Maintenant que les balles ont pris la direction du Peuple, renâclons le décompte macabre et trempons notre plume dans le sang des innocents, pour reprendre en chœur les sanglots des opprimés, criant à Macky SALL que sa traitrise a atteint son paroxysme. Le Droit a quitté l’Etat qui se retrouve sans chef, l’anarchie devenue le maître mot, Macky SALL doit rendre le tablier avant de le maculer davantage de sang.
« Des conspirations et des actes de terrorisme qui relèvent du grand banditisme sont organisés… Toutes les personnes ayant commis des actes de vandalisme seront recherchées, arrêtées, poursuivies et déférées devant la justice ». C’est le discours qu’a osé tenir Antoine Diome, après deux jours de manifestations sur presque toute l’entendue du territoire national. Faisant à peine allusion aux victimes, le ministre de l’Intérieur s’est désolé des nombreuses scènes de pillages avant de témoigner sa compassion envers les propriétaires des magasins saccagés. Antoine DIOME qualifie de terroristes les manifestants et explique la réaction des forces de l’ordre, qui briment tout le monde, par leur volonté de faire respecter les gestes barrières qui bannissent les rassemblements.
Banditisme d’un Etat voyou
Ainsi, Macky SALL fuit ses responsabilités et envoie au casse-pipe son ministre de l’Intérieur qui n’est dépositaire d’aucune légitimité. Une légitimité qu’ils ont tous perdue en qualifiant les manifestants de « terroristes ». Les seuls véritables terroristes que les Sénégalais ont identifiés, ce sont les nervis armés jusqu’aux dents, avec des kalachnikovs notamment, pour s’en prendre aux manifestants. C’est parce que le droit a quitté l’Etat que des nervis armés de gourdins et de barres de fer opèrent impunément sous les yeux des forces de défense et de sécurité. En outre, en invoquant les rassemblements interdits pour justifier la brutalité exercée sur les protestataires, Antoine DIOME était loin d’imaginer que 24 heures plus tard, en France où le Covid-19 a fait 88 444 morts, des milliers de Sénégalais allaient se rassembler pour manifester. C’est sans doute parce que DIOME a prouvé le temps d’une prise de parole qu’il n’était pas à la hauteur des événements qu’Idrissa SECK est monté au créneau. Seulement, puisqu’il n’a pas dit aux Sénégalais comment lui le grand chômeur a pu rassembler le patrimoine à centaines de milliards de F CFA qu’il a présenté au Conseil constitutionnel, son discours est totalement ignoré, son laïus jeté à la poubelle. Comme le sera certainement la « médiation politique » pour une « affaire privée », qu’il se propose, lui le partisan, à entreprendre.
Avec la liste des morts qui s’allonge au fil des manifestations, beaucoup s’attendaient à voir le chef de l’Etat élever la voix. Seulement, ceux-là ne comprennent pas qu’Antoine DIOME n’a fait que répéter Macky SALL qui est le véritable auteur de son discours va-t-en-guerre. Et c’est cela sa stratégie : en découdre. Le leader de l’APR s’y est préparé depuis les premières heures de son premier mandat en s’attelant à équiper lourdement et à renforcer les effectifs des forces de l’ordre sous le fallacieux prétexte de la lutte contre le terrorisme. Après l’assassinat de l’étudiant Fallou SENE, nous écrivions dans une chronique datant du 27 mai 2018 : « Pardonner mon sadisme. Mais le deuil, les étudiants ont tardé à le porter de nouveau. La balle qui a emporté Fallou SENE a manqué, peu avant, plusieurs d’entre eux. La violence des forces de l’ordre est symptomatique du tournant que le régime de Macky SALL est en train d’opérer. Le 24 avril dernier, le projectile qui a emporté l’œil droit d’Amady TOURE aurait bien pu tuer cet élève du lycée Malick SY de Thiès. Le même jour, un autre élève, Ousmane MBAYE, voyait son nez arraché de son visage par un projectile. Avant ces faits d’armes malheureux, au mois de janvier dernier, les mêmes forces de l’ordre ont balancé des grenades lacrymogènes au lycée Banque Islamique de Guédiawaye. Une classe remplie d’élèves en reçut une qui fit beaucoup de dégâts. Une élève enceinte perdit son enfant à la suite de cette manifestation. L’objectif est clair. Macky SALL ne s’est pas uniquement braqué contre les opposants. Sa volonté, c’est de tuer toute forme de contestation dans ce pays ».
Puisque Macky SALL a opté pour un silence mortuaire, en dépit du sang qui continue à se répandre, que ceux-là qui élèvent la voix ne s’en prennent pas aux pilleurs. C’est le régime qui les a affamés. Après une terrible année marquée par « Mbass mi » (la pandémie), « Mbeund mi » (les inondations), « Mbeuk mi» (l’émigration clandestine) a révélé le grand désarroi d’une jeunesse en totale désespérance qui choisit d’affronter les vagues meurtrières pour échapper à une existence sans lendemain. Qui a entendu un discours de Macky SALL regrettant ces vies perdues en mer ? Qu’ils ne demandent pas non plus aux citoyens de respecter la Loi si celle-ci est bafouée par ceux qui sont censés la protéger. Le Préfet de Dakar n’a-t-il pas demandé de gazer tout le monde même les journalistes ? Pourquoi, sans déclarer l’état de siège, les autorités font intervenir l’armée dont le rôle n’est pas le maintien de l’ordre ? De quel droit Babacar DIAGNE du CNRA a usé pour remplacer les fréquences de WalfTv par celles de la RTS ?
Gouverner contre la volonté de son Peuple, tous les présidents qui s’y sont essayé ont fini par être humiliés. Ibrahim Boubacar Keïta, forcé à lire un discours annonçant sa démission, est le dernier exemple en date. Il est parti, le Mali continue d’exister. Et c’est cette voie qu’il faudrait montrer au leader de l’APR. Après avoir tiré sur le Peuple, il n’a plus la légitimité de le diriger.
Mame Birame WATHIE