Après Amnesty, Human Rights exige une enquête

par pierre Dieme

Les autorités sénégalaises devraient veiller immédiatement à ce qu’une enquête indépendante et minutieuse soit ouverte sur les décès signalés d’au moins 10 personnes et sur les blessures de centaines d’autres lors des manifestations qui se sont déroulées dans le pays depuis le 3 mars 2021, a déclaré l’ONG Human Rights Watch dans un communiqué parvenu à Emedia. Le document mentionne que « le gouvernement devrait libérer les personnes détenues en raison de leurs convictions politiques ou de leur participation à des activités pacifiques. »

L’ONG, qui a mené des entretiens avec huit activistes, manifestants et journalistes et a exploité les reportages des médias et les rapports d’autres ONG, rappelle les abus des forces de l’ordre, qui ont lancé des gaz lacrymogènes et dans certains cas tiré à balles réelles pour disperser les manifestants, lors des évènements survenus après l’arrestation le 3 mars, du député de l’opposition, Ousmane Sonko, dirigeant du parti politique Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF).

« Alors que le Sénégal traverse sa pire période de troubles depuis des années et que d’autres manifestations sont prévues, les autorités devraient veiller à ce que les forces de sécurité respectent la loi », a déclaré Ida Sawyer, directrice adjointe de la division Afrique chez Human Rights Watch. « Les décès récents de manifestants ainsi que les blessures devraient faire l’objet d’enquêtes crédibles, et les membres des forces de sécurité ayant fait un usage illégal ou excessif de la force devraient être traduits en justice. »

Certains manifestants ont aussi indiqué qu’ils étaient de plus en plus frustrés par l’absence de progression des réformes démocratiques. Ils ont perçu l’arrestation d’Ousmane Sonko comme une tentative d’éliminer l’opposition politique, étant donné que d’autres opposants politiques, dont Karim Wade et Khalifa Sall, avaient déjà été arrêtés et mis sur la touche.

Dans un discours prononcé le 5 mars, le ministre de l’Intérieur Antoine Félix Abdoulaye Diome a déclaré que les manifestations constituaient des « actes de terrorisme », une « insurrection », du « vandalisme » et du « banditisme » et étaient illégales en raison de l’état d’urgence instauré du fait de la pandémie de Covid-19. Une source gouvernementale a déclaré à Radio France Internationale (RFI) le 11 mars que 10 personnes sont décédées pendant les manifestations.

Amnesty International a documenté la mort d’au moins 8 personnes pendant les manifestations, certains décès ayant été causés par le « recours excessif à la force et […] l’usage d’armes à feu par les forces de sécurité ». La Croix-Rouge du Sénégal a dressé un bilan de 6 personnes décédées et au moins 590 personnes blessées, dont 232 qui ont été transférées vers des centres de santé pour être soignées. Les groupes d’opposition ont rapporté 11 décès.

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