Les grandes crises révèlent les héros et zéros de leurs temps, et la pandémie du corona n’échappe pas à cette règle.
Si Adolph Hitler fut le sous-produit des rancunes du peuple Allemand, nées du Traité inégal et humiliant de Versailles en 1919 (entré en vigueur en 1920), sanctionnant la première guerre mondiale, au point de le porter à la tête du 3ème Reich et de le pousser à déclencher une deuxième guerre mondiale encore plus meurtrière, son époque fut aussi celle de l’émergence des grands héros du siècle dernier : Roosevelt, De Gaulle, Churchill, et, avant ses purges communistes, Staline.
On peut inscrire dans la dynamique de l’histoire qui s’accélère la décision des députés sénégalais d’adopter, hier, la loi scélérate qui donne les pleins pouvoirs à Macky Sall au nom de la lutte contre la pandémie du corona. Demain, quand les actes qui découleront de leur vote seront comptabilisés, il y a fort à parier qu’il en aura résulté un Reich tropicalisé, un Reich Sahélien, le coup d’envoi d’une dictature officialisée pendant que le pays, trahi, perdait ses attributs démocratiques, se voyait livré, poings et pieds liés, à un autocrate pressé de plaquer son genou sur son cou.
Les dictateurs sont ainsi, qui guettent les moments les plus graves pour surfer, comme Hitler ou Trump, sur le populisme ambiant, ou profiter de la panique provoquée par une pandémie aussi létale que celle du corona pour montrer leurs couleurs cachées, à l’image d’un Macky Sall. C’est par lâcheté qu’ils agissent, quand ils sentent la faiblesse ou le désespoir s’installer dans les couches des peuples qu’ils dirigent.
Quiconque en doutait n’a donc plus d’excuses : face à son incapacité, dépassé par l’ampleur de la faillite qu’il a faite du Sénégal, hanté par ses crimes multiformes, se sachant dans l’œil du cyclone, Sall s’est résolu, plus en désespoir de cause que par réflexe nationaliste, d’abattre la dernière carte qui lui restait. Celle du dictateur, qui p ense, ainsi, pouvoir faire peur, tenir en joue un peuple en colère, affamé, guetté par la mort et conscient que son avenir a été bradé par celui en qui il avait escompté des miracles de bonne gouvernance, d’équité sociale et de libertés amplifiées.
Le vote des députés, à son instigation, et sous la supervision d’un apprenti-ministre de l’intérieur, sous le regard goguenard d’un grabataire Président de l’Assemblée nationale, n’offre désormais plus qu’un alternative aux Sénégalais : l’accepter avec ses conséquences sur la perte de leur souveraineté et de leur voix sur leur destin, ou s’y opposer avec la dernière énergie, au nom de leur devoir de mémoire envers la nation.
Adolph Hitler était venu au pouvoir en 1933 par la voie démocratique et fut même déclaré Homme de l’Année en 1938 par le prestigieux magazine Time. On connaît la suite.
Le premier Président Sénégalais né après l’indépendance du pays en 1960 avait laissé espérer de belles promesses. Au bout du compte, il a fait du Sénégal, la honte de l’Afrique, la nouvelle frontière de la dictature émergente.
Nous sommes face à l’histoire. Celle, identique, au contexte qui avait fait naître ailleurs les héros qui ont empêché le triomphe des zéros de leur époque. Il est temps d’affronter Macky Sall et ses relais. Nous sommes plus forts et légitimes.
Adama Gaye*, Opposant au régime de Macky Sall vit en exil au Caire.
Sénégal : Naissance d’un Reich Sahélien Par Adama Gaye*
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