La crédibilité de l’opposition et la sincérité du pouvoir se jouaient dans ce dialogue politique et national. Pendant longtemps, l’on a soupçonné des négociations secrètes entre certains leaders du Front de résistance nationale (Frn) et le Président Macky Sall. Idrissa Seck a avoué lui-même que ses échanges avec le leader de l’Apr datent de longtemps. Donc lorsqu’ils échangeaient des coups de coude lors de l’audience du 24 mars 2020 au nom de l’unité nationale contre la crise sanitaire, les Sénégalais ignoraient que le contact existait déjà. Au fur et à mesure que le temps faisait ses preuves, l’idée d’un gouvernement d’union nationale faisait son chemin dans certains états-majors politiques. Mais rares étaient ceux qui pouvaient parier que Idrissa Seck, en chair et en os, serait de ce casting. Même pas pour une institution comme le Conseil économique, social et environnemental.
La surprise de ce 1er novembre 2020 était donc lui et lui seul. L’ancien Premier ministre a même relégué au second plan des départs pourtant inattendus de pontes du gouvernement et du parti au pouvoir : Mahammed Boun Abdallah Dionne, Amadou Ba, Aly Ngouille Ndiaye, Oumar Youm, Mohamadou Makhtar Cissé. Et puis bien sûr, celle qu’il a remplacée au Cese, Mimi Touré, devenue un «cas» pour Macky Sall. L’on a oublié la composition du gouvernement qui a pourtant vu l’entrée des Rewmistes Diattara et Saleh, respectivement à l’Economie numérique et à l’Elevage, et de Oumar Sarr du Parti des libéraux et démocrate (Pld/And suqali) au stratégique département des Mines et de la géologie. En attendant Malick Gakou annoncé prochainement. La mayonnaise des retrouvailles libérales semble avoir pris. Sans Abdoulaye Wade et son fils Karim, toujours à Doha. Mais en voilà un gros coup de Macky Sall qui redistribue les cartes. La majorité reste… majoritaire. En tout cas jusqu’à ce que des élections décident autrement.
L’opposition cherche le vaccin de l’unité
C’est désormais clair que Macky Sall a choisi ses opposants : Khalifa Sall et Ousmane Sonko principalement. Sauf surprise, ce devrait être les deux qui animeront plus l’opposition. Les leaders de Taxawu Senegaal et de Pastef se sont rencontrés pour rappeler aux Sénégalais qu’ils sont les survivants de ce naufrage du Front de résistance. Parce que depuis le remaniement et le ralliement de Idrissa Seck, arrivé 2ème à l’issue de la Présidentielle de 2019, l’opposition était comme groggy. Entre-temps, Sonko se sera débarrassé de ses alliés de la coalition Jotna dont il était la moelle. Au même moment, le Congrès de la renaissance démocratique (Crd) de Abdoul Mbaye, Thierno Alassane Sall, Mamadou Lamine Diallo, etc. tente de s’allier avec Bruno D’Erneville et Cie. Mais face à une majorité qui ne cesse de se renforcer depuis la veille de la Présidentielle, les échappées solitaires ne prospéreraient que difficilement. C’est apparemment ce que Sonko et Khalifa Sall ont compris. Depuis quelques semaines, c’est l’ancien maire de Dakar qui se déplace et tente d’unir les autres coalitions de l’opposition. Sans doute une façon de reconstituer le Frn et d’engager la bataille en direction des prochaines Locales, et peut-être d’autres joutes. L’enjeu de la survie est là, et il faudra se sauver ou périr. C’est le seul vaccin qui vaille pour l’opposition.