La tribune co-signée par Macky Sall, Emmanuel Macron, Angela Merkel, Antonio Guterres, Ursula von der Leyen, Charles Michel dessine le visage d’un monde d’après COVID-19, assez intéressant.
Le multilatéralisme « plus solidaire » qui y est prôné, « dans le respect de nos différences et de nos valeurs communes inscrites dans la Déclaration universelle des droits de l’homme », devrait contenter tous ceux qui aspirent à une meilleure gouvernance du monde à travers un changement de paradigmes et d’approches en matière de coopération.
Cependant ces formes de discours angéliques qui encadrent les relations internationales n’ont que trop duré. Une réalité cynique est, bien au contraire, entretenue à la place d’un multilatéralisme solidaire.
Et ce sont les pays africains qui en pâtissent.
Un multilatéralisme solidaire n’aurait jamais permis, par exemple, le maintien des relations monétaires que la France entretient avec les États de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA).
L’approbation par le parlement français de l’accord de coopération entre le gouvernement de la République française et les gouvernements des États membres de l’UMOA permet aujourd’hui de continuer à affaiblir les économies de l’organisation sous-régiona le et de protéger les multinationales européennes. Les investisements en euro sont sécurisés, ainsi que le rapatriement des bénéfices des multinationales qui viennent booster les économies européennes.
Les importations continuent à être valorisées au détriment des exportations. La marge de développement à travers une gestion efficiente de chaînes de valeurs et une exportation plus accrue de produits découlant de nos matières premières, est ainsi réduite pour toujours.
L’Eco a été ainsi angéliquement transformée en FCfa bis.
Cette forme de multilatéralisme à géométrie variable trouve la complicité de nos chefs d’Etat africains qui dénoncent sans agir. Et préfèrent le plus souvent se taire.
La réforme du FCfa n’a jamais été abordée et explicitée par nos gouvernants. C’est la France qui a décidé, c’est aussi elle qui appliquera. Elle est dans l’unilateralisme. Nos pays ne feront que suivre.
Le multilatéralisme nouvellement prôné ne sera malheureusement pas alimenté par les propositions de nos chefs d’Etat. Ces derniers surfent dans l’unilatéralisme multiséculaire des pays développés et crédibilisent sa transformation escroquée en multilatéralisme.
Que nos chefs d’Etat africains prennent leur courage à deux mains et agissent sur la réalité que vivent leurs populations. Nos valeurs, nos us et coutumes constituent une richesse dans la kaléidoscope du monde de la culture et non une tare à laisser enterrer.
Nos ressources naturelles doivent profiter à nos populations.
Le combat pour un monde affranchi de facteurs exogènes doit commencer par l’abolition de l’exploitation de l’homme par l’homme, sous toutes ses formes.
Dans le cadre d’une approche multilatéraliste, il revient aux dirigeants des pays développés de nous écouter. Ils ont beaucoup trop parlé et beaucoup trop fait contre les peuples africains.
Thierno Bocoum
Président du mouvement AGIR
Que nos chefs d’Etat africains ne soient pas complices de la transformation escroquée d’un unilatéralisme multiséculaire en multilatéralisme
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