Privation de presse…

par pierre Dieme

La presse n’était donc pas admise hier à couvrir la session plénière qui a abouti à la levée de l’immunité parlementaire du député Ousmane Sonko à l’Assemblée nationale. Ce qui ressemble fort bien à une méthode clandestine de gouvernance. Une triste image. En démocratie, la transparence doit être le maître-mot. La presse doit y jouer un rôle crucial. À l’ère du numérique, il est même inconcevable de chercher des prétextes fallacieux pour justifier l’absence des médias.

Voilà, c’est la parlementaire Mame Diarra Fame qui s’est transformée en reporter avec un “live” sur sa page Facebook très suivie. Près de 30 mille followers. Il a été même repris par des médias dits classiques, la finalité étant d’informer. Une démarche du député qui ne manque pas de curiosités liées à sa personnalité. Avec des commentaires souvent désopilants. Elle choisit ses cibles, décide de qui elle doit filmer ou non, fait ses plans larges et rapprochés, commente, rigole non sans désinvolture. Tant mieux, l’essentiel est qu’elle a bien rempli le vide laissé par la presse.

Même si c’était clandestinement. Ce huis-clos est une véritable incongruité. Il montre surtout que la presse au Sénégal a beaucoup perdu de sa superbe pour être ignorée, marginalisée de la sorte. En réalité, celui qui a qualifié pompeusement la presse de “quatrième pouvoir”, voulait juste nous faire un bon massage. Nous n’avons jamais été un “quatrième pouvoir”. Mais nous savions exiger le respect. Avec autorité.

Ce n’est plus le cas. C’est dommage. Si l’hyène ose s’attaquer à un homme valide, c’est à cause de sa nonchalante démarche. Traduction littérale d’un proverbe wolof. La presse sénégalaise doit se regarder et changer de démarche, s’il le faut. Nous n’avons plus fière allure. Nous avons perdu notre assurance et notre prestance. Les hyènes sont plus que jamais devenues menaçantes. Nous sommes des cibles faciles.
Miim Reew

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