Le ministre de l’Intérieur a parlé. Le verbe haut. Il se voulait solennel. Il est entré vif dans le sujet. La situation l’exige. Des morts, des saccages, des casses, des vols, de la violence partout. Un déchaînement extraordinaire de jeunes prêts à tout. Sur un autre registre, ils ont défié les forces de l’ordre, avant de les applaudir à la Médina. D’autres ont chanté l’hymne national, ont pleuré et ont dit toute leur désolation devant une telle situation. Différents messages, différents signaux pour de mêmes événements. Le propos d’Antoine Félix Diome a été rigide.
Le champ lexical utilisé est lourdement chargé. Terrorisme, insurrection, conspirations, banditisme. Ousmane Sonko serait à l’origine de telles pratiques. Ceux qui prônent un apaisement devraient être déçus. Le leader du Pastef risque donc gros. Nous risquons gros. Si le pouvoir n’a rien appris des événements actuels et s’obstine à penser qu’ils sont exclusivement liés à Sonko, c’est désolant. Nous allons droit au mur.
Ne sommes-nous pas déjà au mur ? Dakar est défiguré. La capitale montre une face hideuse. Le président de la République a l’obligation de nous parler, de poser des actes qui nous réconfortent. Il a été élu pour nous servir. On doit le sentir. Il doit être à nos côtés, en ces moments si difficiles.
Le pouvoir doit se ressaisir, c’est la seule option pour sauver ce qui peut encore l’être. Le mal est trop profond. Ne pas l’admettre, c’est donner raisonà ceux qui pensent que le pouvoir rend fou. Ces émeutes sont, à bien des égards, celles de la faim. En ces moments de grave crise, nous n’avons pas besoin de “Macky-le-guerrier”, comme semble l’annoncer le premier flic du pays. Nous avons besoin de paix.
Miim Reew