Il ne reste que l’arrestation, et, qui sait, l’exécution, d’Ousmane Sonko, l’opposant émergent, pour que le cycle des arrestations qui s’est levé comme ce vent rouge menaçant ayant recouvert hier, tel un linceul le Sénégal, ne finalise l’enterrement de sa démocratie.
Les augures sant mauvais. Comme aux temps des raffles nazies. Ceux des chasses aux sorcières contre les communistes sous la férule du Sénateur américain McCarthy et du redoutable patron du FBI, Edgar Hoover, ou encore les disparitions d’adversaires politiques dans des régimes sanguinaires, notamment dans l’Irak de Saddam Hussein, l’URSS de Joseph Staline, et la Turquie de Recceyp Erdogan.
C’est aussi dans cette triste et tragique, bientôt meurtrière catégorie d’états illiberaux, illégaux et arbitraires, que s’inscrit désormais ce Sénégal qui s’écarte chaque jour davantage des sentiers de la vertu pour s’engager dans ceux de la criminalité d’état.
Il est en passe de devenir un nouvel archipel des goulags, pour reprendre la description d’Alexandre Soljenitsyne parlant du climat de terreur de la défunte république des Soviets.
Une chape de plomb s’est abattue sur la société sénégalaise qui se tait alors que des sénégalais sont arrêtés dans une chasse à l’homme -a la femme aussi!- orchestrée, sous l’autorité illégitime d’un état mafieux, par des forces de l’ordre et de la sécurité, et des magistrats venant en appoint.
C’est du jamais vu dans l’histoire du Sénégal. Même du temps des partis clandestins, pendant la guerre froide, ou à l’aube de la restauration démocratique, notre pays n’a connu pareille débauche de forces sécuritaires pour traquer et mettre en prison des citoyens au seul motif qu’ils sont dans une mouvance politique n’ayant pas l’heur de plaire à un pouvoir totalitaire.
Qu’on soit pro ou contre Sonko, qu’on trouve maladroite sa visite dans un salon de massage, qu’on puisse refuser de l’absoudre dans l’accusation, fondée ou non, de viol qui lui est imputée, le fait est la: l’Etat du Sénégal en profite pour déraper et régler des comptes contre des citoyens.
Sa volonté de fouiller dans les comptes numériques de ses cibles comporte un grave danger: elle menace nos libertés. Or, personne ne l’a vu, dans un passé récent, faire montre du même enthousiasme inquisiteur. Ni quand il s’est agi de vérifier les magouilles sur le mega-scandale Petrotim, sur les insultes de CISSE Lo, mouillant la Première Dame et Yakham Mbaye, ni sur les nombreux crimes économiques qui obstruent la vue et l’avenir des Sénégalais et que l’on sait commis par l’état et ses alliés politiques actuels.
Trop, c’est trop: ces arrestations sont des violations des droits de l’homme. Ce sont des abus des droits. Des atteintes aux normes démocratiques.
Que des propos insultants ou insurrectionnels aient pu être échangés maladroitement ou dans un excès du à une inexpérience voire à un fanatisme politicien nouveau, mérite cettes des remontrances mais en profiter pour demander un parti politique, Pastef et arrêter ses membres, c’est inacceptable. C’est un projet d’assassinat de notre démocratie. Il faut s’y opposer.
Le Sénégal n’a pas vocation à être une prison à ciel ouvert dans l’unique but de permettre à un Macky SALL dépassé par sa banqueroute de se tailler un autre illégitime mandat à sa tête.
L’heure du refus est venu. Celui de dire halte à ce régime délinquant, spécialisé dans les viols de la démocratie, afin de l’obliger à arrêter ces arrestations indignes de notre nation.
Qu’il le sache d’ailleurs: elles ne font pas peur et n’empêcheront pas qu’il soit combattu.
En ce sens, les missions diplomatiques qui sont au Sénégal, nos partenaires bilatéraux et multilatéraux, les chefs religieux du pays, ses intellectuels, sa diaspora, sa classe politique, tous les sénégalais doivent freiner, arrêter, dénoncer, combattre ces dérives qui déshonorent notre pays.
Elles ne portent qu’une seule signature: Macky SALL ! Et donc c’est vers lui d’abord que doivent s’orienter les efforts pour en finir avec ce déshonneur et cette faillite, sur fond de ses crimes imprescriptibles. Infligés au Sénégal.
Adama Gaye est un opposant au régime de Macky SALL vivant en exil.
Ps: Défendre les droits et libertés des militants de Pastef ne signifie pas, pour n’a part, adhérer à leurs méthodes. Je rejette leur insolence, leur dictature d’une pensée unique et leur conviction que leur leader doit par force nous diriger.
Je ris de leurs enfantillages autour de vacances agricoles “patriotiques”, de leur réthorique anti-système et de leur don de sang (qui pouvait se solder par du sang contaminé et debouche sur la capture de l’ADN de Sonko!).
La démocratie, c’est le débat d’idées et la liberté de choisir des électeurs. En voulant s’imposer par les insultes, Sonko et sa bande ont franchi beaucoup de zones de droit pour s’installer dans une culture imaginaire de l’impunité. Elle les rattrape.
Je souhaite qu’une fois revenus de leurs tourments actuels, ils seront de bons démocrates.
Sénégal: Arrêtez les arrestations Par Adama Gaye*
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