La question mérite d’être posée au regard des logiques de bulldozers et de silence que vivent régulièrement certains concitoyens.
Les multiples démolitions de maisons dont les responsabilités n’ont jamais été clairement établies, font maintenant partie du décor quotidien.
Elles apparaissent comme un coup de poignard planté dans le dos de laborieux travailleurs désarmés cependant devant la toute puissance de l’autorité.
Les jeux de massacre de bien des citoyens auxquels se livrent des autorités masquées comme dans une réunion de sorcier de Ku Klux Klan, sous l’ombre protectrice de l’Etat, ont de quoi faire peur.
On oublie très souvent que la crise casamançaise trouve ses origines dans des problèmes fonciers.
Un Etat responsable se doit d’être prévoyant. S’il est vrai qu’il faut gérer harmonieusement notre environnement, il faut reconnaitre le dérèglement de certains services de l’Etat, qui est une des causes majeures de toutes les dérives qui écrasent certains concitoyens, dont le seul tort est d’avoir cru à son apparent humanisme.
Ne nous voilons pas la face. Notre Etat, hier consistant dans sa philosophie à comprendre la souffrance des autres, malgré ses insuffisances, a subi une profonde mutation.
Son angélisme culturel s’est mué en véritable monstre implacable qui ne se soucie plus des pauvres ‘’gorgorlou’’, se privant de tout pour bâtir leurs maisons à prix de sueur et de sang.
Au-delà des comptabilités financières que des esprits froids remettront toujours en cause, les minimisant avec un cynisme à donner le vertige, c’est surtout le fruit d’une vie laboureuse qui part en fumée en un jour.
C’est là tout un symbole. Il s’agit de trouver dans le cas d’espèce, les véritables responsables des démolitions et des autorisations, et de les entendre pour que justice soit faite.
Sinon si on laisse faire, on aura toujours l’impression qu’il y a des mauvais sénégalais interdits de construction malgré leur conformité avec le règlement et de bons sénégalais qui, grâce à une gymnastique politico-administrative et même juridique, peuvent construire n’importe où, même sur le front de mer, là où l’air est plus frais.
Lorsqu’il s’agira d’écrire l’histoire de notre pays, un devoir de mémoire incombera alors aux victimes de démolitions des maisons.
Nul doute qu’en passant près d’un lieu de l’Holocauste, celle-ci, ses victimes ne manqueront pas de noter ci-gît, ci-gît, une partie de notre âme.
Pape Amadou Fall