Pouvoir et opposition coupables de l’impasse autour du financement des partis et du statut du chef de l’opposition

par pierre Dieme

Pape Ogo Seck, président de l’Association des juristes africains (AJA), a plaidé en ce sens l’adoption d’une proposition ou d’un projet de loi sur le financement des partis politiques, sans manquer de se démarquer de la menace de dissolution de Pastef

Selon l’enseignant-chercheur à l’Ufr de Sciences juridiques et politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, la question du financement des partis politiques et celle du statut du chef de l’opposition auraient dû être réglées par le dialogue politique. Invité de l’émission objection de la radio Sudfm (privée) hier, dimanche 17 janvier, Pape Ogo Seck, qui est par ailleurs le président de l’Association des juristes africains (AJA) a plaidé en ce sens l’adoption d’une proposition ou d’un projet de loi sur le financement des partis politiques. Non sans manquer de se démarquer de la menace de dissolution de Pastef par le ministre de l’Intérieur.

Le président de l’Association des juristes africains (AJA) s’est invité en effet dans la controverse autour de la menace de dissolution proférée par le ministre de l’Intérieur par voie de communiqué de presse contre le parti Pastef, suite à la campagne de levée de fonds internationale initiée par Ousmane Sonko, président de Pastef, et ses camarades.

S’exprimant toutefois sur cette question lors de son passage à l’émission objection de la radio Sudfm (privée) hier, dimanche 17 janvier, Pape Ogo Seck, par ailleurs enseignant chercheur à l’Ufr de Sciences juridiques et politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis a commencé par déplorer le mutisme observé autour de la question du financement des partis politiques et du statut du chef de l’opposition.

Mieux, il a pointé du doigt le dialogue politique qui aurait dû, selon lui, trancher de façon définitive ces questions ainsi que celle relative au calendrier électoral. « Le dialogue politique ou le dialogue national devait normalement prendre en charge la question du statut du chef de l’opposition ainsi que celle du financement des partis politiques de même que celle du calendrier électoral. Mais toutes ces questions n’ont pas été réglées. Et entretemps, on a vu que celui qui était pressentit pour être chef de l’opposition a été casé quelque part, ce qui fausse un peu le rapport du jeu entre pouvoir et opposition  », a-t-il déploré.

Poursuivant son propos, le président de l’Association des juristes africains a interpellé sans le nommer le chef de l’Etat du Sénégal, à travers son gouvernement et sa majorité à l’Assemblée nationale, à œuvrer pour une résolution définitive de cette question. « Il faut maintenant une proposition ou un projet de loi sur le financement des partis politiques parce que cela a été longtemps réclamé. Il faut désormais que cette question soit réglée définitivement  ».

Par ailleurs, donnant son avis sur la sortie musclée du ministre de l’Intérieur par de voie de communiqué de presse contre le parti Pastef suite à la campagne de levée de fonds internationale initiée par Ousmane Sonko, président de Pastef, et ses camarades, le professeur Pape Ogo Seck rappelle que du point de la loi, ce qui a été interdit, c’est le financement des partis politiques par des puissances étrangères. « S’il faut l’interdire, il faut le faire pour tout le monde puisqu’il s’agit des Sénégalais résidant à l’étranger et il n’y a pas que Pastef qui l’ait fait. D’autres partis, dans le passé, avaient déjà eu à recourir à cette pratique, il faudra donc remettre la législation sur la table », a-t-il ajouté.

MODIFICATION DE LA LOI SUR L’ETAT D’URGENCE ET L’ETAT DE SIEGE :  «L’Etat n’a fait qu’ac- tualiser et mettre à jour une loi»

Autre question abordée par le président de l’Association des juristes africains (AJA), le projet de loi n°046/2020 modifiant la loi n°69-29 du 29 avril 1969 relative à l’état d’urgence et à l’état de siège adopté le lundi 11 janvier dernier qui permet désormais non seulement à cette loi n°69- 29 du 29 avril 1969 de prendre en charge dans son champ d’application les catastrophes naturelles ou sanitaires mais aussi au président de la République de décréter et renouveler l’Etat d’urgence pour un mois renouvelable une seule fois sans passer par l’Assemblée nationale. Alors que la tension alimentée par le projet de loi n°046/2020 modifiant la loi n°69-29 du 29 avril 1969 est toujours forte, le professeur Pape Ogo Seck est monté au créneau pour se démarquer des pourfendeurs de cette modification en précisant que cette modification « n’a fait qu’adapter la loi à son contexte nouveau». «On a beau critiquer, mais il faudrait qu’on essaie d’analyser cette notion d’état d’urgence et même d’état de guerre. Parce que ce sont des notions qui ont muté, qui ont évolué avec le temps. Donc, le droit doit s’adapter par rapport à son contexte», a-t-il martelé avant de poursuivre. «Dans l’esprit de la loi de 1969, on parle plus de menaces liées à l’usage de la force. C’est-à-dire que c’est l’armée qui était visée. La loi ne prévoyait pas cette situation exceptionnelle que nous sommes en train de vivre, cette crise sanitaire». Et de conclure : «de mon point de vue, l’Etat n’a fait qu’actualiser, mettre à jour une loi qui risquait d’être jugée quelque peu rétrograde».

Par Nando Cabral GOMIS

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