“Adji Sarr fait l’objet de double peine”

par pierre Dieme

La coordonnatrice de Aar Li Nu Bokk était, ce samedi, l’invitée du Grand Oral. Sur les ondes de la 97.5 Rewmi Fm, Ndèye Fatou Ndiaye Diop Blondin est revenue longuement sur l’affaire Sonko/Adji Sarr. Morceaux choisis.

Vous avez été dans la coalition Sonko Président. Ousmane Sonko est aujourd’hui mêlé dans une affaire de mœurs qui semble virer à une affaire d’Etat. Quelle lecture en faites-vous de cette affaire?

Moi, je me mettrais un peu au-dessus en ce sens que je m’inquiète beaucoup sur l’avenir de la démocratie dans beaucoup de pays.  Ce n’est pas seulement au Sénégal. Ce n’est pas seulement en Afrique. En réalité, on voit un peu partout des tours de vis pour serrer la société pour n’importe quelle raison. Ça se traduit par le djihadisme dans les pays voisins. On a commencé à en faire entorse aux libertés publiques. Et aujourd’hui cette affaire qui évidemment a sonné comme une affaire de mœurs est en train d’être transformée à une affaire d’insurrection d’après les rumeurs que nous avons. Ce, avec des anticipations sur d’éventuels droits à résister face à des tentatives de ballonner ces droits qui sont consacrés dans la constitution. Et ces droits ne sauraient être assimilés à venir enfreindre la liberté. Il ne faut pas faire la confusion. Nous avons pour preuve comment le président Wade en son temps à résister. Comment Macky Sall quand il était dans l’opposition à résister. Il a eu à tenir des actes graves allant jusqu’à menacer à aller déloger le président Wade du palais. Et que je sache personne n’est venu lui dire que les marrons du feu avec qui ils s’accompagnaient (…).

Selon vous, doit-on laisser les Sénégalais appréciés ?

Il n’était pas question vu sa trajectoire de venir tenter de l’emprisonner en cherchant tout prétexte. Parce que des questions de mœurs se sont transformées en une question de moralité. Les Sénégalais auront peut-être jugé est-ce qu’ils sont d’accord ou pas d’avoir un leader qui se fait masser dans un salon et assis et qui se fait masser dans une maison avec la famille où il y’a des caméras où il y a des gens tel qu’il l’a déclaré. Ou il préfère quelqu’un qui leur aura pris lui et son frère près de 6000 milliards avec un trafiquant de drogue international, avec des transferts de fond dans des comptes offshores, une vingtaine de dossiers déclinés chaque année par les instances de contrôle (…). C’est une question que les sénégalais doivent trancher et ça je peux être d’accord là-dessus. Mais venir monter tout un dossier en tout cas qui a suscité l’émoi au départ. Si ce qu’on lit est vrai voir que dans les procès-verbaux il y’a en réalité beaucoup de question qu’il aurait fallu se poser avant d’en arriver là. Si jamais les PV qui ont fuité s’avèrent exactes c’est quand même dommage. Parce que nous avons plus de 700 morts avec la Covid. Nous devons aborder la vaccination. Nous avons des enjeux économiques énormes. Et c’est dommage de consacrer autant de temps à une affaire qui a été créée de toutes pièces.

Vous êtes d’avis qu’il s’agit de complot ?

Je suis absolument pour la thèse du complot. Vous savez nous sommes passés depuis 2012 par maintes péripéties. On commence toujours par une moitié de vérité qui finalement s’avère un mensonge. Parce que si les gens étaient d’accord pour la réédition des comptes concernant Karim Wade, à l’arrivée il n’en reste rien. Si les personnes se posaient des questions sur la gestion de la mairie de Dakar, comment l’affaire a été menée. On est passé par toutes les étapes pour respecter le timing pour qu’il ne se présente pas aux élections. On vient même vilipender les décisions des cours de la Cedeao, des nations unies. Ça devient une vindicte personnelle vis-à-vis une attaque personnelle. Ça veut dire aujourd’hui on dit au départ qu’il y’a une affaire de mœurs et moi je suis une maman, je suis une femme et je m’arrête pour me poser des questions. Après que j’ai vu le déroulement des événements je me suis dit que ce n’est pas possible. On ne peut pas mettre sur la place publique une affaire comme ça avec un fond de dossier de cette nature. C’est quand même quelque chose qui a été voulue ainsi. Et en quelle que sorte à en mettre en mal l’image d’une personne auprès de la population. Maintenant comme la machine est enclenchée, il va falloir avoir quelque chose sous la dent (…). Mais la jeunesse à qui on a consacré le droit de résistance si elle voit celui en qui ils ont porté leur espoir est en train d’être sacrifié cette jeunesse se lève pour s’ériger en bouclier pour que le projet ne puisse pas aboutir.

Ne pensez-vous pas que Sonko a prêté la flamme et que ce dossier invoque la moralité des hommes politiques ?

C’est-à-dire aujourd’hui il est question de droit. Parce que quand il y’a la question de moralité il faut laisser la population apprécier. Mais, il ne faut pas créer des événements pour anticiper des verdicts. C’est ce qui me pose problème. Que les sénégalais disent qu’une personne qui se fait masser ne nous convient pas comme personnalité, on y peut rien. Mais quand on le fait passer par une petite-fille qui a 20 ans pour moi elle est l’agneau de sacrifice. Elle fait l’objet de double peine. La peine de la précarité qui l’a amené dans des situations où elle se met en danger de façon assez permanente depuis assez longtemps. Et elle est instrumentalisée par des gens qui ont des projets qui la dépassent complètement. Elle se retrouve au milieu d’une affaire qui la dépasse (…). C’est incroyable. Une jeune fille qui se dit victime, on cherche une personne qui n’est au courant de rien, avec un dossier bien ficelé. Le crime était très parfait. Les questions ont été posées et très peu de réponse ont été apportées. Pour moi ça ne peut qu’être une fabrication de toutes pièces. On parle que de Sonko mais il y’a d’autres qu’on est en train de persécuter. On ne va pas accepter l’inacceptable.

Les organisations féminines n’ont pas été trop entendues dans cette affaire. Pourquoi cet état de fait?

Pour moi, pour condamner une chose il faudrait que cette affaire ait lieu. Au moment où le médecin dit qu’il ne peut y avoir de viol en tout cas sur un certain délai mais je me dis que se servir même du viol de cette manière-là ne sert pas la cause des femmes. Parce que nous voulons protéger des gens. Ce n’est pas une bataille contre les hommes et c’est maintenant criminalisé. L’idée est que pour servir les causes féminines il faut que ce soit des causes justes. Sinon ça devient de la propagande vidée de sa substance et fragiliserait les vraies victimes de viol.

Cheikh Moussa Sarr 

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