Avec l’apparition du variant britannique, le Sénégal se trouve dans un tournant dans la lutte contre le Covid-19 qui pourrait être endigué par une vaste campagne de vaccination. La surveillance épidémiologique se poursuit après qu’un seul cas issu du variant britannique a été découvert au Sénégal le 29 janvier dernier. Professeur Souleymane Mboup, qui avait révélé avant-hier la présence du variant britannique dans notre pays, en a donné à nouveau l’assurance hier au cours d’une séance académique virtuelle organisée par l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (Ansts).
Selon le président de l’Institut de recherche en santé, de surveillance épidémiologique et de formation (Iressef-Diamniadio), les nouveaux variants sont arrivés au Sénégal, mais ils sont à «une très faible circulation». «Parce que, dit-il, s’ils étaient trop dominants, on les aurait trouvés facilement. Le fait qu’on ait pioché montre qu’ils circulent certainement, mais à une «très faible proportion». Quid de l’immunité collective ? «Des études qui sont faites à l’Iressef ont montré qu’il y avait la circulation du coronavirus dans beaucoup de populations avec une moyenne à peu près de 20% de la population qui certainement étaient contaminés, mais ne l’ont pas su et peut aller jusqu’à 40% dans certaines populations.
Donc le virus circulait et il y a une immunité. Mais pour que cette immunité collective soit efficace, il faut qu’elle soit au moins de 75 à 80-85%. Ça dépend des hauteurs. Et ça, c’est avec la vaccination qu’on peut l’obtenir. Donc c’est le vaccin qui nous permettra de nous en sortir.» Corroborant les propos de son collègue, Pr Papa Salif Sow a assuré que «le vaccin marche. Il n’y a pas de doute, mais il est normal que les gens se posent des questions». Que faire pour convaincre les sceptiques en prélude de la campagne de vaccination ? L’expert en santé globale et diplomatie, et spécialiste des maladies infectieuses et tropicales, a insisté sur l’approche communautaire. Il préconise le développement d’un plan de communication afin d’expliquer l’importance de la vaccination en associant dans la démarche les leaders communautaires et religieux.
Par ailleurs, Pr Papa Salif Sow estime qu’il faut décentraliser la vaccination, mais surtout s’attaquer aux fake news, en trouvant les moyens de freiner «cette pandémie de fausses nouvelles», dit-il. «Vaccinez-vous, c’est cela qui va nous permettre de mieux juguler la pandémie», a-t-il ajouté à l’endroit des récalcitrants. Selon lui, 84 millions de personnes ont été vaccinées dans 60 pays, à travers le monde, à la date d’hier. Sur ce nombre, dit-il, les effets secondaires constatés sont mineurs. Il s’agit, poursuit-il, d’un peu de fièvre et de fatigue.
«Mais on n’a pas noté de choses extraordinaires. Par contre on a noté 21 cas de réaction d’allergie, et 11 avaient déjà des antécédents d’allergie. Il n’y a pas de mort pour le moment», précise-t-il. Prenant l’exemple d’Israël, Pr Sow soutient qu’il a été noté, en citant le quotidien britannique Times, une baisse de 60% des cas d’hospitalisation chez les patients de 60 ans, un mois après le début de la vaccination. «Ça veut dire que le vaccin marche», conclut-il.
Il faut noter que le Sénégal a enregistré hier moins de cas que d’habitude. En plus de 3 décès contre 13 jeudi, 184 cas positifs ont été enregistrés sur un échantillon de 2 102 tests réalisés, soit un taux de positivité de 8,75%. Il s’agit de 64 cas contacts et 120 issus de la transmission communautaire. 166 patients ont été déclarés guéris. Alors que 49 cas graves sont pris en charge dans les services de réanimation.
A ce jour, le Sénégal a enregistré 25 mille 895 cas positifs dont 21 mille 561 guéris, 617 décès et donc 3 716 patients sous traitement.