Affaire Hissène Habré: les familles des victimes veulent toujours voir l’ancien président derrière les barreaux !

par pierre Dieme

Que l’ancien Tchadien purge sa peine à vie par les Chambre Africaines Extraordinaires. C’est le vœu le plus ardent de l’association des victimes des crimes du régime de Hissène Habré(Avcrhh). Ladite association s’oppose à la demande de grâce qui aurait été formulée par la famille de Hissène Habré auprès de l’Etat du Sénégal.

L’association des victimes des crimes du régime de Hissène Habré(Avcrhh) s’insurge contre toute volonté de l’Etat du Sénégal de gracier l’ancien président Tchadien. La dite association exige que M Hissène Habré purge l’intégralité de la peine de la réclusion à vie dont il a été condamné par les Chambres Africaines Extraordinaires(Cae). « Le Sénégal  ne  peut  pas  gracier  un  criminel contre l’humanité. Plusieurs sources ont révélé que la femme et les soutiens de Hissène Habré ont rencontré des responsables politiques et religieux sénégalais afin de leur demander  qu’une  grâce  soit  accordée  à l’ancien président tchadien. Notre association, qui représente des milliers de ses victimes, rejette cette demande et exige que, conformément  au  verdict  historique  prononcé par les Chambres Africaines Extraordinaires  (CAE)  et  aux  obligations internationales  du  Sénégal,  M.  Hissène Habré purge la peine de la réclusion à vie à laquelle il a été condamné » lit-on dans un communiqué qui nous est parvenu.

Pourquoi il faut maintenir Habré en prison
Pour rappel, l’ancien président Tchadien a été condamné le 30 mai 2016 pour crimes horribles – des milliers d’assassinats, de la torture systématique, de l’esclavage sexuel, des viols par à vie par les Chambres Africaines Extraordinaires. Ceci est l’aboutissement de 26 ans d’efforts consacrés par les victimes de ce crime contre l’humanité.

Voilà que 5 ans après que les Chambres ont rendu le verdict, la plaie reste toujours béante chez ces victimes. On aura compris pour l’Avcrhh que la condamnation de Habré à vie par la Cae, même si elle constitue un soulagement, ne la suffit guère. L’association veut voir toujours l’ancien président Tchadien derrière les barreaux.

En effet ,l’Avcrhh ajoute que ce jugement « exemplaire », fait l’honneur du Sénégal et de l’Afrique. Les obligations internationales du Sénégal interdisent le recours à la grâce. En  effet,  le  statut  des  CAE  est  clair  sur  la question. L’article 26.3 prévoit expressément que l’Etat de l’exécution des peines, ici le Sénégal, est lié par la durée de la peine prononcée  par  les  Chambres.  L’octroi  d’une grâce présidentielle violerait ainsi les obligations  découlant  de  l’accord  signé  avec l’Union Africaine. Ce principe a été souligné dans le jugement de la Chambre africaine extraordinaire  d’appel  du  27  avril  2017. Celle-ci a déclaré que le Sénégal ne peut en aucun  cas  (…)  altérer  la  nature  de  cette peine, afin de ne pas remettre en cause son caractère véritablement international.

 M. le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Malick Sall  a confirmé à juste titre que  
Le Sénégal n’a pas le pouvoir de gracier Hissène Habré .Il faut aussi rappeler que le Comité contre la torture des Nations Unies a déjà écrit  au  Sénégal  en  décembre  2019  pour réaffirmer que « la libération prématurée des auteurs des crimes internationaux les plus graves n’est pas conforme aux obligations » de la Convention de l’ONU contre la torture  et  autres  peines  ou  traitements cruels, inhumains ou dégradants, dont l’obligation de réprimer les actes de torture par des peines prenant en compte la gravité de leur nature.

 Selon le rapporteur du Comité, il ne faut pas qu’il y ait « de recours à une mesure  déguisée  d’amnistie,  et  que  si d’aventure l’état de santé de Hissène Habré ne permettait pas le maintien en détention de  celui-ci,  il  fallait  que  ce  soit  avéré  »  a conclu Clément Abaifouta, président de l’association des Victimes des Crimes du régime de Hissène Habré  AVCRHH) dit attirer l’attention sur le fait que les Chambres ont ordonné à Habré de payer 82 milliards de francs CFA aux 7 396 victimes désignées.

A en croire leur président le condamné n’a toujours pas versé un seul centime aux victimes. Hissène Habré a caché, et cache toujours, l’argent qu’il a volé au peuple tchadien.

Le Témoin

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