L’inceste, cette horreur qui empoisonne les familles !

par pierre Dieme

Souvent passé sous silence et/ou réglé dans le cadre familial, l’inceste est un phénomène bien réel qui existe et continue à détruire la vie de femmes, jeunes filles et même de garçons au Sénégal. A Dakar, comme dans certains coins du pays, des filles et même des femmes tombées enceintes des suites d’un viol ou d’un inceste purgent aujourd’hui des peines de prison pour infanticide. Certaines, par contre, sans recours ni assistance, arrivent à élever l’enfant né de cette union formellement interdite par la loi, la coutume et les religions, et qui est en même temps demi-frère, demi-sœur, cousin ou cousine. Par mépris et sans amour pour ce dernier. Tandis que d’autres préfèrent souffrir en silence, avec un traumatisme psychologique profond qui vire parfois à la dépression ou même au suicide…entre autres. Retour sur quelques cas de cette horreur qui continue d’empoisonner des familles et qui ont défrayé la chronique.

Longtemps passé sous silence, l’inceste occupe de plus en plus une large place dans les faits divers des journaux, radios et télévisions, dans les réseaux sociaux aussi. Recrudescence ou médiatisation d’un phénomène tabou, des cas d’inceste ne cessent de nourrir les colonnes des rubriques de faits divers ou de people. Et les exemples ne manquent pas. Le 19 avril 2019, une histoire a défrayé la chronique à Thiès, plus particulièrement au quartier Hersent où un père de famille répondant aux initiales de O. Ng a sauvagement battu puis violé sa fille mariée âgée de 24 ans. Selon l’Observateur qui avait donné l’information, cet homme de 59 ans était un habitué des faits, car il avait commis le même acte sur sa propre fille. Ce qui lui avait même valu 5 ans d’emprisonnement ferme. Cette fois-ci, il a jeté son dévolu sur sa fille mariée qui avait eu de problèmes avec son mari. O. Ng a pris sa fille et son enfant à bord de sa moto Jakarta pour les conduire au domicile conjugal, au quartier Jaxaay 2 (Jaxaay). Mais sur le chemin du retour, il a proposé à sa fille d’entretenir des rapports sexuels avec lui. Devant le refus de cette dernière, il l’a roué de coups avant de la violer. Avec le soutien de sa belle-sœur, N. Ng a déposé une plainte contre son père incestueux. Devant les enquêteurs, O.Ng a reconnu avoir entretenu des rapports sexuels avec sa fille, avant de confier qu’il n’arrive plus à se contrôler lorsqu’il a envie de faire l’amour.

Arrêté et placé sous mandat de dépôt à la Maison d’arrêt et de correction (MAC) de Thiès, il a été inculpé pour coups et blessures volontaires, attentat à la pudeur suivi de viol. Toujours en parlant d’inceste, les habitants du populeux quartier Thiaroye Tally Diallo, niché au cœur de la banlieue dakaroise, sont tombés des nues, le 10 septembre 2018, lorsqu’ils ont appris que l’image d’homme exemplaire, à la démarche altière, et pieux que renvoyait tout le temps leur voisin M. Nd. n’était qu’un masque. L’arabisant entretenait en catimini des relations sexuelles avec sa petite-sœur M. D. Nd, qui a fini par contracter une grossesse, des œuvres de son frangin. Dénoncé par son papa à la Police, le jeune homme roue de coups le vieil homme et atterrit en prison pour violences sur ascendant.

En effet, les deux enfants du vieux S. A. L. Nd. entretenaient une discrète relation amoureuse dans la maison et profitaient de la moindre occasion pour se retrouver entre quatre murs et passer à l’acte. Quand le papa a appris l’horreur, il a failli tomber à la renverse, d’autant que la pratique cultuelle de son fils, sa piété et son ascétisme, dans la maison comme dans le quartier… contrastait d’avec sa vraie personnalité. Quand le papa a voulu porter plainte contre ses enfants, le jeune garçon a pété un câble ; fâché contre son père, il a engagé une dispute avec son lui au cours de laquelle il a bastonné sévèrement le vieil homme d’une soixantaine d’années. Celui-ci ira déposer à la Police une plainte contre lui, pour violences à ascendant. Le jeune garçon, cogneur de son vieux père, a été mis aux arrêts puis présenté devant le parquet de Pikine/Guédiawaye.

DES FILLES MINEURES NE SONT PAS EPARGNEES

Alors que certains couchent avec leurs filles adolescentes, d’autre font encore pire en jetant leur dévolu sur leur progéniture mineure. Et c’est le cas de ce maniaque sexuel qui couchait avec ses filles à Saint-Louis. Son cas porté au devant des médias, le 19 décembre 2017, le maçon qui couchait avec ses deux filles âgées respectivement de 6 ans et 11 mois a été arrêté et mis en prison à Saint-Louis. Il a été interpellé sur dénonciation de son épouse dans une localité de la commune de Gandon, située à quelques encablures de Saint-Louis. La goutte qui a fait déborder le vase a été le viol de sa propre fille âgée de 11 mois. La maman qui commençait à avoir marre du comportement incestueux de son mari s’est révoltée. Sans se faire prier, elle est allée se confier aux services de l’AEMO (Action éducative en milieu ouvert), en révélant dans la foulée que son époux couchait également avec leur fille aînée âgée de 6 ans. Ladite structure qui n’en revenait pas a câblé la Gendarmerie. Le délinquant sexuel a été aussitôt mis hors d’état de nuire. Selon ces mêmes sources médiatiques, le père a été jugé au Tribunal des flagrants délits de la capitale du Nord pour inceste, pédophilie et viol. La liste de ces cas connus des services de Police et de Gendarmerie et rapportés par la presse, loin d’être exhaustive, en dit long sur l’ampleur du désastre de ce phénomène dévastateur le plus souvent étouffé au sein des familles. Même si, poussés à bout, certains n’hésitent plus à se mettre à dos leurs familles pour porter l’affaire devant la justice.

