«Ce n’est pas l’image du policier que vous avez ternie, mais celle du Sénégal», avait lancé le Procureur aux filles qui avaient filmé un agent de la circulation qu’elles avaient réussi à corrompre. C’était en centre-ville de Dakar en 2016. La vidéo de ce fameux policier avait fait le buzz et même la presse internationale s’était saisie de l’affaire qui avait atterri au tribunal. Les filles avaient écopé d’un mois de prison avec sursis. Le policier s’en était bien sorti avec trois mois avec sursis. Sa carrière était ainsi sauvée car il risquait la radiation en cas de lourdes peines.
Le policier qui s’est agenouillé, et rampé devant son guide Serigne Modou Kara, n’aura pas cette chance. Il a été radié. Une information non officielle. Difficile pour le moment de dire exactement ce qui est dans son dossier, en dépit des retentissements. A-t-il défié ouvertement ses supérieurs ? Qu’est-ce qui explique cette mesure disciplinaire extrême ? Des réponses à ces questions sont nécessaires pour une analyse froide de l’affaire qui suscite beaucoup de passions.
Un vrai débat sur les notions de laïcité, de République, du respect des institutions, de ceux qui les incarnent, du comportement de ceux-là, peut bien être posé avec toute la mesure requise. Sur la forme, il faudrait aussi qu’on disserte avec sérénité sur cette tendance à “filmer à tout-va”. Cette incursion dans la vie strictement privée des gens, dans le seul but de faire mal, pourrait avoir des effets néfastes si l’on y prend garde.
Il est certes difficile, de nos jours, de séparer la vie privée de la vie publique, mais savoir raison garder, est la voie idéale pour ne pas heurter inutilement ou jeter en pâture des citoyens lambda ou des personnalités publiques. S’il est souvent salutaire de dénoncer en s’appuyant sur des images, il est tout aussi important d’avoir le sens de la responsabilité, arme puissante contre tous les excès. Tout un programme. Bon, l’heure est toujours grave. La Covid-19 progresse. Elle est une ennemie impitoyable. Elle tue des personnes. Elle domine l’économie et déchire le tissu social. Nous n’avons pas le choix : protégeons-nous. En attendant le vaccin. Il sera de quelle nationalité ?
Mim Reew