Questions du peuple Une interview conçue par Adama Gaye avec des questions (non-exhaustives) adressées à Macky Sall

par Dakar Matin

Par Adama Gaye*
Macky Sall a donc décidé de se soumettre aux questions qu’un groupe de journalistes, sous la conduite de la talentueuse Arame Ndao (ce n’est pas d’aujourd’hui que je la salue ici), va lui poser, ce jour, lors d’une conférence de presse sans que l’on sache si cet exercice supprime ou non le traditionnel discours de fin d’année que ses prédécesseurs et lui avaient l’habitude de nous livrer.
Improvisation ou effet de surprise ? Nul ne sait. Il ne fait cependant l’ombre d’un doute que ces annonces d’une communication sauvage sont le signe d’une frilosité certaine au sommet d’un Etat Sénégalais désormais conscient de son impéritie. Qu’on ne s’y trompe alors pas : dans les questions qui lui seront posées dans cet entretien on ne peut plus officiel, en l’absence de pugnaces questionneurs, le pari visé est d’enfariner le peuple. Surtout qu’il y a fort à parier que certains des journalistes pourraient avoir été briefés pour servir de béquilles à cet homme peu à l’aise avec les questions de fond et avec la maîtrise de la langue. Y a-t-il combine dans l’air ? Probablement.
Ce qui est évident, par ailleurs, c’est que Macky Sall réalise combien il endort le peuple Sénégalais par les litanies classiques de ses lassants discours, sans relief, monocordes, que plus personne n’avait le cran d’écouter tant ils font mal aux oreilles, énervent plus qu’ils n’informent, ne dégageant jamais de perspectives. Devenus des discours porte-poisse à la fin de l’année, ils sont donc doublés par cette conférence de presse, sous la pression. La case brûle.
Dans cette cacophonie ambiante, au milieu de la faillite générale de son leadership, l’attitude la plus sûre est cependant de ne pas tomber dans le piège, en devenant tacitement ou non partie prenante d’une campagne de propagande tous azimuts destinée à sauver ce soldat englouti par des sables mouvants, et qui pense que la communication outrancière reste sa dernière carte.
Refusons alors d’être les spectateurs dans ce qui après tout porte sur le destin de notre nation. Macky Sall n’a plus voix au chapitre. Il a échoué.
Posons-lui donc quelques questions, ci-dessous, pour qu’il mesure l’étendue de son échec qui ne lui laisse plus qu’une possibilité : jouer les Ceauscescu, Bokassa, Idy Amin, Saddam Hussein et autres dictateurs. Sa marge de manœuvre est définitivement érodée. La partie s’achève. Ses menaces visant à faire de 2021 une année de la dictature en deviennent la risée des chaumières, qui l’ont vomi.
Au piquet Macky Sall, répondez aux vraies questions :
1- Monsieur Sall, d’abord rassurez-nous : avez-vous toute votre tête en place, à la lumière des actes et propos insensés que vous alignez continument ces temps-ci, jusqu’à confondre un Général mort (Niang) avec un autre vivant (Sow) ou à torturer notre langue officielle de communication et à vous empresser de ne faire qu’une chose : baptiser des noms d’édifices publics en la mémoire de récents défunts, serait-ce un mandat maçonnique ou le signe que vous avez perdu pied ? Rassurez-nous s’il vous plaît ?
2- Dites-nous pourquoi vous ne réagissez pas à cette houle qui monte autour du cadavre de Pierre Ndiaye, le brillant macro-économiste, mort, assure-t-on, par négligence plus que de la pandémie du Covid19, et que, par un zèle excessif, vous croyez honorer en lui donnant le nom d’une école alors que sa famille semble plus être préoccupée par les conditions de son décès brutal…
3- Ne réalisez-vous pas combien ce fut ridicule de vous gargariser d’un leadership dans la lutte contre la pandémie quand tout le monde voit la vulnérabilité qui frappe notre pays maintenant qu’une deuxième vague du virus le guette ? N’êtes-vous pas l’abeille qui a passé son temps à danser plutôt que de mettre en place les mécanismes de défense contre ce fléau plus létal que jamais ?
