«Arrêtez de signer des accords bilatéraux avec les firmes et soutenez Covax»
La course aux vaccins contre le Covid-19 est lancée pour sauver l’humanité de cette pandémie. Face à cette situation qui montre la vulnérabilité des pays sous-développés, l’Oms a demandé aux pays riches de cesser de conclure des accords bilatéraux avec les firmes pharmaceutiques et de soutenir l’initiative Covax. Une façon de rendre démocratique l’accès aux vaccins.
C’est une guerre mondiale engagée contre le Covid-19. Cette situation d’extrême urgence montre le déséquilibre criant entre les pays sous-développés et développés. Ces derniers se sont lancés dans une course contre la montre pour obtenir leurs vaccins afin d’endiguer la pandémie, laissant sur le carreau les Etats pauvres. Ce qui exaspère l’Organisation mondiale de la santé qui a appelé hier à une plus grande solidarité vaccinale dans la lutte contre le Covid-19. Soucieux de traiter tout le monde sur le même pied, il demandé aux pays riches de cesser de conclure des «accords bilatéraux» avec les laboratoires pharmaceutiques qui sont en train de se frotter les mains. «Je demande instamment aux fabricants de donner la priorité au déploiement des vaccins par le biais du mécanisme Covax mis en place par l’Organisation mondiale de la santé et ses partenaires», supplie le directeur général de l’Oms, Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui a tenu hier une conférence de presse par visioconférence.
C’est une alerte qui tombe à pic, car les pays moins développés sont entrés dans la danse, mettant entre parenthèses les acquisitions qu’offrirait Covax. Le Sénégal a décidé aussi de tracer son propre sillon même s’il reste dans l’initiative citée ci-haut. Jeudi le ministre de la Santé annonçait, dans le sillage du chef de l’Etat qui a décidé de mettre en place sa propre stratégie vaccinale, que la commande de vaccin sera sur la table du Président Sall mercredi. Qui avait soutenu que cette initiative solitaire n’était pas contradictoire avec ses engagements avec Covax.
Pour l’instant, le Sénégal n’a porté son choix sur aucun vaccin. Alors que l’Oms n’a homologué pour le moment que celui de Pfizer/BioÂNTech, qui est déjà inoculé depuis plusieurs semaines au Royaume Uni, mais aussi dans l’Union européenne, les Etats-Unis ou encore en Suisse par exemple. Plusieurs millions de personnes ont déjà été immunisées avec ce produit estimé efficace à 95%, mais qui requiert des températures ultra-basses de l’ordre de -80 degrés centigrades. Ce qui en rend la distribution et le stockage plus difficiles. Face à l’urgence, surtout que les premières livraisons de l’initiative du Covax sont attendues dans le trimestre 2021, la course est alors lancée.
Il faut savoir que le Covax dont fait partie du Sénégal a conclu des accords pour accéder à près de deux milliards de doses de plusieurs vaccins candidats prometteurs, et a jeté les bases nécessaires pour garantir l’obtention de doses supplémentaires grâce aux contributions des donateurs. «Grâce à ces accords, les 190 pays qui participent au Covax et qui remplissent les conditions requises pourront, au cours du premier semestre de 2021, obtenir des doses de vaccin pour protéger les groupes vulnérables au sein de leur population. Au moins 1,3 milliard de doses financées par des donateurs seront fournies à 92 pays remplissant les conditions requises pour participer à l’Amc Covax de Gavi, l’objectif étant d’atteindre une couverture de 20% de la population d’ici la fin de l’année», a annoncé hier l’Oms.
Il faut noter qu’un accord d’achat anticipé a été trouvé avec AstraZeneca, portant sur 170 millions de doses du candidat AstraZeneca/Oxford et d’un mémorandum d’accord avec Johnson & Johnson portant sur 500 millions de doses du candidat Janssen, qui fait actuellement l’objet d’un essai à dose unique.
Il faut savoir que le mécanisme Covax compte actuellement 190 pays participants, dont 98 à revenu élevé et 92 à revenu faible ou intermédiaire dont le Sénégal remplissant les conditions requises pour bénéficier du soutien du dispositif de financement connu sous le nom d’Amc Covax de Gavi. Sur les 92 pays remplissant les conditions requises pour être soutenus, 86 ont maintenant soumis des demandes détaillées de vaccins.