nom dans l’Histoire ! La grande, pas la petite. A condition qu’il prenne par les cornes le taureau des immenses problèmes qui assaillent le Sénégal. En mode fast track et non pas seulement dans les discours. Car jusqu’ici, malheureusement, il n’a fait pour l’essentiel que du « fast-traque » d’opposants. Pour réussir sa fin de mandat, il s’agira pour lui de travailler plus et de faire moins de politique dans l’impossibilité de ne pas en faire du tout (c’est mal barré puisque nous avons devant nous des élections locales et un scrutin législatif !). Cette réussite suppose, évidemment, qu’il s’entoure des meilleures compétences et envoie des pros dans son gouvernement, pas des politiciens qui n’ont jamais travaillé de leur vie. Alors que partout ailleurs dans le monde, les dirigeants choisissent leurs citoyens les mieux formés, les plus expérimentés et les plus talentueux pour les mettre aux affaires, le président Macky Sall, lui, semble avoir choisi comme seul critère d’entrée dans ses gouvernements le militantisme politique. Et pourtant, le maoïste qu’il fut dans sa jeunesse sait que, du temps de la révolution culturelle sous le grand timonier Mao-Tse-Toung, le mot d’ordre était : « Il faut être rouge et expert ». Autrement dit, rapporté à la situation du Sénégal actuelle, « il faut avoir la carte de l’APR et être compétent ».
Seulement voilà, Macky Sall, lui, a jugé que le fait d’appartenir à l’APR suffit ! Pour en revenir à la Chine, lorsqu’il apparut que les camarades aux affaires ne faisaient pas vraiment le poids et que le pays ne marchait pas, et au lendemain de la révolution culturelle, on changea de stratégie : « Il faut être expert et, éventuellement, rouge » !
Autrement dit, rapporté au Sénégal de 2021, on s’en fout de l’appartenance à l’APR, ce qu’on veut ce sont des pros qui fassent tourner la machine Sénégal ! Regardez les gouvernements marocain ou ivoirien, comparez leurs ministres à leurs homologues sénégalais et revenez nous en parler. Pour dire que le président fait comme un entraîneur d’une équipe nationale de football du Sénégal qui laisserait de côté les Sadio Mané, Kalidou Coulibaly, Krépin Diatta, Idrissa Gana Guèye et autres pros pour sélectionner des amateurs d’une équipe de navétanes de Fatick. Sûr qu’il ne gagnera jamais une coupe d’Afrique avec de tels joueurs. C’est la même chose avec le gouvernement.
Encore une fois, dans un monde où les problèmes sont hyper-complexes et où la compétition entre pays est féroce, il faut s’entourer des meilleurs si on veut avoir la moindre chance de s’en sortir. Et puis, dans toute chose, il faut la force de l’exemple. Autrement dit, le message diffusé doit être conforme aux actes posés.
De ce point de vue, peut-on prétendre promouvoir la jeunesse et laisser un vieillard comme Moustapha Niasse à l’Assemblée nationale avec des émoluments et une caisse noire qui auraient pu permettre de payer des centaines de jeunes ? Quel message envoie-t-on au peuple en laissant un directeur général d’une société nationale perfusée en permanence avec des fonds publics acheter une voiture à 85 millions de francs sans le virer immédiatement ? Des directeurs généraux sortants qui se font payer des parachutes dorés représentant leur salaire d’une année !
Peut-on vouloir créer des emplois et exécuter promptement une start-up prometteuse qui s’était positionnée dans le domaine pointu de l’intelligence artificielle et produit des compteurs…justement intelligents que l’Afrique tout entière nous enviait pour aller acheter les mêmes compteurs en Israël ? Supprimer des emplois de haut niveau au Sénégal pour en consolider dans l’Etat hébreu, chapeau ! « Peut-on vouloir des emplois et détruire ceux qui existent ? », a demandé le président de la République aux jeunes dans son discours à la Nation de lundi dernier. Le problème c’est qu’en la matière, le gouvernement est champion du monde toutes catégories !
Des milliers d’emplois détruits en vendant des licences de pêche aux Chinois et en signant un accord de pêche ruineux avec l’Union européenne, dont les navires ont pillé nos ressources halieutiques, le gouvernement a jeté des milliers de pêcheurs en chômage. Des pêcheurs n’ayant eu d’autres ressources pour certains que de prendre les pirogues de la mort !
En ouvrant toute grande notre frontière Nord, il a permis à des centaines de camions marocains de venir déverser les fruits et légumes du royaume chérifien qui sont venus concurrencer les produits de nos maraîchers et ruiné ces derniers. Regardez nos si talentueux menuisiers qui exposaient de si jolis meubles sur la Corniche ! La plupart d’entre eux ont mis la clef sous le paillasson à cause de l’invasion de notre pays par des meubles de bas de gamme venus de Chine ou de Turquie ! Là aussi, des milliers d’emplois perdus.
Mais le gouvernement est content parce que jamais les recettes douanières n’ont été aussi élevées. Des recettes provenant du dédouanement de marchandises qui viennent tuer la production nationale… Regardez les importations frauduleuses de sucre ou celles favorisées par la distribution à tour de bras de « DIPA » pour ce produit. N’ont-elles pas mis à l’agonie notre plus grosse industrie, celle qui emploie le plus de Sénégalais, la Compagnie sucrière sénégalaise ? Voyez comme les boissons bas de gamme venues de Dubaï concurrencent la SOBOA, l’une de nos plus vieilles — et performantes — industries. La fraude, la contrebande, le dumping sont à l’origine de la disparition de centaines d’unités industrielles sénégalaises comme la Sips, la Cafal, la Sigelec et autres.
Soyons honnêtes : ce déclin de notre industrie a commencé lors de la mise en œuvre de la NPI (Nouvelle politique industrielle) imposée par les Institutions de Bretton Woods au président Abdou Diouf. Il s’est poursuivi sous le magistère du président Wade. Mais voilà, l’actuel président n’a rien fait pour l’enrayer ! Surtout, s’il y a une filiale qui faisait la fierté de notre pays de par ses performances, c’était celle des huileries. A un moment donné, le Sénégal tenait même la dragée haute aux Etats-Unis, pays leader dans ce domaine. C’est dire ! Aujourd’hui, la Sonacos, fleuron de cette filière, en est réduite piteusement à exporter des graines en l’état pour couvrir ses charges de fonctionnement. Pendant ce temps, l’essentiel de nos graines est venu aux Chinois qui les raffinent ! On est tombé bien bas…
Hélas, Macky Sall semble considérer l’industrie comme la dernière roue du carrosse. La jeunesse aussi d’ailleurs ! La preuve par les ministres qu’il a placés à la tête des départements chargés de gérer ces questions-là ! Des départements dont on se demande ce qu’ils ont bien pu avoir fait au bon Dieu pour mériter une telle punition…