L’état d’urgence assorti d’un couvre-feu décrété depuis quelques jours turlupine les sénégalais. C’est le moins que l’on puisse dire.
Le premier désagrément vient de l’effet surprise. L’opinion n’a pas du tout été préparée à cet état de fait. Du coup, les premiers jours s’avèrent difficiles pour les uns et les autres qui ont de réelles difficultés d’adaptation par rapport à cette nouvelle donne.
Mis à part le fait qu’il y a eu des poches de résistance de la part de jeunes qui ont affronté les forces de l’ordre, nombre de nos compatriotes se font souvent surprendre par l’heure au niveau de l’autoroute à péage, de la route nationale et des différentes routes secondaires.
Ce qui est incommodant, c’est que ces derniers sont souvent ‘’cueillis’’ par des forces de l’ordre intransigeants qui n’hésitent pas à faire appliquer la loi dans toute sa rigueur.
Contrairement au premier état d’urgence sanitaire, celui-ci ne semble pas davantage ébranler certains sénégalais surtout les automobilistes et aussi les différents travailleurs qui trainent sur les routes à des heures où ils sont sûrs de ne pas pouvoir rentrer à temps.
A ces désagréments, s’ajoute le fait que des embouteillages montres, se font remarquer un peu partout à Dakar surtout sur les grands axes comme les deux voies de Liberté VI, l’autoroute à péage, les routes secondaires, etc.
Nous avons également constaté que beaucoup de gens sont encore réticents à porter le masque et à respecter les mesures de distanciation sociale.
L’état d’urgence assorti d’un couvre-feu n’a pas encore eu l’onde de choc nécessaire par rapport à la nécessité d’une prise en conscience optimale et collective du danger qui guette tout le monde.
Les sénégalais continuent à surfer sur le danger, portés certainement par l’impératif économique qui est tenace. La recherche de la pitance quotidienne prend le dessus sur tout le reste.
Pendant ce temps, la maladie avance avec son corollaire, l’augmentation des cas sévères et donc du nombre de décès.
Nous avons eu un pic de décès, on l’espère, ce vendredi, avec 13 de nos compatriotes qui sont partis. Une première.
Face alors à des mesures qui ont du mal à être appliquées, à un manque d’adhésion de populations surtout de sa frange jeune, à l’avancée de la maladie, il urge de davantage réfléchir à peaufiner de nouvelles stratégies.
L’état d’urgence et le couvre-feu ne sont pas la panacée. Leur abandon serait une forme de licence à tout faire. Leur maintien serait aussi une autre forme de confinement, intenable pour les ménages et l’économie du pays.
Alors, il me semble qu’il faudra aller vite vers le vaccin, quelle que soit son origine.
Nous ne pouvons pas traîner les pieds face à des pays comme la Guinée. Il faut aller vers la vaccination de masse en y mettant les moyens qu’il faut.
Car, nous savons que la covid-19 gagne du terrain, que nos stratégies de lutte ne sont pas adaptées et que nos populations sont réticences et fatalistes.
Le vaccin qui est un moyen de prévention de masse est, aujourd’hui, une forme de buée de sauvetage dont on doit prendre conscience, au plus haut niveau.
Plus nous perdrons du temps, plus son acquisition sera difficile dans un contexte mondial d’avancée de la maladie.
Car, face à un danger de mort, les solutions doivent être d’urgence pour sauver le plus grand nombre.
On ne peut pas non plus se payer le luxe d’être sensibles aux théories du complot ou aux mises en garde venant, parfois, de non-sachant.
L’acquisition d’un vaccin doit aussi être, aujourd’hui, notre première priorité.
Il importe, alors, de mettre de côté tout débat qui n’entre pas dans la lutte contre la pandémie afin de pousser tous les sénégalais (gouvernants et gouvernés) à se mobiliser dans la lutte.
Malheureusement, à l’état actuel des choses, élus et citoyens sont distraits et tiennent à faire comme si la maladie n’existait pas. Erreur fatale !
Assane Samb