Violence contre transparence…

par pierre Dieme

Des interrogations et des accusations à peine voilées sur 118 milliards Fcfa de l’Union européenne destinés à freiner l’émigration clandestine, lui ont valu une arrestation musclée à l’aéroport Blaise Diagne, un long interrogatoire et la prison. Boubacar Seye est donc incarcéré pour “diffusion de fausses nouvelles”.

Décidément, le Sénégal “fable démocratique” jadis chantée, perd de plus en plus de sa superbe. Car, il est difficile de comprendre cette brutalité judiciaire pour des affaires qui peuvent être réglées, avec moins de passion et beaucoup plus d’efficacité. Embastiller quelqu’un, l’humilier, le traumatiser, le vilipender avant de le mettre en prison, pour un dossier loin d’être criminel, est une démarche anachronique, insensée et excessivement inutile.

On ne saurait cautionner des accusations sans fondements mais un Etat organisé qui prône la transparence dans la gestion au point de promouvoir des corps de contrôle efficaces, doit avoir assez de ressorts, doit être assez costaud pour montrer sa bonne foi, sans abuser de la “violence physique légitime”. Une violence qui peut être une forme de faiblesse, de manque de confiance. Cette manière bien cavalière de procéder est contreproductive.

N’était-il pas plus indiqué de prouver à tous les Sénégalais et aux bailleurs d’ailleurs que l’argent a été utilisé à bon escient et les résultats exhibés. User de la force contre le dirigeant de “Horizon Sans Frontières” (Hsf), si expéditivement, le priver de sa liberté pour avoir dénoncé ou même accusé un Etat de détournements, peut donner l’impression qu’on nous cache quelque chose. Et ça c’est inquiétant pour des partisans de la “gouvernance sobre et vertueuse”. C’est vrai qu’on n’entend plus cette belle expression.
Miim Réew

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