Me Khoureychi Ba, avocat de Sonko : «Ce dossier est d’une vacuité extraordinaire»

par pierre Dieme

Me Koureychi Bâ fait partie du pool d’avocats qui défend Ousmane Sonko. Dans ce bref entretien avec iGfm, il explique l’objet de la correspondance qu’ils ont envoyée au commandant de la brigade de recherche de la gendarmerie et donne son avis sur le dossier.

Quel était l’objectif visé pour la correspondance envoyée au commandant de la Brigade de Recherche ?

L’objectif de la correspondance c’était de lui rappeler le dispositif constitutionnel et la loi organique portant règlement intérieur de l’Assemblée nationale, tous relatifs au statut du député, notamment à l’immunité parlementaire. Et que la convocation  qu’il avait envoyée le samedi pour le lundi 8  février était totalement  en déphasage et en rupture par rapport à l’équilibre voulu par le législateur. Il lui fallait  donc revenir aux fondamentaux, c’est-à-dire au respect des  dispositions là. On lui a montré le chemin.

C’était donc pour faire respecter la procédure en la matière ?

Il fallait  respecter ces dispositions, sans lui rappeler ce que disaient ces dispositions. Car il est sensé les connaître, c’est un officier de police judiciaire. Et nous avons fait ampliation au procureur de la  république et Monsieur le président de la chambre d’accusation. Le procureur est le chef des enquêteurs. Le président de la chambre d’accusation est leur juge. C‘est lui qui juge les abus et excès des Officiers de police judiciaire (Opj) qui peut même mettre fin à leur carrière ou les suspendre.

Et vous avez obtenu gain de cause..

Tout est rentré dans l’ordre. Malheureusement cette convocation inopportune a créé des vagues et suscité les évènements que nous avons vécus. Que nous déplorons. C’était inéluctables. C’est les risque qu’on encourt en violant les dispositions légales.

Cela vous rassure-t-il que l’officier judiciaire, censé connaître la procédure en la matière, emprunte une telle voie ?

L’officier de police judiciaire c’est quelqu’un qui n’est pas obligé d’exécuter les ordre quand  il sait que ces ordres sont en rupture avec la loi. Personne ne peut  exécuter un ordre manifestement illégal. Quand on vous demande d’aller interpeller Monsieur Sonko dans ces circonstances, parce qu’une convocation c’est une interpellation, je pense qu’ils sont assez bien formés pour opposer leur refus. Les citoyens ont des droits et devoirs et il faut être exigeant sur leur respect, c’est ce qui valide les  procédures. On ne peut pas continuer, au Sénégal, de marcher sur les Droits des gens d’une telle manière.

Heureusement que tout est rentré dans l’ordre, ils ont compris qu’il fallait passer, dans ce cas précis, par l’Assemblée nationale et solliciter la levée de l’immunité qui sera faite certainement. On n’en doute même pas. Dès qu’il s’agit d’Ousmane Sonko, dans cette assemblée nationale monocolore, où il ne compte pas que des amis, la résolution sera votée. Et il l’a dit, dès que ce sera voté, à l’heure suivante s’il le convoque il va déférer allègrement à la convocation.

Avez-vous des nouvelles des militants de Sonko interpellés ?

Malheureusement au moment où je vous parle, nous n’avons pas encore les échos (Ndlr : l’entretien a été fait dans la nuit du lundi) Effectivement, les partisans ont été arrêtés en grand nombre, on ne sait pas si la meilleure solution est d’unifier les procédures à partir de ces arrestations. En tout état de cause, le parti de Sonko est en train de faire le point. S’il nécessite d’urgence l’assistance d’avocats, nous prendrons les  dispositions idoines pour les assister.

Que pensez-vous de ce dossier, l’accusation de viol présumé dont fait l’objet votre client ?

C’est un dossier d’une vacuité  extraordinaire, un dossier qui a été  monté à la hâte et très mal. Je pense qu’un scénariste moyen de petit film à l’eau de rose, un film de Bollywood, en rirait. Ce n’est pas très sérieux, pas très rigoureux, l’accusation est très bancale et je doute que des gens sérieux puissent investir leur énergie dans la poursuite d’un tel dossier, au risque de se décrédibiliser au risque d’entacher  durablement l’image du Sénégal. c’est un dossier qu’il faut arrêter tout de suite  si on va vraiment jusqu’à solliciter les honorables députés pour la levée de l’immunité  parlementaire de leur collègue Ousmane Sonko, parce qu’ils ne sont mus que par la haine, ils vont causer un grand tort aux sénégalais, à l’image de notre pays. Parce que la poursuite de cette affaire va receler énormément de désagréments pour nous tous, mais surtout pour les auteurs de cette cabale sans nom.

Youssouf SANE

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