La France a décidé, semble-t-il, de rendre les objets reliques, symbole affirmé d’une vie bien remplie.
C’est un pas, un grand pas franchi dans les rapports entre le peuple sénégalais et le peuple français.
Pour méritoire que soit ce geste très noble et qui témoigne d’une autre idée que l’on se fait des rapports entre peuples dont on attend cependant beaucoup et dans des délais raccourcis la matérialisation de cette décision, il faut élargir l’éventail d’objets à rendre en allant au bout d’une logique humaniste.
Depuis des années, en effet l’Unesco du temps de notre compatriote Amadou Makhtar Mbow avait entamé une procédure officielle de demande de rapatriement des objets d’arts et de patrimoine culturel des pays du tiers-monde gardés illégalement dans les pays coloniaux.
Puisque ces objets qui constituent des symboles de notre présence dans le monde, c’est notre mémoire historique violé, falsifié, étouffé qu’il s’agit de rendre au peuple, dont on veut faire ses héros, autrement dit son miroir après les avoir dépouillé.
On l’a dit et répéter, un peuple sans mémoire historique est un peuple infirme qui ne pourra jamais se hisser au niveau des autres peuples dans le domaine de la créativité.
Nous aurions bien aimé croire que la France des racistes, des autres même philosophes des lumières n’existe plus.
Mais la réalité des faits encore présente prouve le contraire.
La France des sans-papiers, des cerbères, des odeurs et des bruits, la senteur xénophobe à la mode, la France des charters après que nos ancêtres les tirailleurs sénégalais l’ont aidé à se libérer, cette France-là, cette nation blanche à la droite du père dit-on, dispense d’insister.
Telle est la réalité qu’aucune alchimie politique ni discours ne peut effacer encore dans la mémoire des africains.