Le Chef de l’Etat Macky Sall, serait, selon nos confrères de L’Obs, dans la dynamique de nominations de délégués interministériels. Ce qui ne devrait pas tarder.
Si l’information est avérée, c’est l’aveu de l’échec de la politique de fast-track et la reconnaissance de l’importance du poste de premier Ministre notamment dans sa mission de coordination de l’action gouvernementale.
En effet, les délégués interministériels auront, notamment la tâche de faciliter la coordination des actions entre ministres précisément, lorsque deux ou plusieurs d’entre eux devront, concomitamment, intervenir dans un même dossier.
Il n’est difficile de deviner que le Président de la république ne peut pas, à lui-seul, coordonner l’action gouvernementale même s’il est assisté, pour cela, par des structures comme le Secrétariat général de la présidence et le Secrétariat général du gouvernement.
La lourdeur et la complexité des tâches dévolues à chaque ministère, les inévitables conflits de compétence, les incompréhensions entre acteurs, les affrontements entre égos, etc. ne devraient pas faciliter les choses. Et si le Chef de l’Etat s’occupe à arranger tout cela, il risque de ne plus avoir du temps à autre chose.
Nous avions pressenti ces difficultés dans la lutte contre la Covid-19 qui devrait engager beaucoup de Ministères sans qu’un d’eux puisse donner des injonctions à l’autre.
Cette situation, si elle s’éternisait, pourrait aboutir au contraire à l’effet escompté.
Au lieu d’un fast-track, on va assister à des lenteurs, des dilatoires, des blocages, de l’attentisme parce que quelqu’un aura refusé d’exécuter une tache qui bloque.
Il va de soi que les délégués interministériels pourraient, comme annoncé, aider à obvier ces difficultés.
Sauf, que nous n’en sommes pas si sûrs. Car, ces délégués ne sont pas des Ministres encore moins des Directeurs de cabinet ou des secrétaires généraux de ministères ou autres personnalités qui y officiaient, jusqu’ici. Quel sera leur rang, en interne ?
Leurs tâches pourraient également être rendue difficiles par l’impression que peut avoir un Ministre que le Délégué lui vole ses prérogatives ou veut le soumettre à son autorité.
Et comme il n’y a que le Président de la République qui est le tuteur du Ministre, certains délégués pourraient se heurter à l’absence ou à l’insuffisance de la collaboration de Ministres.
C’est dire à quel point il était plus facile de nommer un nouveau Premier Ministre. Parce que si le Chef de l’Etat reconnait, en filigrane, que sa démarche comporte des imperfections, il peut retourner à la situation antérieure. D’autres Présidents du Sénégal comme Abdou Diouf l’ont déjà fait.
Au demeurant, tous les Présidents qui suppriment ce poste, qu’elles qu’en puissent être les raisons, se heurtent effectivement, à la difficile tâche d’être à la fois au four et au moulin.
Il nous semble, à notre modeste avis, qu’il était plus facile de nommer un Pm que de désigner des délégués qui risquent, davantage, d’alourdir les procédures.
Au finish, il est difficile de réinventer la roue. On aura beau essayer, mais le Pm est important même si son instauration ouvre la voie à une possible motion de censure.
Pis, dans ces genres de situation, la cohabitation, toujours possible avec le renversement de la majorité, va obliger le Président à nommer un Premier ministre qui n’est pas de son camp.
Autant de raisons et bien d’autres de politique interne, comme la réticence à nommer un dauphin, qui peuvent pousser Macky à faire le vide autour de lui.
Mais, se faisant, il alourdit ses tâches avec les risques d’inefficacité et donc d’absence de résultat.
On ne le dira jamais assez : Vitesse ne signifie pas toujours efficacité.
Assane Samb