La disparition de l’une des meilleures étudiantes du pays Diary Sow envoyée en France pour des études inquiète tous les sénégalais de l’intérieur et de la diaspora.
La mobilisation est générale pour la retrouver. Les autorités judiciaires françaises mènent leur enquête et au niveau de l’Ambassade du Sénégal en France, on veille au grain.
On ne saurait alors, du moins pour le moment, pointer du doigt qui que ce soit dans cette affaire, avant de n’y voir clair.
Toutefois, il nous est permis de souligner qu’il y a des liens de causalité entre les phénomènes qui se produisent. Et c’est pour cela qu’il est toujours bon d’en tirer les leçons afin que cela ne se reproduise pas facilement dans l’avenir.
Et pour nous, tout vient du fait que lorsqu’un élève est brillant pour ne pas dire exceptionnel dans ses capacités intellectuelles, nous pensons tout de suite à l’envoyer en France.
Comme le Caire ou Damas à une certaine époque, Paris a sans doute des écoles et des universités d’excellence d’où on peut sortir avec un cursus enviable dans tous les domaines de la vie.
Ce processus d’accueil des étudiants étrangers fait d’ailleurs partie de la coopération active entre l’ancienne puissance colonisatrice et les pays africains dits aujourd’hui francophones.
Nous avons gardé des liens de ce genre. Il en est de même d’autres grandes puissances comme la Chine, etc.
L’ennui, c’est que certains de ses étudiants ne reviennent pas. Ils sont en général fascinés par le niveau de vie de leurs pays d’accueil et cèdent aux premières propositions de contrat.
Si cela ne dérange pas leurs familles qui souffrent du même complexe par rapport à l’ancienne puissance colonisatrice, il n’en demeure pas moins que le phénomène affaiblit les Etats.
Cette fuite des cerveaux n’arrange pas les jeunes Etats dont l’objectif est justement de prendre des raccourcis pour ne pas rater le train de l’histoire. Pour y parvenir, nous avons besoins de nos fils les plus brillants ceux-là qui étudient en France et y restent.
Il nous faut alors davantage d’écoles et d’universités d’excellence. Car, nous en avons, mais, pas assez.
Doit-on rappeler que notre faculté de médecine et de pharmacie, par exemple, fait partie des meilleurs en Afrique et sans doute dans le monde ? Elle a formé beaucoup de maghrébins qui, aujourd’hui, font la fierté de leurs pays.
Nous en avons aussi dans d’autres secteurs très pointus.
Ce qui manque, c’est de cultiver cette excellence et de l’ériger au rang de dogme afin de ne plus avoir à dépendre de l’étranger.
La coopération avec les autres universités du monde n’est pas à bannir. Elle est même à encourager.
Mais, cela doit se faire de telle sorte que nos enfants, surtout les meilleurs puissent rester. D’autant plus que le monde évolue et que les nouvelles technologies permettent des échanges sans qu’on soit obligé de bouger de son pays.
Et dans un contexte de pandémie et de virus qui vont sans doute davantage circuler, il est important qu’un pays comme le nôtre cultive une forme de ‘’confinement’’ de nos cadres afin de leur éviter les situations difficiles de dépaysement, d’acculturation et surtout d’exil intellectuel comme c’est souvent le cas de nos jours.
Parallèlement, il faudra également améliorer le cadre de l’offre de travail. Si nous prenons les hommes et les femmes qu’il faut aux postes qu’il faut et que seul le mérite est le critère de sélection, les jeunes diplômés seront fiers et de rester et de postuler en toute transparence.
Malheureusement, là aussi, nous sommes à la traîne. Les ‘’fils de…’’ s’en sortent assurément mieux dans un environnement souvent de corruption où les meilleurs postes sont réservés à des proches du système, des systèmes.
En conséquence, la disparition de Diary Sow doit nous inciter à davantage d’introspection afin d’améliorer d’une façon drastique notre cadre d’enseignement mais également d’insertion de nos élites.
Pour cela, il faudra une volonté politique forte pour éliminer la tendance au favoritisme, au clientélisme et aux passe-droits.
Assane Samb