4- Au passage, avec la démission, spectaculaire de Famara Sagna, son hautain Président, la disparition du Général Mamadou Niang ne ferme-t-elle pas le cercueil du dealogue national, couteux et inutile, qui a plus distrait les Sénégalais que fait avancer la démocratie dans notre pays ?
5- Votre «deal», selon votre détestable terme, avec Idrissa Seck, l’homme du Protocole de Rebeuss et des milliards volés à la nation que vous aviez exposé devant les diplomates et citoyens Sénégalais, n’est-il pas la preuve que vous gouvernez par…loubardise ?
6- Où est donc votre vertu dont vous vous gaussiez tant ?
7- Sous votre leadership, ou ce qui en tient lieu, notre pays est devenu une vaste machine de blanchiment des crimes commis par celles et ceux qui s’associent à vous, comme Samuel Sarr, ou sont prêts à tout pour faire avancer l’agenda à peine masqué de la quête d’un mandat anticonstitutionnel que les plus avertis vous prêtent, notamment un Moussa Sy et Abdou Fall, transhumants au long cours, que vous n’avez pas craint de porter à la tête de structures essentielles à la marche de notre économie sans qu’ils en aient la capacité. Avez-vous une once de moralité ?
8- Vous avez conduit notre pays à la faillite économique, sociale et politique, et ça ne fait l’ombre d’aucun doute : pays surendetté avec plus de dix mille milliards de francs cfa de dettes improductives, faillite en série des entreprises, chômage généralisé, Plan Sénégal Emergent devenu embourbé, société paralysée par ses divisions, familles éclatées, pauvreté, famine, et une vie politique décrédibilisée par la corruption de ses acteurs sans oublier le triomphe de l’intérêt personnel sur celui collectif, du fait de vos manœuvres. Toutes les forces sociales sont affaissées : religieux et syndical, nourris au biberon de la corruption, comme la presse ; la justice, couchée, et confiée à un faussaire, Milouche Sall ; l’éducation et l’agriculture à l’abandon pendant que les paysans courent derrière le paiement de bons pour leurs récoltes, la Sonacos et la CSS en faillite ; la santé, un espace pour mourir. Le Sénégal va très mal. Comment osez-vous être fier de votre non-bilan ?
9- Votre Plan Sénégal Echoué n’est plus qu’un amas de ferrailles dans la ville fantomatique de Diamniadio, où vos magouilles avec vos acolytes ont consisté à endetter la nation pour financer des acquisitions de patrimoines privées pour vos alliés, contre rétro-commissions, sans qu’aucun des grands projets structurants que vous annonciez en arrivant au pouvoir, voici huit ans, ne sorte de terre. Monsieur Sall, vous en dites quoi ?
10- Vous avez profité du surgissement de la pandémie du Covid19, début mars, pour renforcer les moyens budgétaires de votre propre beau-frère, Mansour Faye, trahissant votre engagement à privilégier la patrie sur le parti et faisant encore moins bien en donnant carte blanche à votre famille et belle famille pour qu’elles saccagent les biens de la nation. Mansour, doté d’un pactole anti-Covid de 1000 milliards, a livré les marchés léonins à son neveu, votre fils, Amadou, et à ses acolytes, surtout les Libanais Bourgi, et à une caste de grenouilleurs, des Elimane Lam au Idrissa Thiam, Aziz Ndiaye, et, au lieu de lui demander de rendre compte de l’utilisation des fonds Covid, vous l’encouragez dans sa folle arrogance en lui taillant sur XXL mesure un budget ministériel, pour les infrastructures, de plus de 2000 milliards (du jamais-vu). Etes-vous un brigand ?
