Avec l’état d’urgence assorti de couvre-feu, dans le cadre de la lutte contre la Covid-19, c’est toute une économie nocturne chiffrée à 3% des recettes fiscales qui est mise à rude épreuve. Une situation que les débrouillards ou autres «gorgorlu » vivent péniblement, selon les économistes Thierno Thioune et Meissa Babou, enseignants à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar
L’état d’urgence assorti de couvre-feu à partir de 21 heures jusqu’à 5 heures du matin porte un sacré coup à l’économie nocturne en termes d’emploi et de revenus. Celle-ci (économie) est caractérisée par l’économie informelle et, pour la majorité, tourne 24/24 heures comme le transport urbain avec les chauffeurs de taxis, de clandos, de cars rapides, les vendeurs de chaussures de friperie, les vendeuses de poissons, les vendeurs de dîner en sandwich, de couscous (thiéré), de bouille de mil et de maïs (fondé)…, de tangana, les restaurants, les nightclubs, les bars, les hôtels… Le tout corrélé aux mesures gouvernementales prises dans le cadre de lutte contre la Covid19, « engendre d’énormes pertes d’emploi et de revenus. Ce qui prouve à suffisance que notre épargne repose essentiellement sur l’économie informelle », relève le professeur Thierno Thioune, économiste et professeur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Non sans manquer de noter que les mesures gouvernementales ont un aspect très important sur le plan sanitaire parce qu’« il y aura de très bonnes heures où le virus ne circulera pas comme il le fait dans la journée. Et c’est d’autant plus important dans la guerre contre la transmission, puisque l’on sait que l’agent pathogène du virus est d’une grande mutabilité ».
L’ECONOMIE NOCTURNE REPRESENTE 3% DES RECETTES FISCALES
Selon l’économiste, ces mesures portent cependant un lourd préjudice à cette économie informelle qui recense 80% des emplois. Autrement dit : « Dans cette économie informelle nocturne, 80% des Sénégalais qui s’y activent gagnent leur pain à partir de cette économie confinée de 21 heures à 5 heures du matin », regrette l’économiste. Et toujours selon lui : « Cette économie à l’arrêt réduit à la fois les ressources de l’Etat parce que contribuant à hauteur de 40% du Produit intérieur brut (Pib), fait chuter également le Pib du pays même si sa contribution est de 3% dans les recettes fiscales, il n’en demeure pas moins que c’est dans cette économie informelle nocturne que bon nombre de Sénégalais trouvent leur compte », a indiqué Thierno Thioune, non moins maître de Conférences titulaire à l’Ucad.
Ab ondant dans le même sens, son collègue Meissa Babou de l’Ucad de relever que 80% des populations sont dans la débrouille. Sous cet angle, le couvre-feu porte un coup dur à l’économie familiale. A le suivre, « les vieilles dames qui s’activent au petit commerce du soir pour assurer la dépense quotidienne vivent des situations extrêmement difficiles au niveau familial et au niveau sectoriel». Donc, « c’est dire que ces responsables de famille peinent énormément à joindre les deux bouts », explique-t-il. Avec cette situation épouvantable « on note que c’est tout le secteur culturel qui est mis à rude épreuve ». Ce secteur au grand monde tous les soirs, fermé depuis les premières semaines de l’apparition de la Covid-19, laisse les acteurs totalement désemparés. Donc, « même si le couvre-feu est une mesure de lutte contre la propagation de la maladie qui fait des ravages, force est d’admettre qu’elle sape les dynamiques économiques qui consolident le tissu social».
EN BREF…EN BREF…
STRATEGIE NATIONALE DE RENFORCEMENT DE LA PLATEFORMEPORTUAIRE : Un protocole d’accord signé pour la réalisation de l’étude ad hoc
Le Sénégal et la Belgique ont signé lundi à Diamniadio, un protocole d’accord pour la réalisation de l’étude sur la stratégie nationale de renforcement de la plateforme portuaire au Sénégal. Le document a été paraphé par le ministre des Pêches et de l’Economie maritime, Alioune Ndoye, et l’Ambassadeur du Royaume de Belgique, à Dakar, Hubert Rosin. ’’Il me plaît de relever la déclinaison intelligente de ce protocole qui établit une belle perspective de consolidation’’, a salué Alioune Ndoye lors de la signature dudit accord au siège de son ministère à la sphère ministérielle de Diamniadio. M. Ndoye a assuré qu’’’au-delà du focus sur la réalisation de l’étude sur la stratégie nationale de renforcement de la plateforme portuaire, le protocole d’accord comporte, dans la foulée, l’élaboration du plan directeur de développement du pôle portuaire du Saloum, le renforcement des capacités des acteurs portuaires et une assistance technique aux fins d’assurer l’identification de nouvelles pistes de coopération.
FORCE COVID-19 : Paiement de la première tranche aux artisans de la zone centre
Le ministre de l’Artisanat et de la Transformation du secteur informel, Pape Amadou Ndiaye, a lancé officiellement lundi, le paiement de la première tranche de l’aide allouée aux artisans des régions de Kaolack, Kaffrine et Fatick dans le cadre du Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du Covid-19 (Force Covid-19). Une enveloppe de 5 milliards de francs sur les 25 milliards prévus pour les artisans a été dégagée pour le paiement de cette première tranche. ’’Nous sommes venus au niveau de l’ancienne région du sine-Saloum, Kaolack pour la distribution de l’aide-Covid aux artisans du secteur’’, a fait savoir le ministre lors de la cérémonie de lancement. ’’Nous avons une enveloppe globale pour la première tranche de cinq milliards de francs CFA qui est une enveloppe retirée d’une somme de 25 milliards que le chef de l’Etat a bien voulu mettre à la disposition du secteur de l’artisanat’’, a ajouté Pape Amadou Ndiaye.
Jean Pierre Malou