CONVERGENCE DE VUE ENTRE ISLAM ET CHRISTIANISME : Pas d’avortement provoqué en cas d’inceste suivi de grossesse

Nombreuses sont les femmes et filles adolescentes victimes d’inceste qui tombent enceintes des suites de cet acte adieux. Ces femmes victimes de grossesses issues d’inceste, pour la plupart du temps, basculent dans la criminalité, par la pratique de l’infanticide devenue de plus en plus récurrente et d’avortement non autorisé et à risque. De peur que la garde de l’enfant laisse toujours béantes les plaies et séquelles et rappelle l’acte douloureux qu’elles ont subi. Celles qui tiennent absolument à mettre un terme à ces grossesses se tournent souvent vers des praticiens clandestins. Beaucoup d’entre elles utilisent des techniques rudimentaires et extrêmement dangereuses, avec des conséquences telles que : décès, infanticides et emprisonnement pour les femmes reconnues coupables. Partant du constat de la situation dramatique que cause l’interdiction de l’avortement médicalisé, notamment pour les victimes d’inceste et de viol suivis de grossesses non désirées avec le trauma que cela engendre, l’Association des juristes sénégalaises (AJS) et nombre d’ONG de défense des droits humains et des causes féminines, ne lâchent pas prise pour amener l’autorité à reconsidérer sa position et à légiférer en faveur d’une souplesse dans la loi dans ce sens. Mieux, ils sont d’avis que c’est à cause de cette interdiction de l’État de disposer de solutions légales que de nombreuses femmes, souvent issues de milieux défavorisés, recourent aux avortements clandestins, notamment en cas d’inceste qui cause de nombreux drames. Car lorsque la femme se retrouve porteuse d’une grossesse non désirée issue d’un inceste, elle est désemparée. Or, la législation sénégalaise considère l’avortement provoqué à la suite d’un inceste comme une infraction pénale. Qui plus est, dans un pays avec une population à plus de 99% croyante, les deux grandes religions que sont l’Islam et le Christianisme bannissent toute cette option de l’avortement provoqué, fut-ce pour les cas d’inceste.

ABBE ROGER GOMIS, ARCHIDIOCESE DE DAKAR : «Lors du drame d’un viol ou acte incestueux, on ne répare pas les souffrances en tuant un innocent»

«Il faut d’abord préciser que l’Église catholique condamne le viol et l’inceste. Dans la Bible, on retrouve d’ailleurs des interdictions relatives à l’incestueux dans le Livre du Lévitique au Chapitre 18. Toutefois, l’Église considère que lors du drame d’un viol ou d’acte incestueux, on ne répare pas les souffrances en tuant un innocent. L’enfant encore à naître, dès l’instant de sa conception, alors qu’il n’est encore qu’un tout petit embryon, a droit à la même dignité (qui commence par le droit à la vie) que toutes les personnes humaines. L’Eglise est donc contre l’avortement car c’est un meurtre. Cela dit, on comprend très bien qu’une femme violée ou victime d’acte incestueux vit un drame et qu’elle doit être aidée. Mais elle doit l’être par rapport à la créature qu’elle a dans son sein. Elle n’est pas responsable de ce qui lui arrive. C’est l’agresseur qui est responsable. Mais il y a déjà une victime. Est-ce qu’il faut en faire une autre?», s’interroge Abbé Roger Gomis.

OUSTAZ MAODO FAYEDE SUD FM : «Avorter dans un tel cas de figure est…assimilé à un crime, en Islam, sauf au cas où…»
«Pour l’Islam, l’avortement est interdit en ce qu’il équivaut à un infanticide ; donc à un assassinat. Allah (Le Tout Puissant) le réprime en ces termes : «Et, sauf en droit, ne tuez point la vie qu’Allah a rendue sacrée.» (Coran, Sourate 17, Verset 33). L’avortement est strictement interdit. Avorter dans un tel cas de figure (même suite à un inceste ou viol suivi de grossesse non désirée ndlr) est considéré comme étant un acte d’infanticide et est assimilé à un crime, en Islam. Sauf au cas où la vie de la mère s’avèrerait menacée. Cependant, en cas de contraintes et pour des raisons connues et certifiées par un spécialiste (médecin – menace à la vie de la mère) l’avortement peut s’appliquer en deçà des 120 jours», a fait savoir Oustaz Maodo Faye.

PAR SEYNABOU BA ET AMINATA GUEYE(STAGIAIRES) & ID

You may also like

Web TV

Articles récentes

@2024 – tous droit réserver.