11- Votre Ministre, le sinistre, Malick Sall, dont l’incompétence est reconnue de tous, en plus d’avoir réduit à néant les acquis de la Justice, vient de couvrir le non-lieu le plus scandaleux de l’histoire du Sénégal, qu’un doyen des juges, sans foi ni loi, Samba Sall, a accordé, après un simulacre d’enquête judiciaire, à votre propre frère, Aliou Sall, dans le vain espoir de le tirer du scandale Petrotim où, avec lui et un escroc international, Frank Timis, vous ramassez, au détriment de notre trésor, la rondelette somme de plusieurs milliers de milliards cfa qui auraient dû y être versés. Pensez-vous, une seule seconde, que ce forfait échappera à notre sagacité ? Et pourquoi les personnes qu’il concerne n’osent pas franchir les bordures de l’Atlantique pour se rendre aux USA où la justice attend….
12- Que direz-vous à la Justice fédérale américaine quand elle sera bientôt saisie du dossier de violation des droits de l’homme contre Assane Diouf et d’autres Sénégalais ?
13- Votre ambition de diriger le Sénégal était-elle destinée à le détruire ?
14- Etes-vous un pion des lobbies homosexuels ?
15- Etes-vous la marionnette de la franc-maçonnerie ?
16- Etes-vous le Parti de l’Etranger, qui travaille pour ses entreprises et en est le cheval de Troie pour son projet de recolonisation télécommandée, doublée d’un retour au servage, que vous contribuez à faire de notre pays ?
17- Etiez-vous conscient de vos limites pour prendre le micro en notre nom et en celui de l’Afrique jusqu’à faire perdre notre voix au sein des grandes instances, comme le G7 et le G20, où votre médiocrité, votre nullité reconnue sous nos cieux, a fait tellement de dégâts qu’on ne vous y invite plus, à la différence d’un Abdoulaye Wade plus convaincant intellectuellement et qui avait balisé le terrain ?
18- Pensez-vous un seul instant qu’un bailleur de fonds sérieux, bilatéral ou multilatéral, va céder à votre chantage criminel pour l’annulation de la dette publique que vous avez transformée en pompe d’enrichissement privé pour un quarteron de prédateurs que vous menez ?
19- Pourquoi êtes-vous tant habitué des mensonges : après avoir menti sur la réduction de votre premier mandat de 7 à 5 ans et être revenu sur vos discours autour de la gouvernance vertueuse remplacée par un culte de l’escroquerie institutionnelle, voulez-vous chercher un autre mandat présidentiel, après le premier, fruit d’un deal avec Wade, et le second né d’un complot avec Idrissa Seck ?
20- Etes-vous donc de sang douteux, comme l’avait susurré Wade, au point d’être incapable de quitter une table, de dire aux Sénégalais qu’ils sont en droit de choisir un autre (homme ou femme) et que l’ambition des autres que vous voulez brider par tous les moyens traduit votre indécence ?
21- Pourquoi et au profit de qui maintenez-vous dans les Ministères et agences importantes de l’Etat, notamment à l’ARMP et à l’Ageroute, des personnes universellement décriées pour leur gestion gérontocratique ou leur prédation sur les marchés publics ?
22- Qu’est-ce qui vous fait aimer à ce point ces lois d’habilitation et d’urgence, sous le prétexte d’une pandémie, qui ont transformé notre pays en dictature ? Le démocrate qui tenait un discours doucereux n’était-il donc qu’un loup revêtu d’une robe d’agneau ?
23- N’avez-vous pas honte d’être la face sénégalaise de ces assassins de la démocratie africaine, qui d’Abidjan à Conakry, Bissau, ont fini de tuer l’espoir d’une Afrique émergente, nouvelle frontière du développement au 21ème siècle ?
24- Qu’est-ce qui vous lie à un Aliou Sow Dembourou et aux ethnicistes qui veulent imposer une hégémonie peule sur notre pays ?
