Validé sans appel d’offres, le projet de centrale à 350 millions d’euros et 100% sénégalais suscite son lot de critiques à Dakar et ailleurs. Mais l’ancien ministre de l’Énergie a des alliés et des arguments
Validé sans appel d’offres, le projet de centrale à 350 millions d’euros et 100% sénégalais suscite son lot de critiques à Dakar et ailleurs. Mais l’ancien ministre de l’Énergie a des alliés et des arguments. Suffiront-ils à faire la différence ?
C’est un projet qui va être regardé de près au Sénégal et plus largement dans le monde énergétique africain.
Début octobre, West African Energy, une société constituée par des hommes d’affaires sénégalais dont le controversé ancien ministre de l’Énergie Samuel Sarr, a signé un contrat avec la société turque Çalik Enerji et le groupe américain General Electric (GE) pour la construction d’une centrale électrique à gaz de 300 MW au Cap des Biches à Rufisque, à une vingtaine de kilomètres de Dakar.
Conséquent en termes de puissance, le projet, chiffré à 350 millions d’euros, est surtout le premier à être porté à 100% par des acteurs privés nationaux. De quoi faire de West African Energy un modèle en cas de succès ou un repoussoir en cas contraire dans le cadre d’un test grandeur nature de la stratégie « gas to power » du Sénégal.
Un bouclage rapide
À l’heure du démarrage, le projet semble prometteur. Remarquée par les acteurs du secteur, la rapidité de son développement, en un an, a été saluée par le ministre de l’Économie, Amadou Hott, lors de la cérémonie de signature.
Après la conclusion d’un accord (MoU) entre West African Energy et la Société nationale d’électricité (Senelec) en octobre 2019, le contrat d’achat d’électricité (power purchase agreement, PPA) a suivi en juin 2020 puis la conclusion du contrat de construction en octobre, avant le lancement des travaux ce mois de novembre.
Quant au closing financier, impliquant notamment l’Africa Finance Corporation (AFC) à hauteur de 130 millions d’euros et la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) à hauteur de 100 millions, il doit être bouclé avant la fin de l’année. Coris Bank doit aussi apporter 22 millions d’euros quand les actionnaires privés sénégalais mobilisent 42 millions d’euros de fonds propres.
Un droit de regard pour Senelec
À cette rapidité s’ajoutent des gages de sérieux, notamment sur le plan technique. Le choix du constructeur comme du fournisseur de turbines ne fait pas débat. Si le groupe turc Calik Enerji ne compte que deux réalisations sur le continent – une centrale à gaz à cycle simple de 550 MW à Khoms en Libye et l’extension de 18 MW d’une centrale hydro-électrique de 93 MW à Tedzani au Malawi – il a fait ses preuves en Europe orientale et au Moyen-Orient, en particulier sur les centrales à gaz à cycle combiné (la technologie utilisée par le projet sénégalais) et sur le respect des délais.