Les populations du Ndiayel, dans le Nord du pays, ont dénoncé avec la dernière énergie, au cours d’une conférence de presse, la spéculation foncière autour des 20 mille hectares de terres initialement octroyés il y a 10 ans par l’Etat à la société Senhuile et qui aujourd’hui «ont fait l’objet de plusieurs transactions douteuses». Ces populations, réunies autour d’un collectif regroupant 37 villages, accusent Franck Timis, qui en serait l’actuel propriétaire, de vouloir céder ces terres à des hommes d’affaires du Moyen-Orient et exigent du gouvernement qu’il les leur restitue.
Un vent de rébellion souffle à nouveau sur le Ndiayel, une zone située dans le Nord du pays. Les populations de cette partie du pays sont très déterminées à se voir restituer les 20 mille hectares cédés par l’Etat, il y a 10 ans à la société Senhuile. Face à la presse, ils ont dénoncé cette situation qui, à leurs yeux, est inacceptable et incompréhensible. En effet, selon Ardo Sow, l’un des porte-parole du jour du collectif des 37 villages du Ndiayel, mis en place pour porter cette affaire sur la place publique, ce qui se passe dans le Ndiayel est sans commune mesure avec ce qui s’est passé ailleurs, notamment à Ndingler et à Dodel dans le Fouta où on parlait respectivement de 300 et 10 000 hectares de terres bradées. Ici explique-t-il, il s’agit plutôt de 20 000 ha qui, sous les régimes des Présidents Abdoulaye Wade et Macky Sall, ont été affectées à des étrangers, plus précisément la société Shenhuile qui a d’ailleurs plié bagage depuis longtemps non sans avoir cédé l’espace à l’homme d’affaires Franck Timis.
Ces populations, qui soupçonnent l’homme d’affaires de vouloir vendre ces terres à des hommes d’affaires du Moyen-Orient, ont tenu à alerter le président de la République mais aussi l’opinion sur les risques qui pèsent sur l’avenir de la zone avec le bradage de ces 20 000 ha dont l’objectif de départ fixé par les premiers promoteurs, la société Shenhuile, a été détourné.
Pour le porte-parole du collectif des 37 villages du Ndiayel, les différents projets déroulés sur le terrain se sont tous soldés par des échecs patents car il n’y a rien à comparer entre les prévisions en termes de production annoncées par les promoteurs de Shenhuile au départ et les maigres résultats obtenus. «La seule chose qui a avancé, c’est la spéculation foncière qui a fait que le terrain s’est retrouvé entre les mains du sulfureux homme d’affaires dont les sociétés sont immatriculées dans les paradis fiscaux, ce qui est un scandale», fait remarquer le porte-parole des populations. Qui ajoute que «trop, c’est trop» avant d’interpeller les président de la République sur la souffrance que vivent les populations de cette zone face à cette triste situation qui a déjà fait plusieurs morts surtout parmi les enfants exposés aux canaux à ciel ouvert, abandonnés à cause de l’inexploitation d’une bonne partie des 20 000 ha. Ces populations qui se disent prêtes à s’opposer à la vente du terrain par tous les moyens, y compris même au sacrifice de leur vie, ont invité le président de la République à se saisir de cette affaire comme il l’avait fait à Dodel pour non seulement mettre fin à la spéculation mais aussi restituer l’espace aux riverains afin qu’ils puissent l’exploiter en collaboration avec les collectivités locales.
Le premier adjoint au maire de Ngnith, Bael Sow, lui souligne qu’en plus des griefs énumérés par son camarade, les populations déplorent que des hommes d’affaires, qui avaient pour vocation de faire de l’agro-industrie, se mettent à louer l’espace à des exploitants qui y cultivent des spéculations produites par les producteurs de la zone. Pour mettre fin à cette contradiction qui cause, selon lui, beaucoup de tort aux populations, il a lui aussi invité le chef de l’Etat à prendre en charge la question pour «mettre fin à ce trafic».
Il y a un peu moins de 10 ans, l’Etat avait octroyé à la société Senhuile 20 000 hectares de terres à Fanaye dans le département de Podor. Devant le refus catégorique des populations qui s’étaient farouchement opposées à l’installation de la firme italienne et l’insistance de l’ancien président du Conseil rural de la zone, soutenu par une partie de la population, il s’en était suivi des heurts qui avaient provoqué la mort de trois personnes. Le président de la République avait alors décidé de la délocalisation du projet dans le Ndiayel, dans le département de Dagana, où il a été implanté. Mais jamais la société Senhuile, qui s’est encore heurtée au refus des populations, n’a été capable d’exploiter correctement les 20 000 ha.