Parti pris. Intime conviction. On ne sortira pas de là. Dans cette affaire Sonko, il faut choisir de quel côté du ring on s’assoit. Qu’aucune épée de Damoclès de délits risibles n’altère notre devoir (et droit) d’indignation
Ainsi donc, les masques qui cachaient depuis un mois l’un des plus gros et abjects mensonges d’État sont tombés mercredi 3 mars 2021. Le « délit de massage » cachait un vulgaire mensonge d’État. Cette ridicule affaire de cul n’était que le masque hideux de la République emballé, embaumé et vulgairement recouvert d’un mensonge d’État sous le couvert du corps nubile d’une adolescente qui, massacrée par la vie, mettait ses charmes au service …des dos malades.
Ce mercredi des cendres, la République a baissé son masque de prédateur politique et s’est mise à nue dans une danse (striptease) frénétique aux sons et au rythme de fusils lance-grenades.
Dès la mise en scène de ce scénario érotico-politique, il n’y avait qu’une position possible : le parti pris. Parti pris pour le viol ou/et, parti pris de l’intime conviction que Sonko n’avait pas violé. Car, aucun des procureurs et juges que nous sommes n’était dans ce salon. Dès lors, il ne fait aucun doute que toutes les positions ne pouvaient être que des partis pris basés sur des intimes convictions. Évidemment, l’être humain est profondément pêcheur parce que de nature « pêcheuse ». Et le sexe quel qu’il soit, masculin ou féminin, est prédateur parce que dépositaire de notre double humanité : le plaisir et la violence, actes et gestes d’amour, ou actes et gestes violents, la force, les viols. Oui, partis pris donc.
La fille a été violée puisqu’elle le dit. Sonko n’a pas violé, puisqu’il le dit. C’est un vulgaire complot politique, puisqu’ils sont capables de tout. Et ils l’ont montré. Simple affaire privée et l’État n’y est pour rien ! Tu parles ! Leur kidnapping de la fille est strictement privé. Sa protection quasi présidentielle est strictement dictée par sa sécurité. Le lâchage ce mercredi de tous les moyens de répression de l’Etat dans les rues de la capitale avait pour seul objectif de flécher l’itinéraire de Sonko jusqu’au cabinet du juge. À force de mentir, de vernir ces mensonges d’épaisses couches de fumées fumeuses, ils ont fini par se dénuder, non pas dans un salon de massage, mais publiquement, en pleine rue, sous le regard…libidineux de millions de personnes.
Le « délit de massage » (j’adore cet infect délit) s’étant effiloché à force de frottis-frottas médiatiques, ils nous ont sorti le « délit de trouble à l’ordre public et de participation à une marche interdite ».
En vérité, ils viennent d’inventer de nouveaux délits : délit de l’irresponsabilité et, délit de marcher assis. Car, comment peut-il être responsable des foules qui veulent l’applaudir ou même l’accompagner ? Ils auraient voulu qu’il se rendît au cabinet du juge après la prière du Fadjri en catimini. Comme un voleur. Ils lui voulaient tellement de bien qu’ils ont voulu lui offrir la belle vue de la mer en lui intimant le choix de la corniche. Sachant qu’il ne verra pas de sitôt la mer après sa visite de courtoisie chez son pote préféré : le juge du 8e cabinet. La corniche, ses falaises et ses pics ! Des embardées sont si vite arrivées ; des plongeons accidentels si probables ; des carambolages si …fortuits.
Ah oui, l’autre délit : celui de manifester assit ! Sonko était assis dans son véhicule qui « roulait » de chez lui à la stèle Mermoz, bien encadré par les forces de…l’ordre. Il était assis pendant presque deux heures dans son véhicule immobilisé ! Quand est-ce qu’il a marché le pauvre. Il avait même les jambes si ankylosées à force d’être assis qu’il est sorti se dégourdir. C’est une marche ça ? La seule fois où il a peut-être marché, c’est quand il a accepté, à la demande de ses avocats et l’accord du préfet, de quitter sa voiture pour aller dans celle des flics. Et voilà le délit qui lui vaut un kidnapping, il est vrai, rondement mené.
Ah ces nouveaux délits !
Délit de massage et…d’érection ; délit « d’intention » de marcher reproché à Guy Marius Sagna et compagnie ; délit « d’appel à la résistance ». En réalité, il s’agit du délit du respect de la Constitution. Parce que celle-ci le reconnait à tout citoyen. Dans une République citoyenne, s’entend ! Délit de choisir son chemin pour aller tailler bavette avec son pote juge ; délit de s’assoir dans sa voiture qu’elle roule ou pas en regardant des gens qui vous veulent du bien, vous acclamer ; délit « de non-responsabilité » de troubles à l’ordre public, puisque vous étiez immobilisé de force dans votre voiture par les forces de l’ordre aux ordres d’un préfet très vitaminé. Délit de « marcher assis » dans une voiture. C’est vrai que c’est ridicule comme façon de marcher ! Et Sonko, pourquoi tu n’as pas carrément marché pour t’éviter un délit si ridicule ? Pas joli ça dans ton futur casier judiciaire. Et notre inutile machin chose de Cnra veut nous en rajouter d’autres : délit de diffusion en direct des manifestations ; délit d’inviter des personnes ressources (de tous bords, il faut le préciser) pour commenter et analyser ce qui se passait dans nos villes et nos rues.
Il y a certaines maladies dont on ne guérit pas. Le droit à l’information crédible est de celle-là. Et en la matière, notre machin chose inutile est en de bonnes mains.
Parti pris. Intime conviction. On ne sortira pas de là. Il faut choisir de quel côté du ring on s’assoit ; quel boxeur on soutient.
Parti pris pour la refondation de notre République gravement abimée (souillée, comme l’écrit mon ancien prof à De Gaulle. Salut à toi).
Parti pris pour la crédibilisation de nos institutions, dont la Justice.
Parti pris pour dire non aux violences (et les menaces) policières.
Parti pris pour dire que la prison est simplement un lieu privatif de liberté, mais pas un lieu où on torture, humilie. Salut Guy. Courage Marius. Avec toi Sagna. Résistance Ousmane.
Je suis Sonko. N’en déplaise aux hypocrites qui se cachent derrière des « objectivités » inexistantes. Des objectivités hypocrites qui masquent les privilèges immérités. Les républicains n’ont pas (n’ont plus) le choix : ils doivent défendre la République et tous ses attributs et non ces balafres qu’on lui inflige. Et qu’aucune épée de Damoclès de délits farfelus n’altère notre devoir (et droit) d’indignation. De résistance.