Dans le communiqué du Ministère de l’Intérieur mettant en garde le parti Pastef à propos de son initiative de lever des fonds, il ressort nettement que l’amalgame a été faite entre sénégalais de l’extérieur et ‘’étrangers’’.
En effet, quand la loi de 81 modifiée par celle de 89 dit que « les partis politiques ne peuvent bénéficier d’autres ressources que celles provenant des cotisations, dons de leurs adhérents et sympathisants nationaux et des bénéfices réalisés à l’occasion de manifestations’’, il est clair et net que le texte ne précise pas si les ‘’nationaux’’ en question résident au Sénégal ou à l’étranger. Et c’est là où le quiproquo a été entretenu.
Or, comme tout ce qui n’est pas interdit est permis, il est clair que les sénégalais de la diaspora sont fondés à financer les activités de partis politiques.
Le contraire serait d’ailleurs étonnant. Car, comment en effet permettre à tous les sénégalais d’où ils vivent de mener des activités politiques tout en leur interdisant de financer leurs partis ?
Ce serait maladroit et incongru. C’est pourquoi, du fait de la loi et contrairement à ce que veut insinuer le Ministre de l’Intérieur, le sénégalais établi à l’étranger a exactement les mêmes droits que celui qui est dans son pays. L’élément d’extranéité, ici, qui est le lieu de résidence, ne saurait modifier les droits du citoyen sénégalais.
Donc, le parti Pastef est bien habilité à solliciter des fonds de ces militants et sympathisants sénégalais où ils se trouvent, y compris à l’étranger. Le parti est dans ses droits.
Ce que la loi de 89 interdit, c’est justement tout financement qui viendrait d’un étranger établi au Sénégal ou résidant hors du pays. Une façon de lutter contre l’activisme de lobbys prêts à contrôler les associations politiques et leurs leaders.
Et dans un contexte de propagation du terrorisme, il est important, pour un Etat, de s’intéresser aux financements de toutes les associations légalement constituées, qu’elles soient politiques ou non.
Mais, la stigmatisation est aussi à bannir, à ce propos. Parce que jusqu’ici, personne ne cherche à savoir comment les leaders politiques financent leurs activités et leurs campagnes. Chacun se débrouille comme il peut. Et dans ce flou total, contrairement aux dispositions sur le fonctionnement des associations, il n’est pas exclu que l’argent vienne d’étrangers. Et là-dessus, tous les partis politiques sont exposés, ceux de la majorité comme ceux de l’opposition.
Il nous semble en effet, que le Ministre Diom s’est trompé sur la démarche. Il a certes un pouvoir de dissolution d’un parti par décret, mais selon des conditions nettement définies par la loi.
Mieux, s’il veut mettre de l’ordre dans le fonctionnement des partis, il doit s’adresser à tous et travailler à faire appliquer la législation, toute la législation.
La loi étant générale et impersonnelle, elle doit aussi l’appliquer aux partis, à tous les partis, sans exclusive.
Nous nous faisons un devoir de rappeler que les lois de la République ne sont pas faites dans le but de servir d’instrument à des batailles politiques entre adversaires.
Le Sénégal a trop d’urgence auxquelles il doit faire face. Ce n’est guère le moment de s’inscrire dans dans des querelles de clocher de nature à divertir les gens.
Si Ousmane Sonko et ses proches cherchent publiquement des fonds en ne s’en cachant pas, c’est qu’ils n’ont nullement l’intention d’enfreindre la loi.
Ceux qui soutiennent qu’ils cachent des fonds déjà acquis par des voies illégales, doivent répondre devant le Procureur et prouver leurs allégations gravissimes.
Assane Samb