Le parti Pastef d’Ousmane Sonko a essuyé un avertissement sous forme de ‘’communiqué’’ venant du Ministère de l’Intérieur. Il l’a notamment mis en garde sur le fait que la loi 81-17 du 6 mai 1981 modifiée par la loi 89-36 du 12 octobre 1989 ne fait pas mention de financements venant d’étrangers et que ‘’ Tout parti politique qui reçoit des subsides de l’étranger ou d’étrangers établis au Sénégal s’expose à la dissolution, conformément à l’article 2 alinéa 4 de la loi de 81 susmentionnée “.
Ce communiqué fait suite à la campagne de levée de fonds lancée par cette formation politique à travers les réseaux sociaux.
Une situation qui remet au goût du jour la question cruciale du financement des partis politiques au Sénégal.
Eh bien, il se trouve que, malheureusement, l’Etat ne finance pas, pour le moment, les formations politiques. Et que les seuls financements admis sont ceux qui viennent des cotisations des membres, de dons et legs venant de leurs adhérents ou sympathisants nationaux.
En clair, il est exclu tout financement venant de l’étranger ou d’étrangers établis au Sénégal. Une façon, bien entendu, d’éviter les financements occultes de partis venant notamment de lobbys dont l’objectif serait notamment de les contrôler ou d’orienter les politiques de leurs leaders une fois au pouvoir.
Mais, la réalité est que si l’on veut vraiment bien contrôler l’origine du financement des partis, il faudra être plus rigoureux sur le respect de l’obligation de la tenue d’une comptabilité régulière en tant qu’association privée à but non-lucratif.
Beaucoup de partis ne le font pas alors que c’est une obligation légale qui vient de la loi de 1981 suscitée.
Pis, les formations politiques n’en ont pas du tout l’intention parce que les fonds proviennent généralement de la poche du leader qui ne s’en explique pas.
Eh oui, nos partis politiques fonctionnent généralement par les moyens fournis par le leader que tout le monde attend à ce propos. Le principe de la cotisation interne, c’est généralement du domaine du rêve. Peu de partis fonctionnent de la sorte. Et c’est peut-être pour cela qu’au niveau de Pastef, on a voulu procéder autrement. Car, si le leader pourvoit aux besoins, il monopolise la prise de décision.
Qui plus est, personne ne sait d’où il tient ses ressources. Et parmi les partis les plus insoupçonnés, certains ne diront jamais qui les a soutenus lors de campagnes électorales.
Il n’est pas exclu que des lobbys financiers et autres interviennent. Et on sait que c’est parfois le cas.
C’est donc le clair-obscur qui, jusqu’ici, convenait à tout le monde.
Ce qui est étonnant, c’est que les autorités ont rarement ou presque jamais agi à ce propos pour jeter un coup d’œil sur le financement de ces partis.
Il est important alors, comme cela se fait dans certaines grandes démocraties, que l’Etat examine les voies et moyens de financer ces partis. Mais, pour cela, il faudra les rationnaliser en mettant de l’ordre dans le mode de création et de fonctionnement.
Et ce ne sera pas si difficile que l’on ne le croit. Car, beaucoup de partis ne respectent pas du tout les obligations administratives et comptables qui pèsent sur eux.
Pis, ils n’ont pas forcément de siège et ne bénéficient d’un cadre adéquat minimal de fonctionnement.
En Mauritanie par exemple, la question a été réglée à en dissolvant certains qui ne pouvaient pas réaliser un certain résultat électoral.
En clair, autant il est important de contrôler le mode de financement de tous les partis pour éviter les abus, autant, toute stigmatisation doit être évitée à ce propos. Car, il nous semble que, jusqu’ici, les partis politiques qui, pourtant, poursuivent une mission d’intérêt général en participant, activement à l’éclosion de la démocratie, ne sont pas du tout motivés comme le sont, par exemple, les acteurs de la presse.
Il est temps alors de corriger ce manquement par le financement des partis et de s’inscrire, également, dans un contrôle plus rigoureux de leur comptabilité.
Assane Samb