La crise qui est en passe de miner Rewmi d’Idrissa Seck, suite au limogeage du député Déthié Fall de son poste de vice-président et de numéro 2 du parti, remet au goût du jour les remous politiques qui ont fini de plomber l’unité de la quasi-totalité des grandes formations politiques au Sénégal. En effet, démis de ses fonctions de vice-président du parti par son président, Idrissa Seck, suite à ses critiques contre le régime du président Macky Sall, Déthié Fall a refusé le poste de secrétaire national chargé du développement industriel que ce son chef de parti lui proposait. De sorte qu’entre Idrissa Seck, président dudit parti et nouveau patron du Cese, et Déthie Fall, son ancien numéro 2, un bras de fer ouvert est engagé.
Décidément, la seconde alternance politique est tout sauf une circonstance bénéfique pour les formations politiques au Sénégal. En effet, depuis l’avènement du président Macky Sall au pouvoir en la faveur du second tour de la présidentielle du 26 février 2012, la vie des partis politiques est loin d’être un long fleuve tranquille du fait des remous sous fond de crise profonde opposant le plus souvent la direction à des responsables de haut vol dans le parti du fait de divergences qui n’ont rien à avoir avec l’idéologie du parti. Dernière en date, le bras de fer sur le poste de vice-président du parti Rewmi entre Idrissa Seck, président dudit parti, et Déthie Fall, son ancien numéro 2.
Limogé de ce poste de numéro 2 du parti aussitôt après sa sortie musclée contre le président Sall, lors du vote du budget du ministère de l’Agriculture à l’Assemblée nationale intervenu quelques jours seulement après le remaniement ministériel ayant scellé la nouvelle alliance entre Rewmi et l’Apr du président Macky Sall, Déthié Fall a rajouté une couche supplémentaire, le dimanche 27 décembre dernier, en refusant publiquement le nouveau poste de secrétaire national chargé du développement industriel que lui a proposé Idrissa Seck au sein du parti. Il faut dire que ce bras fer rappelle la tension qu’avait vécue cette même formation politique à la vielle des élections législatives du 2017 et qui s’était soldée par le départ de l’actuel président du mouvement Agir, Thierno Bocoum des rangs de Rewmi. A l’époque, député élu dans le quota du parti Rewmi sur la liste Benno Bokk Yaakaar lors des législatives de 2012, Thierno Bocoum, après seulement un mandat législatif, s’est vu contraint par son président, Idrissa Seck, de laisser la place à Déthié Fall. Une situation difficile à accepter pour le responsable des jeunes de Rewmi basé aux Parcelles assainies qui a finalement préféré prendre ses distances avec son mentor pour fonder son propre mouvement politique.
Toujours, au sujet des tensions qui ont opposé l’actuel président du Conseil économique, social et environnemental à des responsables de son parti, on peut également rappeler l’épisode de la rupture en 2013 du compagnonnage avec le président Sall qui a vu plusieurs responsables du Rewmi tourner le dos à Idrissa Seck pour rester avec le président Macky Sall dans le camp du pouvoir.
Parmi eux, on peut citer entre autres l’actuel ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des Territoires, Porte-Parole du Gouvernement, Oumar Guèye, Pape Diouf, ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement dans le gouvernement de Mimi Touré, le député Oumar Sarr qui avait créé un mouvement dénommé « Groupe de refondation de Rewmi » pour ne citer que ceuxlà.
Par ailleurs, il faut souligner que ces remous politiques ne sont pas une exclusivité du parti Rewmi d’Idrissa Seck. Ce phénomène a touché la quasi-totalité des grandes formations politiques, en l’occurrence le Parti socialiste (Ps), le Parti démocratique sénégalais (Pds), l’Alliance des forces de progrès (Afp), la Ligue démocratique, le Parti de l’indépendance et du travail (Pit/ Sénégal) et même le parti au pouvoir, l’Alliance pour la République (Apr), n’est pas épargné par les vents de la division qui balaient le champ politique sénégalais depuis 2012.
Nando Cabral GOMIS