25- Au nom de quoi, un Cissé Lô, Yakham Mbaye, Moustapha Diakhaté, Abdou Mbow, les insulteurs dans vos rangs politiques trouvent-ils grâce à vos yeux ?
26- Qu’attendez-vous pour auditer le PUDC et Souleymane Jules Diop ? Où en est la traque des fonds du Ministère de la culture, sous Latif et co ? Et que dites-vous des milliards détournés par les Mbaye Niang-Prodac ? Bocar Ly, Sapco ? Mamour Diallo ? et tous ceux qui survivent sous votre aisselle?
27- Savez-vous que les Sénégalais souffrent, chôment, sont malades ?
28- Comment comptez-vous combler les déficits budgétaires : malgré une pression fiscale intenable, les recettes douanières symptomatiques d’une extraversion de notre économie non-compétitive, le reflux de l’aide et des envois de migrants autant que la faible productivité de notre économie, la mort de notre tourisme sous les auspices d’un autre prédateur (Alioune Sarr), et tant d’autres lacunes n’offrent aucune perspective pour corriger le budget insincère que vous faites voter à grands fracas : faites-vous donc de la prestidigitation afin de calmer les angoisses d’un peuple qui ne vous croit plus ?
29- A quoi sert votre gouvernement mort-né, incompétent et sans utilité ?
30- Etes-vous le principal mal par vos propres limites intellectuelles, morales, techniques ?
31- Quand cesserez-vous votre minable stratégie du diviser pour régner jusque dans les familles religieuses et dans une classe politique dont vous avez fait de la majorité des membres des alimentaires ?
32- Pourquoi ne dites-vous pas un seul mot de compassion ni ne vous rendez vous pas près des côtes de l’Atlantique où les corps de nos jeunes migrants, engloutis ou rejetés par les eaux, s’offrent à la vue dans un spectacle inimaginable avant votre arrivée au pouvoir ? Vous avez été Charlie pour défendre la liberté d’expression de gens qui ont insulté le prophète des musulmans ? À domicile, chez nous, la liberté même de penser est bannie, par ta faute…
33- Ces morts de la migration, comme ceux de la pandémie du Covid19, sont sur votre conscience, comme le sont les victimes des accidents de la route et tant d’autres que votre incapacité doublée d’une criminalité a tués? Le savez-vous ?
34- Quel avenir peut escompter la jeunesse sénégalaise avec vous à la lumière des déceptions que vous avez jusqu’ici causées par votre incapable gouvernance ?
35- Pourquoi pensez-vous que d’autres candidats ne se manifestent pour vous chasser du pouvoir ?
36- Et puis vos milliards, fruits de deals sans fin, qui font jaser à travers la planète entière, vous en dites quoi ?
37- Où sont les milliards que Taiwan nous a donnés ?
38- Où sont les contrats de pétrole que j’ai obtenus pour le Sénégal et que vous avez volés ?
39- Pensez-vous pouvoir nous faire peur par des méthodes de grands bandits en détournant les moyens de la puissance publique pour faire du Sénégal un pays sous la terreur ?
40- Etes-vous digne de nous parler ? Vous êtes plus capable que de dénommer et baptiser des espaces publics: Wade, Toure, Zayda, Pierre, Der, Diouf. Tout ça en réalité pour justifier, par la bande, l’impopulaire mesure de remplacement du nom de l’avenue De Gaulle à St-Louis par le votre. Ce n’est pas hasard: vous avez confié à l’incapable Mansournois Faye un budget de 2227 milliards -pour un mécanicien raté qu’il est !

Adama Gaye*, un opposant au régime de Macky Sall, vit au Caire.
PS: Ces questions ont été réécrites après qu’une première version, ce matin, a été malencontreusement effacée comme sous l’effet des fétiches de Macky Sall. C’est raté: en trente minutes, j’en ai refait d’autres, parce que je les dois en guise de voeux de fin d’année à mes compatriotes.
VIVEMENT LA FIN DE CE CALVAIRE.

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