Avant-hier, en Conseil des ministres, le Président de la République a demandé au Gouvernement de « réfléchir sur des dispositions pratiques permettant le paiement systématique des indemnités liées aux examens et concours ». Aussi, Macky Sall qui a demandé « aux ministres concernés de poursuivre le dialogue avec les syndicats d’enseignants et d’assurer le suivi effectif des engagements de l’Etat », a invité le ministère des Finances à relancer les prêts DMC ». Interrogés sur ces décisions, le secrétaire général du Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire (Saems), Saourou Sène, apprécie les mesures mais indique que le Chef de l’Etat devra trouver une solution définitive par rapport au paiement des déplacements et des examens. Pour le secrétaire général du Cadre unitaire syndical des enseignants du moyen secondaire (Cusems), Abdoulaye Ndoye, il y a des questions beaucoup plus importantes à discuter en Conseil des ministres. Selon, le gouvernement passe tout son temps à faire des promesses qu’il ne respecte pas
SAOUROU SENE, SECRETAIRE GENERAL DU SAEMS : «Il faudrait qu’on trouve une solution globale et définitive par rapport au paiement des déplacements et des examens»
«Nous avons suivi avec intérêt le communiqué du Conseil des ministres notamment dans son aspect relatif à la question de l’enseignement ou des enseignants. En ce qui concerne le premier point abordé, je crois que c’est le paiement du reliquat des examens et concours. Je considère que c’est une bonne chose sauf que quand même, il faut reconnaitre que chaque année, c’est la même rengaine. Je crois que le Chef de l’Etat doit aller au-delà de cette recommandation en indiquant clairement la solution définitive par rapport au paiement des déplacements et des examens parce que le constat qui est fait est que chaque année, c’est la même situation qui se repose. Les académies paient en fonction de leur possibilité les unes après les autres et si vous prenez le cas de Dakar, aujourd’hui beaucoup de professeurs qui ont été aux examens du baccalauréat n’ont pas pu percevoir leur déplacement. Ce qui est regrettable dans cette affaire, on dirait qu’il n’y a que les enseignants qui doivent attendre à chaque fois le paiement de leurs missions alors que tous les autres agents de l’Etat, dès qu’ils font leurs missions, perçoivent leur dû. Certains même, avant d’aller en mission, perçoivent leurs indemnités. C’est la raison pour laquelle, il faudrait qu’on trouve une solution globale et définitive par rapport à ces situations qui sont notées chaque année. D’ailleurs, ce sont ces situations qui perturbent le début de l’année scolaire parce que l’accord dit que dès le 30 Novembre de l’année, tous les déplacements doivent avoir été payés déjà. Donc, c’est une mesure forte que l’Etat doit prendre. En ce qui concerne les DMC aussi, le dégel pose problème. C’est une situation très complexe et pourtant lors de nos rencontres avec le gouvernement, il avait été proposé la solution de l’externalisation par rapport aux DMC. L’externalisation, c’est que maintenant, c’est une banque qui prendrait cela en charge. Maintenant, le Président a dit au ministère de Finances et du Budget conformément à ce qui se faisait, de reprendre le paiement des DMC. Je crois qu’aujourd’hui, les dossiers de beaucoup d’agents sont là en instance et que quand même une solution doit être trouvée. Globalement, il faudrait qu’on renoue le dialogue avec les organisations syndicales, notamment la reprise des activités du monitoring ».
ABDOULAYE NDOYE, SECRETAIRE GENERAL DU CUSEMS : «Il y a des questions plus importantes à discuter au niveau du Conseil des ministres»
« Un agent de la Fonction publique qui va en mission, ne fait pas la grève pour percevoir ses frais de mission. Seuls les enseignants acceptent d’aller en mission et d’attendre des mois. C’est parce que l’école n’est pas une priorité pour eux. L’autre aspect, une question comme les indemnités, on n’a même pas besoin de la poser en Conseil des ministres. Parce que le problème, c’est entre le ministère de l’Education Nationale, le ministère de l’Enseignement Supérieur et le ministère des Finances. Mais le problème, c’est les indemnités du Bac qui relèvent du ministère de l’Enseignement Supérieur et là-bas, c’est l’omerta. Il n’y a aucune possibilité d’interpeller le ministre sur la question. Quand vous le faites, il dit vous n’êtes pas de mon ministère. Les indemnités ne doivent pas être discutées en Conseil des ministres. Il y a des questions plus importantes. C’est parce que ces questions-là ne doivent même pas faire l’objet d’une grève et les enseignants exigent parce qu’ils ont été en mission. Ils se sont sacrifiés l’année. Donc, il faut qu’ils soient payés. C’est un aspect de la plateforme revendicative. Il a parlé des DMC. Ça, c’est un engagement du gouvernement parce que dans le protocole d’accord du 30 Avril 2018, on dit que, tous les enseignants qui ont reçu leurs conventions de prêts en 2016 seront payés avant septembre 2018 mais ce délai est largement dépassé. Aujourd’hui, il faut non seulement payer les prêts DMC mais nous demandons que les fonds du prêt DMC soient alimentés parce que c’est pour le logement. La question du système de rémunération pour nous est une question essentielle parce que l’étude a été faite et cette étude a montré que le système de rémunération est caractérisé par des disparités, que traitement salarial est inégal. Les écarts salariaux sont alarmants. C’était depuis 2004. Maintenant, le gouvernement s’était engagé à corriger cela et il faut qu’il le fasse. Ce combat, ce n’est pas uniquement le combat des enseignants mais aussi des syndicats de travailleurs de la justice, des médecins, de tous les agents parce que c’est une question d’équité et de justice sociale. L’autre aspect, ce sont les lenteurs administratives qui persistent toujours. Les enseignants peinent à avoir leurs actes d’intégration de validation et d’avancement. Ces lenteurs sont en train d’’impacter sur le paiement des rappels. A ce rythme, il faut encore une dizaine d’années pour payer les rappels alors que dans le protocole, il est mentionné que dans l’espace de trois ans, tous les rappels seront payés mais ce n’est pas le cas. Il s’y ajoute également les mises en solde parce que l’objectif annuel, c’est les 10 mille mises en solde mais cette année à la fin du mois d’octobre, on été à 6218 mises en solde. Les lenteurs aussi plombent les carrières des enseignants. Il y a aussi la question des parcelles non viabilisées. Depuis 2011, le gouvernement avait signé un protocole avec notre organisation qui est le Cusems. Il nous avait dit de déposer les listes. Ce qu’on fait avec les ministre Mangara d’alors ensuite Fofana mais jusqu’à présent, ils n’ont rien réglé. Ils passent tout leur temps à faire des promesses.
ALHOUSSEYNI DJIGO (STAGIAIRE) &MARIAME DJIGO